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L'âge ne fait pas, seul, la résistance des vignes aux aléas climatiques
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Retours de terrain
L'âge ne fait pas, seul, la résistance des vignes aux aléas climatiques

Face aux aléas climatiques, le match entre vieilles et jeunes vignes n’est pas clairement tranché. D’autres critères que l’âge de la vigne pèsent sur leur résistance au stress.
Par Michèle Trévoux Le 07 janvier 2025
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L'âge ne fait pas, seul, la résistance des vignes aux aléas climatiques
En 2024, année où la pluviométrie a été exceptionnelle, Stéphane Defraine, à la tête du château de Fontenille (56 ha de vigne) a remarqué que les jeunes vignes étaient plus sensibles aux excès d’eau. - crédit photo : DR
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’âge des vignes a-t-il une influence sur leur résistance aux aléas climatiques ? Sur le terrain, la réponse n’est pas tranchée. Pour Didier Viguier, responsable de l'atelier bois et plants de la chambre d'agriculture de l'Aude, ce qui fait la différence, c’est l’enracinement. « Les vignes les plus anciennes ont généralement un système racinaire plus développé, ce qui leur confère une meilleure résistance à la sécheresse. Mais deux autres facteurs sont tout aussi importants que l’âge pour la résistance à la sécheresse : d’une part le greffage en place, qui était pratiqué autrefois et qui contribue au bon développement racinaire et d’autre part la résistance du porte-greffe à la sécheresse ».

C’est un constat partagé par Jean-Marc Reulet, à la tête d’un vignoble de 80 ha à Ornaisons dans les Corbières dont une quinzaine d’ha de vieilles vignes, les plus âgées ayant jusqu’à une centaine d’années, des grenaches et des carignans pour l’essentiel. « Certaines de ces vignes ont mieux résisté à la sécheresse de 2023 et 2024 que des plantations plus récentes. Mais c’est surtout du fait du porte-greffe et de la qualité de la plantation. Autrefois, il y avait beaucoup de plantations sur Rupestris du Lot, un porte-greffe bien adapté à la sécheresse qu’on ne trouve quasiment plus car il souffre d’un mauvais taux de reprise chez les pépiniéristes. Et les vignes étaient plantées à 40-50 cm de profondeur alors qu’aujourd’hui, c’est plus souvent entre 15 et 20 cm. Dans les années 80, on a fait n’importe quoi au niveau des plantations. Du coup, j’ai remplacé des parcelles d’une quarantaine d’années, plantées à cette époque, alors que je conserve des vignes beaucoup plus âgées qui ont des récoltes régulières et qui sont très intéressantes qualitativement ».

Je ne vois plus de différence

A Valréas, dans les Côtes du Rhône, Claude Duplan, est propriétaire d’un vignoble de 25 ha, dont 3 ha de grenache de plus de 35 ans. Mais quand il a repris l’exploitation, il avait plus de vieux grenaches dont certains souvent assez coulards car atteints de court-noué. « J’ai arraché les vignes malades et planté de la lavande pendant 10 ans avant de replanter les parcelles concernées en vigne. Aujourd’hui, je ne vois plus de différence entre les vieilles vignes qui me restent et les jeunes plantations concernant la coulure. Je pense que plus que l’âge de la vigne, c’est le court-noué qui favorise la coulure », indique-t-il.

Ses vignes sont rarement touchées par la sécheresse à l’exception de l’année 2019, où ses jeunes ont marqué le coup. « Elles ont perdu leurs feuilles précocement et ont peiné à repartir l’année suivante » a-t-il constaté.

Court noué

En Bourgogne, Laurent Anginot, conseiller viticole à la chambre d’agriculture de Côte d’Or observe généralement plus de coulure sur les vieilles vignes, phénomène qu’il attribue lui aussi au court noué, une maladie dont il constate que l’expression dépend de la météo. « Le printemps 2024 a été humide ce qui a favorisé le court noué. La différence entre jeunes vignes et plantations plus anciennes a été plus marquée qu’en 2023, année plus sèche où les effets de la coulure n’étaient pas très différents entre jeunes et vieilles vignes », note-t-il.

S’agissant de la résistance à la sécheresse, pour lui pas de doute : les vieilles vignes sont les plus fortes. « Leur système racinaire est généralement plus développé. Sur les plantations récentes, il y a eu des erreurs de préparation des sols qui ont conduit à des enracinements traçants ou tabulaires. Si les racines font plus de 5 cm, il faut qu’elles soient placées verticalement pour obtenir un enracinement en profondeur. Le repiquage à la fourchette est catastrophique pour l‘enracinement », souligne-t-il. D’après cet expert, si les bonnes pratiques de plantations étaient respectées, les écarts seraient moins importants.

Différences nettes

Pierre-Yves Fichet, installé avec son frère sur un domaine familial de 30 ha à Igé, observe de nettes différences. « Nous avons une dizaine ha de vieilles vignes dont la plus ancienne a 90 ans. Nous avons subi deux sécheresses, en 2019 et 2022. Sur les terres profondes, alors qu’on a eu 50% de perte de rendement sur les vignes les plus jeunes on n’a eu que 20 de pertes dans les parcelles plus anciennes. Ces vignes âgées sont plus régulières ».

Depuis 2 ans, Pierre-Yves Fichet teste de nombreux porte-greffes pour évaluer leur résistance à la sécheresse : « on expérimente le R110 et le 1103 Paulsen alors que jusqu’ici on utilisait des porte-greffes moins résistants comme le SO4, le 161-49 et le 3309 ».

Profondeur des racines

A La Sauve dans l’Entre-Deux-Mers, jusqu’à l’an dernier, Stéphane Defraine, à la tête du château de Fontenille (56 ha de vigne) n’observait pas de grande différence de comportement face aux aléas climatiques entre ses 10 ha de vigne de plus de 35 ans, composés de merlot, cabernet franc et sémillon, et les autres. « Depuis 2005, je travaille les sols dans le rang et sous le rang. Du coup, les racines descendent en profondeur », indique-t-il. Mais en 2024, année où la pluviométrie a été exceptionnelle, il a remarqué que les jeunes vignes étaient plus sensibles aux excès d’eau. « Leurs racines sont moins profondes que celles des vignes plus âgées. Elles ont baigné dans l’eau. Au printemps, on a eu des phénomènes d’asphyxie racinaire sur des parcelles de merlot et de malbec, âgées de 3 à 5 ans ».

Concernant la résistance à la sécheresse, lui aussi pointe l’importance du porte-greffe. « J’ai écarté le Riparia Gloire de Montpellier qui est clairement en souffrance les années sèches au profit du 101-14 », indique-t-il. L’avenir dira s’il a fait le bon choix.

 

Gel : des observations divergentes

Les avis sont partagés quant à l’effet du gel sur les vieilles vignes. Jean-Marc Reulet ne constate pas de différence entre vignes âgées et vignes plus jeunes. « C’est l’emplacement des parcelles et le stade de la vigne au moment du gel qui font la différence », estime-t-il. Pour Laurent Anginot, c’est surtout le stade végétatif, déterminé par la date de la taille, qui importe. « Les jeunes vignes débourrent plus tôt, elles sont donc plus sensibles au gel », précise-t-il. Pierre-Yves Fichet partage cet avis et ajoute : « les jeunes vignes repartent peut-être un peu plus vite après le gel car elles ont plus de vigueur mais ce n’est pas flagrant ». Claude Duplan n’a connu qu’un épisode de gel sévère en 1997. « Le gel est survenu alors que les vignes avaient déjà des pousses de 20 cm. Les vieilles vignes ont été raclées. Cette année-là, je n’ai rien vendangé dans mes parcelles âgées. »

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