oté d’un budget de 3,3 millions d’euros sur cinq ans, financé par l’État via Bpifrance, le nouveau projet Vitiguard promet des innovations qui permettront d’accélérer la transition agroécologique du vignoble. « Notre objectif est de renforcer l’immunité de la vigne pour réussir à la cultiver sans produits phytosanitaires de synthèse », annonce Denis David, directeur général adjoint de Cérience, entreprise porteuse du projet en partenariat avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), l’Institut National de Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (INRAE), et le pépiniériste Mercier (basé à Vix, en Vendée).
A cette fin, le premier volet du projet consiste à renforcer l’efficacité des deux stimulateurs de défense des plantes (SDP) contre le mildiou et l’oïdium que Cérience commercialise déjà. « Il s’agit du produit Messager, à base de Cos-Oga, et de Belvine, composé de l’actif ABE-IT 56, que nous allons combiner avec d’autres produits de biocontrôles et biostimulants du marché que nous sommes en train de sélectionner en nous basant sur la complémentarité des modes d’actions », décrit Denis David.
Comme les produits biosourcés sont souvent difficiles à mélanger en solution, Cérience développe en parallèle un adjuvant naturel à pouvoir compatibilisant, qui devra aussi améliorer la résistance au lessivage et l’étalement sur les feuilles.
Les combinaisons de produits seront testées à partir de la campagne 2026 dans des vignobles du Val de Loire, de Champagne, de Bordeaux, du Sud-Ouest et du Languedoc. « Sur chaque site, elles seront pulvérisées à la fois sur des cépages sensibles aux maladies, comme le cabernet sauvignon, et des variétés résistantes, comme le floréal », continue le directeur.
Nouvelles créations variétales
Pour la première fois, le projet va aussi permettre de caractériser la réponse génétique de la vigne aux SDP. « On voit sur le terrain que tous les cépages ne répondent pas de la même façon à l’élicitation. Certains ont des réactions immunitaires beaucoup plus fortes que d’autres, explique Denis David. Quand ils auront identifiés les séquences de gènes qui en sont responsables, nos partenaires ajouteront ce critère à leurs programmes de création variétale ».
En 2028 et 2029, la combinaison de tous ces leviers sera évaluée grandeur nature dans de nouvelles plantations réalisées cette année chez trois viticulteurs. Et dans 10 ans, Cérience, l’INRAE, l’IFV et Mercier se sont fixés un objectif très ambitieux : 400 000 hectares de vignes uniquement protégées du mildiou et de l’oïdium par des SDP, et de nouvelles variétés résistances inscrites au catalogue.