aire ou ne rien faire contre l’esca ? Quel est le plus rentable ? Réponse : il faut cureter ou complanter. Ces deux pratiques curatives sont économiquement plus intéressantes sur le long terme que de ne rien faire. C’est ce qui ressort de l’étude Decidep dont l’objectif est d’évaluer l’impact technico-économique des pratiques culturales mises en place par les vignerons pour limiter le dépérissement sur les parcelles de vigne. Cette étude réalisée dans le cadre du PNDV (plan national dépérissement de la vigne) a démarré en 2020 et s’achèvera à la fin de cette année. Elle est pilotée par l’Inrae de Bordeaux.
Dans le cadre de ce projet, Marie Konan a réalisé une thèse - qu’elle a soutenu en juillet dernier - dans laquelle elle a analysé la rentabilité du curetage et de la complantation sur le long terme (40 ans). Pour cela elle a utilisé un modèle bioéconomique en partant d’une parcelle de vigne fictive sur laquelle elle a appliqué trois niveaux de sévérité de l’esca : faible, moyenne ou forte. Puis elle a simulé l’impact de la mise en place du curetage et de la complantation sur le rendement annuel et le rendement cumulé sur 40 ans. Pour analyser la rentabilité de ces deux pratiques curatives, elle a également pris en compte le coût de leur mise en place ainsi que leur niveau d’efficacité. Elle a également pris en compte la valeur ajoutée de la parcelle et le prix de vente moyen du vin selon trois scénarios : une parcelle en AOC Entre deux Mers, une autre en AOC Pauillac et une dernière en AOC Cognac fins bois.
« Dans tous les scénarios étudiés, la mise en place d’une pratique curative – curetage ou complantation – a un impact positif sur le rendement cumulé. Ces deux pratiques sont rentables surtout en cas de sévérité moyenne ou forte de l’esca. Pour le curetage, la méthode est d’autant plus rentable que son efficacité est forte et le niveau de valorisation important », a expliqué la chercheuse le 3 octobre, lors d’un webinaire organisé par le PNDV et dédié à la présentation des résultats du programme Decidep.
Un participant a alors demandé quelle était la méthode la plus rentable, entre le curetage et la complantation. Réponse de la chercheuse : tout dépend de la parcelle et de la sévérité de la maladie. Si la sévérité de l’esca est faible la complantation peut être plus intéressante. A l’inverse si elle est moyenne ou forte c’est le curetage qui s’avère plus rentable. Et de préciser : « la complantation demande un investissement élevé au départ du fait du temps de latence lié à la mise en production. Si la complantation est bien faite, le retour en production peut s’effectuer au bout de 5 ans. Dans le cas contraire, au bout de 9 ans ».
Lorsque l’on a atteint un certain niveau de sévérité de l’esca ne vaut-il pas mieux arracher la parcelle a demandé un autre internaute ? Pas forcément a répondu la chercheuse. Les coûts d’arrachage et de replantation étant relativement élevés, dans la plupart des cas mieux vaut cureter ou complanter.
Pour aider les vignerons à décider de la stratégie la plus adaptée à leur parcelle, les chercheurs ambitionnent de développer un Outil d’aide à la décision (OAD). C’est ce qu’a annoncé Adeline Alonso Ugaglia, maître de conférences à Bordeaux Sciences Agro. Mais pour cela ils doivent encore poursuivre leurs travaux, en faisant d’autres simulation et en étudiant d’autres pratiques comme par exemple le recépage…