ans le vignoble, les enjeux de développement durable semblent cycliques : après l’obtention de certifications environnementales (Agriculture Biologique, Haute Valeur Environnementale…) et sur les projets d’agroforesterie (en kilomètres de haies), c’est désormais la réduction de l’émission de gaz à effet de serre (à coup de bilan carbone) et l’éco-conception des bouteilles (de la réduction du poids aux étiquettes plus vertueuses) qui semblent mobiliser les dirigeants et communicants de la filière vin. Mais est-ce bien ce que le consommateur de vin désire ? C’est l’interrogation déclenchant l’étude des Vignerons Engagés pour savoir ce qu’est un vin durable pour l’acheteur avec un sondage en ligne d’OpinionWay auprès de 1 167 consommateurs de vin cette fin janvier (avec une marge d’erreur d’un à trois points). « Autant la partie environnementale des attentes du consommateur est assez bien renseignée, autant la partie sociale qui fait notre différence n’est pas très nourrie » explique Iris Borrut, la directrice des Vignerons Engagés
Ce sondage rapporte que la première valeur associée par les consommateurs à un vin durable est double : 41 % des sondés mettent en avant la protection de la biodiversité (jusqu’à 43 % pour les femmes et les 35-64 ans) et ils sont autant à parler de la juste rémunération des producteurs (48 % pour les 65 ans et plus, mais 34,5 % pour les 25-49 ans). Dans les deux cas, que les consommateurs soient ruraux ou urbains n’a pas d’impact sur leur vision des valeurs du vin durable. « Contrairement aux idées reçues, les attentes en matière de responsabilité sociétale du vin sont partagées : consommateurs réguliers et occasionnels affichent des préoccupations similaires sur la nécessité d’un vin plus juste, ce n’est pas un phénomène "bobo" des grandes villes » indique un communiqué.


Sont également plébiscitées comme valeurs du vin durable la mobilisation du tissu économique local (36 % des sondés), la garantie du bien-être des travailleurs viticoles (35 %) et l’économie des ressources naturelles (33 %). Des résultats nettement plus importants que le réemploi des bouteilles (19 %), la réduction des émissions de CO2 (16 %) et l’écoconception des bouteilles (11 %). Globalement, « les notions sociétales arrivent au coude à coude avec celles environnementales » résume Iris Borrut, pointant que l’importance des critères de durabilité d’un vin pour l’acte d’achat est cruciale pour 56 % des sondés : « cela reste déclaratif, mais intéressant ». Avec une surpondération pour les femmes (60 %) et les jeunes (68 % pour les 18-24 ans contre 45 % pour les plus de 65 ans), mais pas de variation significative selon les communes rurales ou l’agglomération parisienne (58 % dans les deux cas).
Plus-value
En termes de valorisation, 63 % des sondés se disent prêts à payer 10 % de plus pour un vin durable (67 % pour les femmes, 71 % pour les 18-34 ans). Sachant que ce sont les critères sociaux qui pèseraient le plus pour valoriser un vin : juste rémunération (43 %), mobilisation du tissu économique local (32 %) et bien-être des ouvriers viticoles (31 %) devant protection de la biodiversité (29 %), économie des ressources (24 %), réemploi des bouteilles (17 %), réduction du CO2 (13 %)…
Pour Iris Borrut, « il y a aujourd’hui la prise de conscience qu’avoir des produits les moins chers possibles présente un coût environnemental et social. Si ce n’est pas cher, il y a quelqu’un qui le paie. » La directrice de Vignerons Engagés pointant que cette évolution des attentes du consommateur est déjà visible auprès des monopoles qui demandent de plus en plus d’engagements sociaux (notamment sur les conditions de travail des saisonniers).
Vin de Demain
Présentés lors du salon Wine Paris, les résultats du sondage OpinionWay pour Vignerons Engagés espèrent créer le débat et l’émulation dans la filière pour accentuer le virage vers le développement durable. Un sujet qui sera au cœur des Rencontres du Vin de Demain que le label organise mercredi 12 et jeudi 13 mars à la Cave de Tain (Drôme). Ouvert aux non-adhérents, cet évènement veut faire « réfléchir ensemble aux grands défis du vignoble (pénurie de main-d’œuvre, transmission, attractivité du métier, modèles économiques durables, œnotourisme inclusif… Certes il faut parler d’environnement dans le durable, mais sans oublier le social » conclut Iris Borrut.