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Comment les gendarmes aident les vignerons à prévenir les vols
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Gironde
Comment les gendarmes aident les vignerons à prévenir les vols

Les cellules de prévention technique de la malveillance de la gendarmerie réalisent des audits gratuits de la sécurité des bâtiments et installations professionnels. La Vigne a suivi celle de Gironde dans deux propriétés viticoles.
Par Colette Goinère Le 19 novembre 2024
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Comment les gendarmes aident les vignerons à prévenir les vols
La famille Taule du Château Plantier Chêne Vert accueille l’adjudant Valentin Aubert, commandant adjoint de la brigade de Pineuilh et Nadine Marconnet, majore, référente sûreté et cheffe de la Cellule de prévention technique de la malveillance (CPTM) de la gendarmerie de Gironde. - crédit photo : Colette Goinère
V

endredi 25 octobre, 14 heures. Une voiture banalisée se gare devant le Château La Commanderie à Pomerol. Nadine Marconnet, majore, référente sûreté et cheffe de la Cellule de prévention technique de la malveillance (CPTM) de la gendarmerie de Gironde, et Romuald Ravaillault, adjudant-chef, se présentent devant Julien Bordas, directeur de la propriété, qui a sollicité une étude de sûreté sachant son local de stockage des bouteilles vulnérable.

Les gendarmes inspectent, prennent des photos...

On entre dans la salle de dégustation. Sans s’attarder, la majore commence : « Où se fait la mise en bouteille ? Y a-t-il beaucoup de ventes à la propriété ? » « C’est un prestataire qui embouteille, répond Julien Bordas. Nous avons peu de ventes sur le site. » Puis il explique que le château de 5,8 ha de vignes a été racheté en 2013 par un couple de Hong Kong, Melody et Andrew Kuk. En dix ans, ils ont mené de gros travaux de rénovation.

Nadine Marconnet trace les contours de sa mission : « Nous sommes là pour vous apporter des pistes d’amélioration de la sûreté de vos bâtiments. Vous n’avez pas d’obligation de les mettre en œuvre. » Sur ce, Julien Bordas nous emmène dans son chai de stockage des bouteilles qui abrite 50 000 cols. Les deux gendarmes observent, prennent des photos, notamment de l’alarme volumétrique située dans le local.

« Lorsque l’alarme se déclenche, qui vient sur place ? Dans quel délai ? », interroge l’adjudant-chef. Julien Bordas répond qu’il reçoit un SMS et qu’il habite à 20 minutes du site. Puis il fait remarquer qu’il n’y a ni chariot élévateur, ni transpalette dans le local, histoire de ne pas faciliter la tâche aux éventuels voleurs. Ce qui lui vaut un bon point de la part des gendarmes.

Des préconisations pour sécuriser le site

Mais ceux-ci repèrent rapidement le gros point faible du local, à savoir la serrure de la porte d’entrée. « C’est du standard. Il faut la changer pour avoir des points de fixation en haut et en bas », lâchent-ils de concert. Puis ils appuient sur la porte en bois, révélant qu’elle a du jeu et qu’elle paraît bien fragile. « Il faudrait un renfort intérieur, comme des plaques métalliques, indique l’adjudant-chef. Je vais vous faire un rapport écrit d’ici une quinzaine de jours avec nos conseils que vous pourrez transmettre au propriétaire avec les devis que vous aurez demandés. » Des préconisations qui apporteront de l’eau au moulin de Julien Bordas qui souhaite sécuriser cette porte.

On file au garage à tracteurs. C’est de là que part toute l’alimentation électrique. « Si on la coupe, ça coupe dans tous les bâtiments ? », demandent les gendarmes. « Affirmatif. Cela coupe tout, sauf les alarmes qui sont sur batteries. »

Point positif : une salariée vit sur place

Direction le chai à barriques, lui aussi doté d’une alarme. « Et s’il y a une intrusion dans ce chai ? », interrogent les gendarmes. « L’alarme se déclenche et j’arrive », répond le vigneron. Point positif : une salariée vit sur place à l’année. « Quand on voit de la lumière dans une habitation, c’est très dissuasif », souligne la majore. Dernier tour de piste dans les bureaux. « Est-ce que vous manipulez de l’argent ? » « J’en laisse le moins possible et j’ai une caisse fermée qui est cachée », répond Julien Bordas.

Retour dans la salle de dégustation. Julien Bordas présente ses vins : « Voulez-vous goûter ? » Silence. Les gendarmes se regardent et lancent un oui timide. Julien fait déguster son Château La Commanderie 2016. Les gendarmes apprécient. Il est 15 h 30. On quitte la Commanderie.

Jeudi 7 novembre, 14 heures, à Saint-Quentin-de-Caplong, à mi-chemin entre Saint-Émilion et Bergerac, la famille Taule, Lionel et Corinne, et leurs enfants, Pauline et Antony, fait le pied de grue dans la cour du Château Plantier Chêne Vert avec l’adjudant Valentin Aubert, commandant adjoint de la brigade de Pineuilh, qui est venu en voisin.

Une voiture arrive. Nadine Marconnet en sort et se présente. À son tour, Pauline fait les présentations. Puis elle détaille : « Ici nous avons trois chais, un atelier qui abrite les tracteurs et le petit matériel et une maison où les ouvriers déjeunent. Nos vignes sont sur les Lèves et sur Saint-Quentin. Nous produisons 3 000 hl que nous vendons au négoce. »

Installation de caméras

« Vous habitez sur place ? », interroge la majore. « Non, on vit à cinq minutes d’ici, aux Lèves. Ce site est isolé. On souhaite avoir votre expertise sur sa sécurité. Fin 2023, on s’est doté de quatre caméras à l’extérieur des bâtiments qu’on a posées nous-mêmes. » « C’est une bonne idée », affirme la majore. « Le soir, on ne laisse rien traîner dehors », ajoute la viticultrice. « Il n’y a donc rien qui puisse attirer les voleurs, c’est déjà énorme », approuve l’adjudant Valentin Aubert. Plus aguerrie, Nadine Marconnet pointe une faiblesse : « Il vous faudrait des éclairages couplés aux caméras. Je vous donnerai des informations à ce sujet dans mon compte rendu. » Puis elle continue : « Vous faites des mises en bouteilles ? » « Oui, mais les négociants les emportent en suivant. On n’en stocke pas. » Pas de risques donc de vol de bouteilles.

En photographiant les bâtiments, elle repère la poignée extérieure sur la porte de secours du chai de vinification. Sur un ton qui ne mérite pas la contestation, elle assène : « Il faut supprimer la serrure et la poignée. » « Je n’y avais pas pensé. C’est une très bonne suggestion », admet Pauline.

Dans l’atelier, la gendarme repère tout de suite qu’il faut renforcer la porte. En repartant, elle stoppe sa voiture pour prendre en photo les poteaux placés de part et d’autre au bout du chemin qui mène de la route à l’exploitation. « Cela va m’aider à leur trouver une barrière afin de freiner l’accès à leur site. » Et de confier à mi-voix : « Nous sommes bienveillants. C’est dans notre ADN. »

Un service apprécié

« J’ai beaucoup apprécié que la gendarmerie prenne du temps pour nous conseiller, avec de la pédagogie et sans jugement. Chez nous, le point faible, c’est la porte du bâtiment de stockage des bouteilles. Je vais en référer au propriétaire », indique Julien Bordas. Même satisfaction de la part de Pauline Taule. « Nous avions besoin d’un regard extérieur. Nous allons suivre les conseils des gendarmes : supprimer la poignée de la porte de secours, coupler des éclairages avec les caméras de sureté et refaire de plus grands panneaux “site sous vidéo”. »

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