e black-rot est en recrudescence. Si historiquement, il était plutôt présent dans les vignobles de la façade Atlantique, il provoque désormais des attaques dans la plupart des vignobles français. « On en voit de plus en plus dans le Val de Loire mais aussi en Champagne », a ainsi expliqué Xavier Burgun, ingénieur à l’IFV sur le site de Cognac (pôle Nouvelle Aquitaine) le mercredi 27 novembre au Vinitech lors d’une conférence dédiée aux perspectives de la lutte contre cette maladie. En effet depuis le retrait du marché de plusieurs matières actives efficaces contre le champignon : mancozèbe, tétraconazole solo, métirame, le nombre de fongicides disponibles pour lutter contre le parasite ne cesse de se réduire. «Et le tébuconazole, le difénoconazole sont également menacés» a précisé Xavier Burgun. En parallèle, un nombre croissant de vignerons implantent des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium mais sensibles au black-rot. D’où l’importance de trouver de nouvelles solutions de lutte. C’est dans ce contexte que l’IFV coordonne depuis 2021 le programme « zéro black-rot » dont l’objectif est d’identifier les biosolutions efficaces contre le black-rot. Ce programme a démarré par des tests en laboratoire et sous serre, afin de screener les matières actives les plus prometteuses. Ces dernières ont ensuite fait l’objet d’une expérimentation de terrain, en microplacettes, sous forte pression black-rot, puis en grandes parcelles. La compilation des résultats effectués en microplacettes dans plusieurs régions, avec des applications répétées tous les 10 jours, confirment l’intérêt des hydrogénocarbonates, notamment de l’Armicarb à base de bicarbonate de potassium. Lorsqu’il est associé au soufre, l’Armicarb procure ainsi une efficacité sur grappe de l’ordre de 70 % avec une bonne régularité. Lorsqu’il est appliqué seul, l’efficacité de l’Armicarb est moindre : de l’ordre de 30 % sur grappe, quand le soufre seul est à 40 %. Pour Vitisan et Carpet, les résultats sont moins prometteurs mais le nombre d’essais effectués est beaucoup plus faible.
Autres biocontrôles intéressants : les phosphonates. Les phosphonates de potassium (comme le LBG) associés à du soufre procurent ainsi une efficacité de près de 80 % sur grappes, soit une efficacité équivalente à celle des références : Polyram (métirame) ou l’association cuivre + soufre. « L’association du phosphonate de potassium au soufre apporte une vraie plus-value. Le black-rot adore les jeunes organes. L’effet de stimulateur des défenses que procurent les phosphonates sont un vrai plus», a expliqué Xavier Burgun. Pour le dissodium phosphonate (Redeli), les résultats sont moins bons « Peut-être parce que la concentration en acide phosphoreux de ce produit est moindre », a expliqué Xavier Burgun.
L’ingénieur note également une efficacité intéressante du Curatio (polysulfure de calcium) et de Arvor (Ascophyllum Nodosum, Manganèse, Zinc et Cuivre) sur un essai en 2024 dans un contexte de forte pression. A voir si cela se confirme.
Les essais menés en grande parcelle valident l’effet des phosphonates et de l’hydrogénocarbonate de K lorsqu’ils sont intégrés en préfloraison dans des programmes à base de soufre et de cuivre. Quid de l’avenir ? Les expérimentateurs vont poursuivre les essais et travailler sur la modélisation des risques afin de déterminer le positionnement optimal de ces biocontrôles. A suivre.