près dix millésimes d’observations dans le vignoble bordelais, le spécialiste des maladies du bois de l’Inrae affirme que « les symptômes d’esca sont déclenchés par des températures élevées ». Pascal Lecomte et ses collègues se sont rendus deux fois par semaine dans onze parcelles pour observer le comportement de cépages sensibles (cabernet-sauvignon, cabernet franc, et sauvignon) ou tolérants (merlot et malbec).
Les chercheurs ont observé et documenté les différents stades d’évolution de l'expression foliaire l’esca. Ils ont confirmé que les symptômes d'esca évoluent en cours de saison, qu'ils sont associés à une rupture de conduction hydraulique dans des vaisseaux du bois externe et que les premières décolorations visibles au vignoble sont bien spécifiques de l'esca (auparavant attribuées par erreur au Black Dead Arm). Ils ont aussi réussi à trouver un modèle statistique permettant de décrire voire de prédire l’apparition des symptômes foliaires de la maladie en fonction de la date ou de la somme des températures supérieures 10°C depuis le 1er janvier. « Ce modèle logistique affichant des taux de corrélation très élevés décrit un phénomène universel, et progressif des symptômes d'esca. Il est caractéristique des phénomènes à caractère épidémique » décrit Pascal Lecomte, ajoutant que le mécanisme exact qui régit l'apparition des symptômes reste à découvrir.
« L'étude montre une grande différence entre les cépages: ainsi les cépages tolérants nécessitent une somme de température beaucoup plus grande que les sensibles pour atteindre le même seuil de 10 % des pieds symptomatiques » détaille Pascal Lecomte.
Ces travaux confirment aux chercheurs que les ceps de vigne qui vont exprimer des symptômes sont porteurs de la maladie dès le début de la saison mais que le déclenchement des symptômes n'intervient que lorsque certaines conditions sont réunies en relation avec l'activité fongique, la disponibilité en eau et l'élévation des températures. L'augmentation des températures en été, associé à l'accroissement de l'activité microbienne et à l'augmentation de la demande évaporative pourrait aboutir à une situation de déséquilibre: « La réponse de la plante entraînerait alors une défaillance hydraulique de certains vaisseaux du xylème à proximité du site fongique le plus actif aboutissant à l’apparition des symptômes foliaires, suppose Pascal Lecomte. Le phénomène est complexe mais les symptômes de l'esca ne sont sûrement pas uniquement liés à la présence de toxines, comme c'est le cas pour l'eutypiose ».
Comme sa collègue Chloé Delmas il y a deux ans, le chercheur a remarqué sur les courbes logistiques que la sécheresse a tendance à inhiber la sortie des symptômes de l'esca.