lus de 80 points de manifestations sont recensés en France ce lundi 18 novembre à l’occasion de la première journée d’action à l’appel de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (Fnsea) et Jeunes Agriculteurs (JA). Dans les départements viticoles d’Occitanie, les viticulteurs ne ratent pas le rendez-vous et se mobilisent. Dans l’Aude et le Gard, les rassemblements se concentrent à la faveur de la tombée de la nuit pour allumer des « feux de la colère » aux ronds-points et intersections stratégiques.
C’est dans l’Hérault que le premier rassemblement s’est concentré en fin de matinée devant la préfecture de Montpellier, sur les grilles de laquelle Fdsea et JA sont venus accrocher les panneaux des communes du département, en accord avec l’appel national des deux syndicats agricoles. Si l’accord Mercosur débattu actuellement au G20 rassemble toutes les filières, les viticulteurs en ont gros sur le cœur et la trésorerie. « 70 % des structures viticoles de l’Hérault perdent de l’argent depuis 5 ans », expose le secrétaire général de la Fdsea 34 et président de la MSA départementale Cédric Saur, « et 50 % des exploitants viticoles ne se sortent même pas un Smic mensuel, la filière viticole étant devenue la moins rentable de toutes dans le département ».
OB - Les panneaux de communes sur les grilles de la préfecture


« Après deux petites récoltes, les prix ne montent toujours pas et notre économie va très mal », résume le vice-président des Vignerons indépendants de l’Hérault Jean-Pascal Pelagatti, « les bouteilles doivent être vendues 15 centimes de plus, qui doivent aller dans les poches des vignerons, pour nous permettre de vivre décemment ». Devant les grilles de la préfecture, François Garcia, viticulteur en bio à Quarante, pensait, à 59 ans, a vu fondre la rémunération de ses vins bios et voit les revenus s’amenuiser alors qu’il pensait « finir tranquillement son activité jusqu’à la retraite et la céder, mais la rentabilité n’est plus là ». Juste à côté, Anselme Crousillac et Benoît Latour, deux jeunes viticulteurs installés sur la même commune de Roquebrun, témoignent des lourdes difficultés rencontrées dans ce contexte par les jeunes et leurs fragiles trésoreries.
OB - Les emblématiques 3 Grâces bâchées par les manifestants
« On se débrouille tant bien que mal pour le matériel en se constituant en Cuma », explique Benoît Latour, « mais la visibilité financière est très compliquée avec les charges de production que nous avons, rien n’est à l’équilibre », enchaîne Anselme Crousillac. Ce dernier a d’ailleurs pu exposer directement au préfet de l’Hérault François-Xavuier Lauch ses difficultés lorsque le préfet est sorti rencontrer les producteurs à l’extérieur de la préfecture, à l’issue de la réunion qu’il a tenue avec les présidents de syndicats agricoles Fdsea et JA.
OB - Anselme Crousillac a exposé directement au préfet les difficultés de jeunes installés en viticulture
Prenant le mégaphone, le préfet de l’Hérault dit « avoir reçu cinq sur cinq le message, tant sur le refus du Mercosur que sur le fait que vous voulez vivre des prix de vos produits, pas des aides que nous avons pu apporter pour l’arrachage ou la TFNB dans le département ». Le 2 décembre prochain, lors du conseil de bassin, il sera au soutien des producteurs pour parvenir à obtenir « les 15 centimes d’€ par bouteille que vous estimez essentiels pour vivre ». Il répondait en cela à la harangue de Jérôme Despey, président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault, sur le comportement « du négoce et de la grande distribution qui pratiquent de la prédation sur les prix des vins à l’issue de petites récoltes, alors que ces 15 centimes nous apporteraient un revenu décent ! ».