ans les allées de l’édition 2025 de Wine Paris, le corner de 50 vignerons de l’appellation Châteauneuf-du-Pape n’a pas désempli tout au long du salon. L’appellation vauclusienne fait toujours autant recette sur les marchés export, en particulier aux Etats-Unis, « le premier marché de l’appellation », place la présidente du syndicat de défense et de promotion des vins de l’AOC Châteauneuf-du-Pape Laure Berthet-Rayne, alors que l’ombre des taxes Trump reviennent plus que jamais d’actualité.
La vente de vin en vrac constitue toujours une part majeure de l’appellation, « entre 40 et 50 % des volumes produits qui partent sur le marché vrac », indique à son tour Amélie Barrot, présidente quant à elle de l’organisme de défense et de gestion (ODG) Châteauneuf-du-Pape à l’occasion de Wine Paris 2025. Les producteurs de Châteauneuf-du-Pape étant en nombre limité, les candidats à l’achat de vin en vrac sont nombreux.
« Avoir du Châteauneuf-du-Pape dans sa gamme est une porte d’entrée qui facilite l’accès à beaucoup de marchés, beaucoup de monde veut donc pouvoir en exploiter, d’où cette spéculation sur les prix des vignes qui nous préoccupe autant qu’elle rend les transmissions familiales compliquées. Sans système d’exonération sur ces transmissions, il n’y a pas d’autre choix que vendre une partie du parcellaire pour continuer », s’élève la présidente du syndicat ODG. Laure Berthet-Rayne souligne combien cet enjeu foncier est une menace pour la continuité d’exploitations familiales de l’appellation. « Le cours moyen sur la base des dernières opérations de la Safer situe le foncier viticole à 530 000 €/ha », rappelle Amélie Barrot
Les deux représentantes des vignerons de l’appellation n’en soulignent pas moins les impacts du moindre intérêt pour les vins rouges sur le marché mondial avec « une dynamique de vente qui s’est un peu ralentie pour nos vins au cours de la dernière campagne », pose Amélie Barrot. Pas de crise à l’horizon pour autant, mais plutôt des points d’attention pour l’avenir, car la faible récolte 2024 (78 000hl, -23 % par rapport à celle de 2023, alors qu’une année ‘standard’ atteint 110 000hl ) a compensé en limitant largement l’offre. « Il n’y a donc pas de stocks en hausse et les niveaux de valorisation sont maintenus », ajoute Amélie Barrot.
L’implantation méridionale de l’appellation vauclusienne la place également en première ligne des préoccupations climatiques. « La richesse des 13 cépages autorisés par notre cahier des charges est une force qui nous permet d’être réactifs, notamment par l’intégration de cépages blancs dans nos rouges. Néanmoins, certains cépages avaient totalement disparu et il y a un intérêt à les replanter », indique Amélie Barrot. L’eau est également au centre des attentions, même si le sud de l’appellation a un accès à l’eau du canal du bas-Rhône. « Nous menons un projet de mise en surpression de cette alimentation afin que la partie nord bénéficie aussi de ces possibilités d’irrigation. Il faudra un peu de temps mais cela devrait aboutir », espère Laure Berthet-Rayne.