Nous sommes dans un contexte de filière perturbé, agité avec une incertitude du marché. Nous nous situons en amont. Quand la viticulture a des difficultés, la pépinière est tant soi peu enrayée. Et face à la baisse structurelle du marché, la pépinière a anticipé et réduit ses mises en Å“uvre » a déclaré David Amblevert, le 25 octobre, lors d’une conférence de presse donnée à l’occasion du congrès de la Fédération Française de la Pépinière Viticole (FFPV) qui a eu lieu à Angers du 23 au 25 octobre. Le dernier congrès en tant que président de la Fédération pour le pépiniériste bordelais, qui a cédé sa place à Christophe Raucaz.
Selon les chiffres dévoilés par FranceAgrimer, les mises en Å“uvre en pépinière s’établissent à 196,3 millions de plants cette année (195 millions de greffés-soudés et 1,3 million de racinés), soit 25 millions de plants de moins qu’en 2023 et 40 millions de moins qu’en 2022. Les pépiniéristes ont considérablement réduit les greffages (-17 %) anticipant la réduction du marché mais aussi parce qu’ils se sont retrouvés avec un volume de plants invendus inédits qu’ils ont dû remettre en pépinière. « Le nombre de plants reportés a doublé passant de 10 à 20 millions », a insisté David Amblevert.
Et cette baisse des mises en Å“uvre devrait se poursuivre l’an prochain. En raison de ce contexte, les pépiniéristes font face à des difficultés de trésorerie importantes, qui fragilisent leurs exploitations. La profession demande donc à pouvoir bénéficier de toutes les mesures d’accompagnement allouées aujourd’hui à la filière viticole.
Par ailleurs, les pépiniéristes sont particulièrement inquiets des arbitrages qui seront faits concernant les aides à la restructuration. Si la filière viticole bénéficie aujourd’hui d’un plan d’arrachage définitif pour 30 000 ha avec une enveloppe de 120 millions d’euros accordée par Bruxelles en financement autonome, elle demande également un plan d’arrachage avec replantation différée avec un financement qui serait pris sur le volet restructuration de l’OCM vitivinicole. Or « Certains vignerons ont toujours la volonté de poursuivre le renouvellement et l’adaptation de leur vignoble. Les arrachages de nos pépinières débutent et dans quatre mois nous greffons. Il y a urgence à connaître les orientations et les arbitrages pour gérer au mieux et en connaissance de cause nos futures mises en Å“uvre qui interviennent toujours un an avant les mises en marché (…) Les annonces sont urgentes car on ne peut laisser une profession avec un sentiment d’inquiétude et de découragement. Les mesures de restructuration doivent être maintenues. Le changement de porte-greffe doit aussi être une porte d’entrée à la restructuration », a martelé David Amblevert, lors de son intervention en assemblée générale.
Dans le cadre du plan filière, la filière pépinière souhaite adapter son parc de vignes mères de greffons et de porte-greffes. Pour cela elle demande de pouvoir bénéficier d’un arrachage primé à 3 000 €/ha pour les vignes mères de porte-greffes âgées de 25 à 30 ans, soit 10 % du parc. Elle demande aussi une prime à la restructuration majorée pour implanter des vignes mères à greffons avec des variétés résistantes, innovantes ou patrimoniales.
Malgré les difficultés, les pépiniéristes restent combatifs. « Ne sombrons jamais dans le désespoir ou le pessimisme ! (…) Nos ambitions doivent rester : ambitions techniques, ambition de l’offre (au travers de la nouvelle marque Entav by IFV & Inrae, notamment), ambition collective pour créer de la valeur ajoutée autour du matériel végétal », a conclu David Amblevert.
« Vitipep’s va bien », se réjouit Giovanni Varelli, le président de la marque. Celle-ci garantit la haute qualité des plants et leur origine française. Largement reconnue en France, elle commence à irradier en Europe. Elle va donc désormais être mise en avant à l’export. Vitipep’s va également travailler sur la présentation des plants produit sous la marque et rédiger des bonnes pratiques pour le triage, le conditionnement et la présentation, l’objectif étant d’avoir une « harmonisation de la qualité visuelle car un produit de qualité s’achète d’abord avec les yeux, ensuite on regarde la marque avant de lire la fiche technique. Lorsqu’un viticulteur achète un plant avec l’étiquette Vitipep’s, il faut qu’il ait la certitude d’acheter un plant de qualité supérieur à la normalité et ce les yeux fermés », a insisté Giovanni Varelli. Les « règles d’or » de la présentation du plant Vitipep’s devraient être présentées lors du Vinitech à Bordeaux.