a santé du vignoble alsacien se dégrade. Sur la centaine de parcelles de gewurztraminer, riesling et auxerrois de l’observatoire des maladies du bois (esca, BDA, et eutypiose) piloté par l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) depuis 21 ans, l’expression des symptômes a grimpé de 4% par rapport à 2023.
« 7,9 % des quelques 30 000 ceps observés par les conseillers de la Chambres d’agriculture et conseillers du Comité interprofessionnel des vins d’Alsace à la fin de l’été 2024 ont été notés symptomatiques » rapporte Céline Abidon, directrice du pôle Alsace de l’IFV. Derrière 2016, 2024 est depuis la création de l’observatoire la deuxième année à plus forte expression des maladies du bois.
Pour la quatrième année consécutive, le riesling est le cépage ayant exprimé le plus de symptômes, avec un taux de 12 %, contre 9 % pour le gewurztraminer. Historiquement, c’est ce dernier qui affichait les taux les plus élevés. Ce phénomène, observé pour la première fois dans l’observatoire en 2016, s’est répété en 2018, 2021, 2022, 2023 et 2024. L’expression des maladies du bois étant fortement liée aux conditions météorologiques du millésime, Céline Abidon pense que les effets du changement climatique pourraient être liés à ce constat. L’auxerrois est le cépage le moins touché avec 6,8% de ceps symptomatiques.
Recépage ou curetage pour sauver les ceps
Si chez le riesling et l’auxerrois, la majorité des maladies se sont exprimées sous forme apoplectique en 2024, l’IFV a retenu de ses années d’observation que, même si les maladies du bois ont un développement pluriannuel et que les symptômes s’aggravent souvent, 45 à 50 % des ceps touchés par une apoplexie totale ne présentent pas de symptôme l’année suivante. « Cela ouvre la possibilité de laisser une chance supplémentaire aux ceps malades, surtout lorsque l’on connait les difficultés liées à la complantation » estime Céline Abidon. Outre la taille respectueuse, l’ingénieure préconise le recépage et le curetage. Pour s’y mettre, elle conseille de sélectionner une ou deux parcelles qui expriment pour la première fois des symptômes foliaires, et de recéper ou de cureter tous leurs pieds de manière préventive. « Le choix entre curetage et recépage dépend de la capacité des pieds à produire des bourgeons sur le vieux bois. Autant il est très facile de recéper un gewurztraminer jeune et vigoureux, autant c’est quasiment impossible sur un vieux riesling. Dans ce second cas, mieux vaut opter pour le curetage. Mais c’est un travail long et fastidieux, d’une grande technicité, qui en freine plus d’un. Le curetage peut prendre jusqu’à 15minutes par pied. Ça a un coût, forcément. »