a complantation vaut-elle le coup ? De nombreux vignerons s’interrogent étant donné son coût et les échecs qu’ils rencontrent. Dans les vignes bien installées, trop de complants ne repartent pas, et ceux qui survivent « ne produisent pas avant cinq ou six ans », reconnaît Jean-Michel Dumont, pépiniériste à Rilly-la-Montagne, en Champagne.
Mais il n’y a pas de fatalité. Pour les pépiniéristes, il faut choyer les complants pour qu’ils trouvent leur place. Pour commencer, beaucoup préconisent la complantation d’automne, « entre le 1er novembre et le 15 décembre. Après le 20 mars, c’est trop risqué », insiste Pierre-Marie Guillaume, des pépinières éponymes à Charcenne. « En complantant à l’automne, les racines du complant partent plus tôt en saison. Cela rend le plant moins vulnérable à la sécheresse, même s’il faudra malgré tout l’arroser par la suite », abonde David Amblevert, président de la Fédération Française de la Pépinière Viticole (FFPV) et pépiniériste à Sainte-Florence (en Gironde).
Seul hic, « la délivrance des passeports phytosanitaires intervient au plus tôt vers le 15 novembre, alors qu’il nous les faudrait à la Toussaint pour livrer nos clients de bonne heure », souligne David Amblevert.
S’agissant du matériel végétal, les plants à haute tige peuvent être une alternative aux plants classiques. Jean-Michel Dumont souligne l’importance de choisir un porte-greffe vigoureux, comme le 5BB « qui prend racine facilement » et qui permettra d'atténuer l'impact du court-noué. Jean-François Barnier note, quant à lui, l’intérêt des plants avec des racines de 5 cm avec lesquels, « les taux de reprise sont bons ».
Autre facteur de réussite selon Pierre-Marie Guillaume : faire un trou large et profond à la minipelle et y apporter un amendement, un stimulateur de croissance et de développement racinaire. Ce pépiniériste a aussi remarqué que, dans certains sols, les plants mycorhizés résistent mieux à la sécheresse.
Après la plantation, il est important de bien protéger les jeunes plants par des tuteurs lorsqu’on travaille le rang ou par des caches lorsqu’on désherbe ou qu’on subit la présence de lapins. Avec les poches en plastique, attention au risque d’échaudage, d’attaque d’escargots ou de gel. Pour favoriser la reprise des complants, réalisez un puits de lumière en réduisant la surface foliaire des pieds qui les jouxtent. Pour finir, il faut bien désherber autour des complants et les arroser régulièrement.
Reste à savoir jusqu’à quand complanter. Selon Jean-Michel Dumont, le jeu en vaut la chandelle dans les vignes de moins de 15 ans. Dans les parcelles plus âgées, ce n’est pas forcément la solution la plus opportune.
Cette année, avec la sécheresse, « beaucoup de complants sont morts en août », rapporte Pierre-Marie Guillaume, des pépinières éponymes, en Haute-Saône. d'après lui, si les conditions climatiques de 2022 se reproduisent à l’avenir, les viticulteurs devront investir dans du matériel d’arrosage, intégrer l’arrosage dans les temps de travaux de complantation et ne plus complanter après le 20 mars, mais systématiquement à l’automne. En attendant, Pierre-Marie Guillaume s’attend à une forte hausse de la demande en complants pour remplacer les plants morts cette année.