a dette la première, la filière vin voit ses opérateurs se fragiliser avec une rapidité alarmante. Caractéristique du millésime 2024, ça pourrit plus vite que ça ne mûrit… Les réalités économiques sont implacables, l’effet ciseau tranchant dans les liquidités entre les coûts de production toujours plus hauts (avec un millésime difficile, dont les faibles rendements renchérissent le prix à payer, alors que l’inflation n’est pas retombée sur les consommables) et les marchés toujours plus incertains (notamment pour la valorisation, grande inconnue des prochains mois face à l’indécision des marchés). Déjà amochées par des années de difficultés conjoncturelles et structurelles, les entreprises de la vigne et du vin sont à bout. Annoncés au monde agricole par le premier ministre, Michel Barnier, les prêts garantis doivent encore être précisés (notamment dans la bonification des taux). Et prendre en compte le poids déjà important des encours bancaires pesant sur les entreprises de l’amont et de l’aval de la filière. D’où la demande de pacte de consolidation bancaire porté par les Vignerons Indépendants pour redonner de la visibilité financière à une secteur comprimé économiquement. Sinon les défaillances s’annoncent croissantes. Et le phénomène ne pourra que s’accélérer, la déstabilisation des marchés par l’arrivée de lots de vins liquidés à prix indigne pouvant aboutir à un effondrement inédit des prix de référence.
Alors que la colère gronde dans le vignoble, de manière encore diffuse, la filière vin semble être au centre d’un nombre croissant d’attentions politiques. En témoignent la mobilisation des parlementaires, avec leurs questions répétées au gouvernement et leurs amendements au projet de loi de finances 2025, mais aussi la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, qui a réuni la filière vin peu après sa nomination début octobre, vient de passer trois jours à Dijon pour le centenaire de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), s’est arrêtée ce jeudi dans le Vaucluse, où les marchés sont explosifs, puis dans les Pyrénées-Orientales, au chevet des vignes desséchées… Et pourrait revenir début novembre en Occitanie. Il faut désormais passer aux actions, qui ne se limitent pas aux trésoreries, mais concernent arrachage temporaire, assurance récolte réformée sur la moyenne olympique, gestion des friches… Il y a urgence pour ne pas finir dans le surmûri.