0 % des vignerons, des salariés et des saisonniers estiment qu’ils sont soumis à des risques physiques liés au réchauffement climatique d'après le sondage de 129 vignerons, 134 salariés et 338 saisonniers interrogés lors de l'étude Clisève (Climat et Santé au Travail) pour connaître les impacts du changement climatique sur la santé au travail dans la filière vin. Financée par les Vignerons Engagés, Croissance Bleue, BPI France et la CFDT Agri-Agro, l'étude a été conduite en deux temps, avec un premier volet au printemps 2024 et un second lors des vendanges 2024, le tout réalisé par l’agence Croissance Bleue et le laboratoire Lara-Research.
Les principaux risques évoqués par les sondés sont la perte de conscience (25 % des saisonniers, 5 % des vignerons), des maux de tête (50 % des saisonniers, 30 % des vignerons), des vertiges (26 % des saisonniers, 13 % des vignerons) et enfin des nausées et vomissements (12 % des saisonniers, 3 % des vignerons). La santé mentale est également affectée, avec des risques de stress et d’angoisses liées aux conditions climatiques. 38 % des vignerons interrogés et 21 % des saisonniers s’estiment impactés par ces risques mentaux.
« L’impact du réchauffement climatique sur la santé au travail passe sous les radars, estime Caroline Véran, fondatrice dirigeante de Croissance Bleue. On travaille surtout sur la décarbonation. Il y a un trou dans la raquette. Il ne s’agit pas que d’un sujet santé mais également d’un sujet sur l’attractivité du métier ». De fait, 85 % des saisonniers questionnés estiment que des conditions de travail dégradées par la chaleur pourraient les amener à renoncer à leur poste. Ces derniers pointent du doigt un manque d’information et de prévention des risques santé-climatiques. 2/3 des répondants n’ont jamais discuté du sujet et indiquent ne pas avoir été sensibilisés ni informés de l’existence d’un plan d’action. Et 41 % des saisonniers ont rapporté un accès insuffisant à l’eau potable, générant chez 30 % d’entre eux des symptômes de déshydratation.
Concernant l’instauration d’un niveau de température au-delà duquel il serait interdit de travailler dehors, les réponses varient selon l’âge et la nationalité des répondants. La plupart fixent la limite entre 30 et 40 °C, avec une moyenne de 35 °C. « Cette étude nous donne des éléments pour travailler et avancer sur les Equipements de Protection Individuelle (EPI) qui ne sont pas forcément adaptés aux fortes chaleurs, souligne Franck Tivierge, secrétaire national prospective et stratégie économique de la CFDT Agri-Agro. Il faut absolument agir rapidement. De plus, le fait que la santé mentale des vignerons et des saisonniers soit affectée par les conditions climatiques pose la question de la durabilité de ce métier ».


Cécile Renard, directrice du développement durable au château Rauzan-Ségla et au château Canon en Gironde, indique que des démarches ont été mises en place auprès de leurs salariés, dont l’accès à l’eau et le fait de commencer à travailler tôt dans la journée pour arrêter quand il fait 30°C. « C’est un appel à l’action ! », conclut-elle.