i la situation des coopérateurs n’est pas brillante (voir article correspondant), ce sont les exploitants en cave particulière qui ont le plus subi les conséquences de la crise viticole lors de l’exercice 2023. C’est l’une des conclusions majeures de la version consolidée de l’observatoire viticole régional livrée par Benjamin Devaux, directeur conseil économique et études du réseau de cabinets comptables CerFrance Occitanie, confirmant ainsi des indicateurs économiques compliqués pour les exploitations de la filière viticole. « L’absence du rôle d’amortisseur économique de la structure coopérative marque fortement les caves particulières, bien que les indicateurs financiers de tous les types d’exploitation sont affectés par la dégradation économique », poursuit Benjamin Devaux.
Centré sur le bassin Languedoc, cet observatoire montre que le nombre de caves particulières faisant de la bouteille et générant un produit brut à l’hectare supérieur à 8 000 €, « celles qui s’en sortent le mieux grâce à la valorisation, mais également celles qui ont les charges les plus élevées », précise Benjamin Devaux, a nettement diminué en 2023. Etabli de manière assez stable autour de 40 % des exploitations particulières depuis 2016, il ne concerne plus que 26 % des exploitations particulières sur l’exercice 2023.
CerFrance catégorise 3 types d’exploitations particulières : celles à dominante vrac, celles produisant de la bouteille et générant un produit brut inférieur à 8 000 €/ha, et celles dont ce produit brut dépasse les 8 000 €/ha, sachant que la répartition géographique entre ces types d’exploitations n’est pas homogène entre départements. « Les ratios économiques sont en baisse pour chacune des typologies, avec des charges à la hausse, des EBE (excédent brut d’exploitation) moyens en recul, ainsi qu’une baisse des capitaux propres », pose Benjamin Devaux. Cette décapitalisation est particulièrement marquée (-34 %) pour les caves particulières en bouteilles générant un produit brut inférieur à 8 000 €/ha. « Le risque financier explose pour les caves particulières, spécialement sur les deux catégories produisant de la bouteille », prévient Benjamin Devaux, « ces caves devenant fragiles dès que l’accès au marché se tend alors que ça allait bien jusque-là ».
Le directeur du conseil économique et études de CerFrance Occitanie compare cette situation de l’exercice 2023 « aux années 2005-2006 ». Tous types d’exploitations confondus (particulières et coopérateurs), le pourcentage d’exploitations déficitaires atteint 78 % pour 2023, un taux plus jamais atteint depuis 2005-2006 et qui oscillait ces dix dernières années entre 45 et 60 %. Le conseiller prévient en outre de tendances peu réjouissantes pour 2024. « Le coût des intrants, la capacité de renouvellement du vignoble, un marché atone et un déficit d’innovation commerciale sont des ingrédients qui ne vont pas en faveur de perspectives plus favorables ».