spiègle sur les réseaux sociaux, le professeur retraité en viticulture Alain Deloire partage sur LinkedIn « un message de l'Association des Coursons en Colère (ACC) » : « stop à la taille mutilante ! » s’exclame un cep coupé en deux aux nécroses visibles, « arrêtez de nous faire souffrir ! » renchérit un autre pied de vigne également marqué par des plaies mutilantes. Appelant avec tout son sérieux académique à une taille non-mutilante de la vigne, l’enseignant-chercheur de l’Institut Agro Montpellier partage neuf conseils généraux pour appliquer une taille respectueuse des flux de sève. D’abord « bien former le cep dès la plantation en limitant les plaies de taille », avec pour une taille en cordon « ne pas hésiter à monter les coursons en tourelles », quand pour une taille en guyot il faut « éviter les têtes de saules » (voir photos ci-dessous) et « plutôt adopter la taille Guyot Poussard pour les tailles longues ».
Globalement, il faut « éviter les coupes rases en laissant un chicot dont la hauteur peut correspondre au diamètre de l'organe taillé, mais ce n'est pas une règle d'or ! » Alain Deloire conseille aussi de « former les tailleurs en limitant les consignes à l'essentiel, en donnant une ou deux consignes principales en fonction du vignoble à tailler, surtout pour la taille des vignes âgées que l'on souhaite régénérer en taille "douce" afin d'assurer leur longévité. Il ne faut pas perdre le tailleur avec trop de détails et/ou d'explications. » Autre point capital, se donner le temps de rétablir une taille douce sur des pieds mutilés sans « être obnubilé par les flux de sève ». Car « il faut être flexible et s'adapter au cas par cas, selon les paramètres croisés du cépage, du mode de taille, de la qualité, de la position des sarments à tailler, de l’environnement, du niveau de formation et d'expérience des tailleurs et des objectifs de rendement (la qualité des vins est une autre débat) ». De plus, « les corrections peuvent prendre deux à trois ans ou plus et peuvent concerner la gestion des rendements par rapport au nombre de bourgeons par cep avant de se focaliser sur les flux de sève) ».


Ne s’arrêtant pas à la taille, la gestion du cep doit être accompagnée au printemps d’« un ébourgeonnage précis avant la floraison, afin de limiter les rameaux et de choisir ceux qui seront taillés l’année suivante. La taille se réfléchit sur deux à trois ans à l'avance. Il faut anticiper le développement de la vigne et la construction de son architecture de végétation. » Sans oublier qu'en cas d’aléas climatique (gel ou grêle ou sécheresse) il faut remettre l'ouvrage sur le métier. Et pour corser le tout, « il y a la question de la taille tardive à considérer dans certains cas » conclut Alain Deloire. De quoi apaiser magistralement l'ACC ?
Exemple de taille vertueuse en cordon. Photo : Alain Deloire.
Une taille douce en guyot. Photo : Alain Deloire.
Exemple de nécroses sur taille en "tête de saule". Photo : Alain Deloire.