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"Rechercher la baisse des coûts de production du vin nous a amené dans le mur"
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25 ans de Vitisphere
"Rechercher la baisse des coûts de production du vin nous a amené dans le mur"

Vigneron approchant de la retraite sans s'y résoudre, Xavier Planty fait le point sur les 4 forces fondamentales que les vins de Bordeaux doivent redéployer pour sortir de l’ornière à l’occasion des 25 ans du site Vitisphere.
Par Alexandre Abellan Le 06 janvier 2025
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« Le vin de bordeaux existe très fortement dans l’imaginaire mondial ; c’est le propre des marques anciennes » pointe Xavier Planty. - crédit photo : DR
V

itisphere lu par… Xavier Planty, vigneron à la retraite active ayant présidé une AOC (Sauternes) et dirigé un grand cru classé en 1855 (château Guiraud). Résolument iconoclaste, ce fin connaisseur, et franc critique, de la filière des vins bordelais revient sur l’article Crise de conscience : "30 à 40 000 ha de vignes pourraient disparaître d'ici 5 ans" à Bordeaux. Pour lui, « le marasme des vins de Bordeaux est la conséquence d’une compréhension faussée de nos produits. Nos vins d’AOC ne sont pas une production agricole comme une autre et pourtant nous en avons gérées la production comme celle du maïs ! Rechercher systématiquement la baisse de nos coûts de production nous a amené dans le mur. » Se souvenant du plan interprofessionnel Bordeaux Demain (mis en place en 2010 après la crise commerciale de 2008-2009), Xavier Planty cite « la première injonction du compte rendu » : « arrêtez de détruire de la valeur ! »

Rappelant que les vins de Bordeaux conservent une notoriété mondiale, le vigneron estime qu’« il y a des fondamentaux de notre marque bordeaux que l’on a mis à mal et on continue d’ailleurs. Ces fondamentaux sont issus de 2 000 ans de viticulture à travers des générations de vignerons. Le vigneron sa vigne et son vin, c’est le premier pilier de cet imaginaire. Il peut être petit ou grand mais l’incarnation est fondamentale. » Une valorisation des acteurs de bordelais qui est pour le coup au cœur de la nouvelle identité des vins de Bordeaux.

Notre 45ème parallèle

Le deuxième pilier repose sur les cépages : « sélectionnés à travers les âges par les vignerons eux même avec une base génétique locale c’est-à-dire adapté à notre 45ème parallèle ; Ces cépages bordelais ont fait le tour du monde et ils n’ont pas dit leur dernier mots. » Restant un farouche opposant aux hybrides en AOC, Xavier Planty martèle que « cet imaginaire de l’encépagement ne résistera pas à l’introduction de cépages résistants au nom farfelus créant la confusion ».

Le troisième point d’appui fait appel à l’art d’assembler les vins : « nous sommes de tout temps des vins d’assemblages et cette science de l’assemblage est poussé par certain très loin et le négoce de bordeaux l’a toujours fait avec prouesse. Cette science de l’assemblage nous la partageons avec le Cognac et le Champagne. Mais à part les grands crus qui le met en avant ? » pose Xavier Planty.

La vigne d’AOC ne vit pas seule

Le quatrième pilier est le terroir : « terme très vague pour certains, mais en fait très simple. Ce sont toutes les conditions qui permettent à la vigne de pousser pour faire du raisin apte à faire des bons vins. » Converti à la bio, Xavier Planty regrette « des pratiques agricoles et vinicoles très éloignées de la vie naturelle » alors que « les scientifiques sont formels sur l’effondrement de la vie de nos sols, l’absence de microbiote de nos chais si parfaitement nettoyés. Une Réflexion s’impose sur nos pratiques agricoles, il nous faut requestionner nos gestes, garder en tête que la vigne d’AOC ne vit pas seule, qu’elle doit retrouver un lien au sol puissant pour exprimer des qualités gustatives caractéristiques. »

Ces 4 forces fondamentales sont autant de leviers à actionner et perfectionner pour Xavier Planty, posant que « tant que nous ne retrouverons pas ces fondamentaux, nous resterons dans une crise terrible. » Ne baissant pas les bras, ni le pavillon de l’espoir, le vigneron souligne que malgré les difficultés économiques, « des exemples existent à Bordeaux. Nombreux et efficaces. » Avec « de petits vignerons sur 4 à 6 hectares aux sols vivants, de la vie dans la vigne, un chai sans concessions aux techniques actuelles chères et destructrices de valeur, des élevages précis. Ils font tout eux même, de la taille à la commercialisation, créant du lien avec leur clients. Et pour la plupart ils vendent très bien. Ils sont porteurs des fondamentaux et leurs clients y adhèrent » conclut-il.

 

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Tous les commentaires (2)
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Olivier Metzinger Le 06 janvier 2025 à 10:35:45
Monsieur Planty me fait penser aux capitaines de l'industrie automobile américaine des année 2000, trop sur d'eux ils ont frôlé la faillite. Pourtant ils faisait les meilleures voitures, comme nous faisons les meilleurs vins... Nous sommes peut être les meilleurs, pour autant si les consommateurs n'achètent plus nos vins, il faut se remettre en question. Nous pouvons nous raconter des histoires, le principe de réalité nous rattrapera sans cesse. Oui nous avons 2000 ans d'histoire de production de vin, pour autant depuis 2000 ans nous n'avons cessé, d'innover, de nous adapter. Faire croire l'inverse est une négation de l'histoire viticole, et c'est peut être même cette position ultra conservatrice qui a grippé la machine, la figeant de toute évolution douce depuis l'avènement des AOC. J'en reviens à Darwin, le monde évolue, seul ceux capable d'évoluer avec lui survivront. Alors OUI on peut vouloir garder ses racines, ses cépages, ses pratiques agricoles, et devenir le petit village gaulois résistant encore et toujours, mais depuis 2000 ans vous avez greffé combien de temps Monsieur Planty ???
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Renaud Le 06 janvier 2025 à 07:45:31
Bien que nul n'est prophète en son pays. M Planty a toujours était un theoricien mais le sauternes était dans un marasme sans nom quand il avait les commandes. Réfuter les coûts de production aujourd'hui est intéressant quand à l'époque les mêmes demander en AG du CIVB d'augmenter les rendements pour ce même effet. Ce que dit M Planty est terne et si ce n'était pas lui il n'y aurait même pas d'article. Nous démarrons donc l'année en berne en regardant dans le rétroviseur au lieu de regarder devant, au loin avec prospectives d'intérêt générales et intelligence collectives. Pour le moment ces qualités sont absentes de notre gouvernance.
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