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550 000 €/ha, la SAFER dégonfle la spéculation des vignes de Châteauneuf-du-Pape
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"Ce n’est pas tous les jours qu’il y a 19 ha à la vente"
550 000 €/ha, la SAFER dégonfle la spéculation des vignes de Châteauneuf-du-Pape

Le Crédit Agricole Alpes Provence et la Safer PACA ont travaillé main dans la main pour redistribuer des vignes en vente de la très convoitée appellation vauclusienne vers des installations ou des remembrements, estimant que l'enjeu du maintien de prix du foncier est essentiel dans cette appellation prisée des investisseurs.
Par Olivier Bazalge/Olivier Bazalge Le 06 septembre 2024
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550 000 €/ha, la SAFER dégonfle la spéculation des vignes de Châteauneuf-du-Pape
Jérôme Lebon (à g, DG adjoint CAAP), Franck Alexandre (au centre, Président CAAP) et Julien Latour (à dr, président du comité technique Vaucluse de la Safer PACA) - crédit photo : CAAP
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u cœur de l’AOC Châteauneuf-du-Pape, 19 ha de vignes en production seront vendus à des jeunes installés ou des viticulteurs locaux, suite à un travail d’équipe entre le Crédit Agricole Alpes Provence (CAAP) et la Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural de Provence (Safer PACA). Le CAAP a présenté ce 4 septembre en conférence de presse son action « pour faciliter l’installation ou maintenir la propriété foncière en local », appuie Franck Alexandre, président du conseil d’administration du Crédit Agricole Alpes Provence. Au départ, les actionnaires d’un groupement foncier agricole (GFA) créé en 1991 se décident à vendre en 2023 les 19 ha de vignes en AOC Châteauneuf-du-Pape et 8 ha en AOC Côtes du Rhône sur la commune de Suze-la-Rousse.

« Ce n’est pas tous les jours qu’il y a 19 ha de vignes de Châteauneuf à la vente. Dès que nous en avons eu connaissance il y a un an, Crédit Agricole Alpes Provence et Safer ont entamé un long travail de négociation et concertation, dans l’objectif de convaincre le gérant du GFA (groupe Amundi, ndlr) d’étudier la vente par l’intermédiaire de la Safer et permettre aux viticulteurs locaux d’être propriétaires et exploitants », retrace Franck Alexandre.

Ne pas créer de spéculation sur le prix des terres de l’appellation

Via sa filiale CAAP Transac, le Crédit Agricole a été sélectionné pour être l’un des deux mandataires opérant à la transaction de cession, quand la Safer Paca a obtenu la mission de maîtriser les 19 +8 ha de vignes, en vue d’attribuer ces parcelles à des jeunes et des viticulteurs du territoire. « Ce lot a réveillé un grand nombre d’appétits de courtiers nationaux et surtout internationaux désireux d’investir dans le foncier prestigieux de l’appellation. D’où notre implication pour éviter ce scénario et ne pas créer de spéculation sur le prix des terres de l’appellation », pose Jérôme Lebon, directeur général adjoint du CAAP.

Tous les vignerons de l’appellation en capacité d’investir ont donc pu postuler (jusqu’à fin juillet) à l’achat d’une partie du lot de vignes disponibles, pour des prix évalués autour du demi-million d'euro par hectare. « Sur une appellation à forte pression foncière, notre action vise à réguler le prix du foncier pour permettre l’acquisition par des vignerons du secteur », pose Julien Latour, président du comité technique Vaucluse de la Safer PACA, « d’autant qu’une situation de cet ordre, 19 ha d’un coup, est exceptionnelle à Châteauneuf, où nous n’avons géré la cession que de 74 ha depuis début 2021 ». Depuis la fin de dépôt des dossiers, Julien Latour spécifie que « les arbitrages entre les 14 candidats sont faits selon le schéma directeur régional et les articles du Code rural, les profils d’installation et de remembrement étant privilégiés ».

Financement et rentabilité

Le Crédit Agricole ne joue donc qu’un rôle de mandataire dans le montage, Jérôme Lebon assurant que les candidats retenus n’ont aucune obligation à solliciter un financement de leur investissement par la banque CAAP. « Nous ferons cependant tout ce que nous pouvons pour être bien positionnés pour accompagner ces financements », glisse tout de même Franck Alexandre.

Vendanges obligent, la présidente de l’appellation Amélie Barrot ne pouvait assister à cette présentation, mais était représentée, rappelant d’ailleurs que « l’ODG (organisme de défense et de gestion, ndlr) surveille de près ce processus car le sujet de la spéculation sur l’appellation est majeur pour nous, nous sommes donc très vigilants quant aux profils qui seront retenus ». Elle souligne que le prix des vignes en AOC Châteauneuf-du-Pape complique les dossiers de transmission, tordant le cou au fantasme d’une appellation où les vins se vendent tous seuls. « Les marchés sont tendus pour tout le monde, et la déconsommation des vins rouges nous affecte également », souligne-t-elle. Pour l’instant, Franck Alexandre préfère rassurer sur la rentabilité d’un tel investissement à 550 000 €/ha, frais de notaire inclus. « Un rendement moyen de 30 hl/ha permet de produire environ 4 000 bouteilles/ha. A 30 €/bouteille, l’investissement est amorti après 5 ans d’activité », démontre-t-il de façon assez simple. Reste à voir si les acquéreurs seront en mesure de pratiquer ces tarifs et assumer leurs charges de fonctionnement dans les années à venir.

 

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Tous les commentaires (4)
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dominique Le 12 septembre 2024 à 09:32:53
A la SAFER, syndicat majoritaire et gouvernement, même combat contre de nouvelles idées, pour de se priver de la richesse qu'apportent d'autres façons de raisonner, de mettre en œuvre notre métier. Le conservatisme habituel, surtout pour la défense des avantages acquis, celà avec la complicité de l'état qui achète ainsi sa tranquilité. Cette vente de cru Chateauneuf du Pape en est un exemple mais voir aussi le cas des premiers grands crus bordelais . Est-ce le rôle de l'état, quel que soit sa couleur, d'assurer une rente de situation à des privilégiés. Je comprendrai à la limite que l'état responsable de cette politique monopolistique assure la responsabilité des contrôles de qualité. Mais non, comme pour les SAFER, les éventuels contrôles sont délégués aux organismes professionnels. Que penser d'ailleurs des professionnels qui jugent leurs collègues de la même profession et de la même AOC ? Quelle objectivité peut-on en attendre ? L'une des explications de la mévente des vins des plus grandes AOC ? Revenons aux SAFER. Qui siège à la SAFER ? Quel est le montant des commissions de la SAFER ? Comparez avec celles d'un agent immobilier indépendant. Avez-vous regardé quels sont les textes juridiques qui régissent le statut des SAFER ? Combien de personnes ont engagé une action pour abus de pouvoir ? Et ne vous avisez pas de négocier, c'est à prendre ou à laisser ! Et je ne comprenais pas que la France figure à la 20e place des pays corrompus. D'ailleurs, c'est en France qu'existe depuis des siècles cette expression familière bien agricole qui résume tout : Copains comme cochons !
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Albert Le 07 septembre 2024 à 18:26:51
Si j'ai bien pigé, le Crédit Agricole et la Safer ont bloqué la vente des 19 ou 20 ha d'un seul tenant, propriété du GFA La Nonciature (actionnaires > en grosse majorité des fonds X ou Y + qqes proprios moins friqués) .. tous ces ha étant jusque là très-très bien valorisés voire premiumisés en "blanc A0C Châto9" jusqu'en 2021 (fin de bail) par le gros Domaine rhodanien de la Présidente (famille Aubert .. vais-je les plaindre ?) si je me réfère à différents articles .. Mais comment juridiquement la SAFER (et le Crédit agri de Barsalou) peut-elle venir bloquer une vente sur ces terroirs "huppés" si ce n'est pas au bénéfice de jeunes à installer ? .. je ne comprends pas du tout ce micmac ! .. DES explications pour le "con" moyen seraient bienvenues (que vient faire le Crédit Agricole dans ce "blocage" transactionnel un poil moralisateur (on veut aider qui ? .. quel jeune producteur serait assez barjot pour venir se lancer et ferrailler sur ces terroirs quand la mise à l'ha est annoncée autour de 530 ou 550.000?/ha je le rappelle .. j'en rigole encore!).
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PAP Le 07 septembre 2024 à 16:27:14
Amorti en 5 ans ! Mort de rire si cette bêtise ne venait pas d'un haut responsable du Crédit Agricole ! Que fait-il des charges d'exploitation et des intérêts d'emprunts dans son calcul ? Et le revenu du vigneron ?
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Toto84 Le 06 septembre 2024 à 10:23:49
"A 30 ?/bouteille, l'investissement est amorti après 5 ans d'activité" Personnellement je vais plutôt vous conseiller d'investir sur des Côtes du Rhône. 17 000 ?/ha, frais de notaire inclus. « Un rendement moyen de 35 hl/ha permet de produire environ 4 600 bouteilles/ha. A 4 ?/bouteille, l'investissement est amorti dès la première année d'activité
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