uestions tendues au gouvernement ce mardi 21 janvier à l’Assemblée Nationale. « Les agriculteurs bio connaissent des difficultés financières sans précédent. Certains se déconvertissent tandis que d’autres doivent vendre leurs produits bio au prix des produits conventionnels » lance la députée Julie Ozenne (Essonne, les Écologistes), interpellant la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard : « et que faites-vous ? Vous persistez à distribuer des milliards aux agro-industriels et à refuser de soutenir nos petites fermes. Comme si cela ne suffisait pas, vendredi dernier, vous donnez un avis de sagesse au sujet d’un amendement de la droite sénatoriale prévoyant de supprimer l’Agence bio, l’opérateur public chargé de promouvoir l’agriculture biologique et d’en assurer les débouchés ! Est-il donc sage, selon vous, de supprimer l’Agence bio, contre l’avis de l’ensemble de la filière, alors que la Cour des comptes appelle justement à la renforcer en raison de sa grande efficacité ? »
« Vous faites allusion à un amendement, adopté au Sénat à une large majorité, qui supprime en effet cette agence. Pour autant, il ne supprime pas les missions qu’elle exerce » lui répond Annie Genevard, chahutée par les commentaires acerbes des députés d’opposition (notamment « vous n’avez pas honte ? » de la députée écologistes des Hauts-de-Seine Sabrina Sebaihi, ou « on rit ! » du député insoumis de la Seine-Saint-Denis Alexis Corbière). « Libre à vous de ne pas écouter ma réponse » poursuit la ministre, assurant que « pour ce qui est du bio, j’affirme très clairement que la promotion de l’agriculture biologique constitue une grande politique de mon ministère » et indiquant que « nous consacrons chaque année 180 millions d’euros à cette politique. Dès lors, pouvez-vous soutenir qu’elle fait l’objet de mépris ? Je ne le crois pas. »


Appellant à « faire preuve de davantage d’honnêteté intellectuelle ! », Annie Genevard assène que « vous ne pouvez pas raisonnablement affirmer que le transfert des missions de l’Agence bio, qui met en jeu entre 2 et 3 millions d’euros, constitue un abandon de cette politique alors que nous dépensons pour elle 180 millions par an ! » La ministre défend ainsi une suppression de l’Agence Bio qui « vise simplement à mieux coordonner nos efforts grâce à un regroupement de FranceAgriMer ou d’une autre entité au sein du ministère de l’agriculture ». Pour elle, « cet amendement pose la question suivante : quel bénéfice pouvons-nous tirer du regroupement ? En somme, comment faire mieux avec moins ? Cette question se pose à de nombreux opérateurs et agences de l’État. »


Une position qui ne va pas apaiser l’opposition de la filière bio. Dans un communiqué collectif, la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (FNAB), la Fédération des Organisations Economiques 100% Bio (FOREBio) et le Syndicat national des entreprises agroalimentaire bio, transformateurs et distributeurs (Synabio) demandent « de la ministre un mea culpa politique sur l’Agence Bio ». Refaisant le match, ces organisations bio indiquent que « le 17 décembre on était tous réunis en comité de pilotage du plan ambition bio pour la présentation par l’Agence Bio de la nouvelle campagne de promotion qui sera lancée au Salon de l’agriculture, un mois plus tard on nous dit qu’on va supprimer l’Agence bio, au mieux c’est une erreur politique, au pire c’est une faute grave. »