omme leurs collègues en caves particulières, toutes les catégories d’exploitants coopérateurs d’Occitanie ont vu leurs produits bruts à l’hectare diminuer lors de l’exercice 2023. La part des coopérateurs dont le produit brut à l’hectare se situe sous les 3 500 € a ainsi repris sa progression et concerne 30 % des coopérateurs de l’échantillon en 2023 (contre 15 % en 2020) de l’observatoire viticole régional du réseau de cabinets comptables CerFrance Occitanie. Le manque d’eau et la répétition des aléas défavorables à une production optimale sont les deux facteurs qui pèsent à l’heure de faire les comptes, les départements des Pyrénées-Orientales et à moindre mesure l’Aude affichant alors le plus haut ratio d’exploitants à bas produits d’exploitation.
Représentant 72 % des 695 exploitations de cet échantillon, ces entreprises de coopérateurs sont réparties dans l’observatoire en 4 catégories de produit brut à l’hectare (< 3 500 €, <4 500 €, < 5 500 €, > 5 500 €). Le directeur du conseil économique et études de CerFrance Occitanie Benjamin Devaux l’avait déjà exposé dans le rapport Agriscopie fin 2024, « la performance des exploitations de coopérateurs n’est pas liée à de plus grandes surfaces mais à de meilleurs rendements ».


Ces dix dernières années, les surfaces moyennes de ces opérateurs ont pourtant augmenté pour arriver à un standard d’une trentaine d’hectares contre une vingtaine il y a une décennie. Si le produit brut généré par hectare augmente linéairement avec les rendements, c’est également en raison des difficultés de valorisation des vins finis à hauteur des évolutions de charges de production pour les exploitations.
Ainsi, Benjamin Devaux établit à « un prix net de 100 €/hl pour le producteur pour un IGP standard, hors frais de vinification, l’estimation qui permettrait l’équilibre pour un producteur avec un rendement moyen et des charges maîtrisées autour de 5 400 €/ha ». L’augmentation des coûts de main d’œuvre, de l’énergie et du maintien des services sont les points critiques qui ont emmené les charges moyennes de ces coopérateurs « à passer d’environ 4 000 €/ha il y a 12 ans à plus de 5 300 €/ha à présent », pointe Benjamin Devaux.
Et si le rendement n’est pas là, les exploitants coopérateurs n’ont que peu de leviers à disposition pour inverser la tendance. « L’enjeu de la valorisation du produit est primordial pour les coopérateurs qui n’ont pas de marge d’action sur leurs rendements », renchérit Benjamin Devaux. C’est ainsi que les ratios économiques des catégories de coopérateurs aux produits d’exploitation les plus bas subissent une très forte dégradation. 33 % de la catégorie à produit d’exploitation < 3 500 €/ha présentant lors de cet exercice un risque financier moyen à élevé (contre 23 % l’année précédente).
Le spécialiste de CerFrance souligne l’effet amortisseur de l’outil coopératif en regard des dégradations enregistrées dans le même temps par les caves particulières, rappelant au passage les probables rapprochements de structures coopératives régionales dans un horizon proche. « Il y a un mouvement de fond en ce sens mais l’état d’esprit reste très pudique, il y a pourtant des nécessités à ces rapprochements alors que le nombre de déclarants de récolte régionaux est passé de 36 000 à 18 000 entre 2009 et 2023 », pointe-t-il sans oublier de rappeler que la régularité des rendements reste incontournable pour l’avenir des structures économiques en jeu.