our acquérir de la donnée sur les taux et facteurs de succès de la complantation, à Bordeaux, les équipes de l’Unité Mixte de Recherche (UMR) Ecophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne (EGFV) et de Vitinnov ont suivi 7 502 jeunes plants répartis en 83 lots sur 4 millésimes. « Selon les lots, les plants ont été complantés entre les mois de janvier et d’avril et n’ont jamais été arrosés, ni à la plantation ni par la suite », détaillent-ils dans un article publié dans la revue Ives.
Lors de l’entrée en production, en troisième feuille, les chercheurs ont compté un taux moyen de mortalité de 16,1 % des complants mis en place sur les 4 ans, avec une grande disparité selon les parcelles. « La mortalité cumulée des complants à l’entrée en production théorique variait de 0 à 90 %, avec un quart des lots présentant une mortalité inférieure à 5 %, tandis qu’une quantité égale présentait une mortalité supérieure à 20% », décrivent-ils.
La surveillance pluriannuelle de la survie des plantes a révélé que 60 % de la mortalité survenait dans l'année suivant le remplacement de la plante, suivi de 23 % et 10 % en deuxième et troisième feuille. À la fin de la première année, la mortalité moyenne au sein des lots est de 11,3 %. Puis, au cours des deuxièmes et troisièmes saisons suivant la plantation, le taux de mortalité moyen diminue respectivement à 3,92 et 1,85 %. « Ce résultat met en évidence l’importance du soin à apporter aux complants, notamment au cours de l’année de leur plantation, tant en termes de traitements contre les maladies qu’en termes d’irrigation pour atténuer le stress hydrique et thermique », concluent les chercheurs.
L’étude a également mis en évidence une variabilité intra-annuelle du taux de mortalité. Alors que les viticulteurs attribuent principalement la mortalité des plants à un déficit hydrique ou au travail mécanique du sol, les chercheurs ont été surpris de remarquer qu’après la première année, la mortalité en fin de saison végétative est nettement inférieure à celle correspondant à l'absence de débourrement en fin d'hiver. « Ce pourrait être attribué à une moindre disponibilité des réserves pour certains plants », avancent-ils.
En première année, la mortalité a été beaucoup plus importante en 2021 (17,3 %) qu’en 2019 (4,8 %). Pour les chercheurs, cela est dû au climat, le printemps 2021 ayant été particulièrement pluvieux, avec 641 mm entre janvier et octobre et un cumul 50 % plus élevé entre avril et juin que la moyenne sur 30 ans, « ayant pu conduire à une asphyxie des racines entraînant une mortalité accrue des complants », alors qu’il n’est tombé que 454 mm sur la même période en 2019.
L’étude a également révélé un effet significatif du type de sol. La première année suivant la complantation, la mortalité a été 5 fois plus importante sur les calcosols riches en argile dans lesquels l’engorgement a pu provoquer une asphyxie des racines et réduire la minéralisation de l'azote que sur les colluviosols, les brunisols, et les peyrosols. Les chercheurs pensent également que la mortalité due au travail du sol peut être accrue sur les sols plus lourds, mais auraient besoin de faire davantage de relevés pour le confirmer.
En revanche, l'âge de la parcelle dans laquelle les complants ont été plantés ne semble pas avoir eu d'impact sur le taux de mortalité la première année, contrairement à l'idée reçue selon laquelle la concurrence des vignes plus âgées empêcherait le succès de la complantation. L’étude n’a pas démontré d’effet du cépage.