our ceux qui voient le verre à moitié plein, les fortes pluies de la semaine dernière se sont au moins abattues après les vendanges. Emportant des murets à Condrieu, « comme d’habitude » soupirait un vigneron de la vallée du Rhône septentionale, les pluies ont particulièrement touché des coteaux de l’appellation Saint-Joseph. Impressionnantes, les photos prises par le vigneron Bryan Deleu (domaine éponyme à Condrieu, Rhône) témoignent d’un profond ravinement sur de jeunes vignes de roussanne et de syrah en coteau.
« Ça a créé des crevasses dans les vignes, des talus et murets se sont effondrés » témoigne le vigneron, rapportant ce lundi 21 octobre que « des chemins sont obturés, la parcelle de 4 hectares n’est plus accessible en 4x4 ». Localement, les abats d’eau ont gonflé des torrents de boue qui ont emporté des ceps et des échalas : 1 000 m² de vignes seraient ainsi perdues pour Bryan Deleu. « Les réparations vont être laborieuses et éprouvantes » reconnait-t-il, ne s’appesantissant pas sur le manque à gagner de vignes plantées en 2020 qui allaient rentrer en production, relativisant sur les dégâts conséquents ayant touché des habitations. Ainsi que des chais.


Point bas, la cave de la maison Baptistine (Lupé, Loire) s’est transformée en piscine ce jeudi 17 octobre, les eaux de pluie se déversant contre les murs du château. Ayant tout pomper dans la foulée, le vigneron Clément Farizon rapporte qu’« il y a eu plus de peur que de mal, comme les barriques restent étanches. Nous avons eu beaucoup de travaux de nettoyage et de pompage. Et des installations électriques n’ont pas aimé l’inondation. » Après un millésime déjà très humide et éprouvant par sa forte pression mildiou, ces pluies sont la goutte d’eau en trop.
Un aperçu de la cave inondée, sans impact sur les vins dans les tonneaux, restant étanches. Photo : Maison Baptistine.
« On avait une belle récolte sur le papier, mais il y a eu le millerandage, le mildiou, de la grêle (sur 800 ha…), une vendange s’étendant de la mi-août à début octobre. L’année facile va devenir rare » constate Philippe Dry, le directeur des Vignerons Ardéchois (tombant à un rendement de 50 hl/ha sur 6 000 ha). Après les fortes pluies, « il y a eu quelques parcelles inondées en bords de rivières, avec des vignes sous l’eau sans arracher les piquets. Dans le Sud de l’Ardèche, on s’en est plutôt bien sortis. On n’avait pas besoin de ça en plus. Les vendanges ont été compliquées par les pluies : il a fallu jongler pour faire au mieux. »
Par contre, dans le Nord de l’Ardèche, « il y a eu des dégâts dans des vignes en coteaux, avec des chemins abîmés et des vignes en pâtissant. Il y a eu quelques glissements de terrain, sans être significatifs » rapporte Jérôme Volle, le président de la Chambre d’Agriculture de l’Ardèche, qui fait état dans le Sud de l’Ardèche de rivières ayant débordé dans les vignes et dégradant les parcelles (arbres tordant les piquets etc.), ainsi que de cours d’eau ayant emporté des vignes (la terre enlevant des buttes et causant des éboulements). Les services de la préfecture, du département et de la région réalisent une tournée ce lundi 21 octobre pour mesurer les dégâts et envisager des mesures de soutien.
« Le passage d’eau a emporté 40 cm de terre. Entre les vignes, on voit un cratère avec le granit qui affleure, la roche mère » témoigne Bryan Deleu.
Photo : Bryan Deleu.