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Les vignerons des Hautes-Côtes se prennent à rêver de crus
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Bourgogne
Les vignerons des Hautes-Côtes se prennent à rêver de crus

Plantées 100 mètres plus haut que celles de Beaune et Nuits-Saint-Georges, les vignes des Hautes-Côtes ont une carte à jouer avec le réchauffement climatique. Les vignerons veulent mieux caractériser leurs terroirs pour mettre en avant des climats, et pourquoi pas, un jour, revendiquer des vins en crus.
Par Marion Bazireau Le 18 octobre 2024
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Les vignerons des Hautes-Côtes se prennent à rêver de crus
Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et Nicolas Thévenot, président de l'ODG Hautes-Côtes, ce 17 octobre, devant 50 congressistes de l'OIV. - crédit photo : Marion Bazireau
A

près trois jours de débats sur l'avenir de la viticulture au Parc des expositions de Dijon, et avant une longue Assemblée générale le lendemain, les 800 participants du 45ème Congrès de l'Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) s'aèrent l'esprit. Ce jeudi 17 octobre, les interprofessions et syndicats de la Bourgogne et du Jura leur proposent de choisir parmi 13 parcours thématiques. Vers 9h30, un groupe de cinquante congressistes arrive dans le vignoble de la Hautes-Côtes de Nuits, à l'ouest du célèbre talus de la Côte-d'Or qui s'allonge de Marsannay à Santenay.

Direction les hauteurs de Vergy (Côte d'Or) pour découvrir l'Abbaye de Saint-Vivant, où des moines bénédictins ont cultivé pendant 650 ans les vignes des actuels grands crus Romanée-Conti et Romanée-Saint-Vivant. L'histoire moderne des Hautes-Côtes de Nuits et des Hautes-Côtes de Beaune est moins glorieuse. Jean-Pierre Garcia, géohistorien et ancien responsable scientifique de l'Association des Climats du vignoble de Bourgogne raconte aux visiteurs comment, après avoir atteint son apogée juste avant la crise du phylloxéra en 1878, le vignoble a perdu 50 % de ses surfaces pour tomber à 900 hectares en 1955. « Après le phylloxéra, les vignerons ont fait l'erreur de replanter du gamay et de l'aligoté à la place du pinot pour produire des vins communs, sans anticiper le développement des transports permettant l'acheminement en Bourgogne des vins du Languedoc et même d'Algérie, et la crise économique des années 30 », commence-t-il. Coup de massue en 1930 avec le Jugement de Dijon qui n'accorde l'appellation Bourgogne qu'aux seuls vins de pinot noir. Le vignoble renaît au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec le réaménagement des coteaux et les nouvelles plantations de pinot (qui représente aujourd'hui 78 % de l'encépagement, complété par le chardonnay) en vignes hautes pour enherber les parcelles et limiter l'érosion. Ce travail qualitatif débouche en 1961 sur la reconnaissance des AOC Hautes-Côtes de Nuits et de Beaune, mais les 350 à 450 mètres d'altitude posent encore des problèmes de sous-maturité.

Les choses changent

« Les choses changent avec le réchauffement climatique, intervient Laurent Delaunay, président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) et de la maison Edouard Delaunay, située 3 km plus bas. Aujourd'hui, les 1°C d'écart avec Nuits-Saint-Georges et de Beaune ne sont plus un problème, mais une opportunité de développement historique, sachant que seuls 1 700 ha sont cultivés et qu'il en reste autant à planter ! »

Laurent Delaunay assure voir le profil des vins changer. « A l'époque de mon père, nous avions ici un vignoble de 10 hectares. Les raisins n'étaient jamais vraiment mûrs, se souvient-il. Maintenant nous avons la chance d'avoir d'excellentes maturités et des niveaux de fraîcheur supérieurs à ceux des vins du reste de la Bourgogne. » Pour le prouver, il invite les congressistes à le suivre dans la nouvelle cuverie de la maison Edouard Delaunay. Dix vignerons les y attendent pour leur faire déguster les vins des millésimes 2019 à 2023.

Le groupe est séduit par les notes de fruits frais voire de poire, d'ananas et de brioche et l'équilibre entre le gras et l'acidité des chardonnays. Il apprécie aussi les arômes de cerise, de framboise, ou de fraise des pinots, accompagnés par de la menthe, du poivre, voire du cuir. La bouche est plus ou moins charpentée par l'élevage en barrique mais laisse toujours une sensation de fraîcheur. « Nous aimons qualifier nos vins de vins accessibles à la dégustation et en prix », commente Nicolas Thévénot, le président du syndicat des Hautes-Côtes. Pour l'avenir, le syndicat souhaite mieux caractériser ses terroirs et mettre en avant des climats. « Un jour, on pourrait même rêver de crus en Hautes-Côtes », rebondit Laurent Delaunay.

 

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Tous les commentaires (1)
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Albert Le 19 octobre 2024 à 09:27:37
La lecture de cet article me conforte dans le regard très circonspect que je porte sur l'AOC. Que les mêmes parcelles, écartées par une Commission de Délimitation au milieu du 20ème siècle en raison de leur "altitude" (100 m trop hautes !) incompatible avec une bonne maturite, soient un siècle plus tard au coeur d'une demande de redélimitation d'aire au motif du "réchauffement climatique", ne peut que me laisser perplexe .. N'est-on pas en train d'appauvrir, de déconstruire le concept AOC (que devient notamment la dimension humaine du savoir-faire collectif historique en 2024 ?) pour finalement n'en retenir qu'une dimension technique évolutive d'un cahier des charges de production, sans considération pour l'humain. Certes, il y a une grosse attente .. à passer en "Crus", oui, il y a cet objectif de "VALORISATION" .. Tiens donc, à la création de l'INAO, la notoriété des vins était déjà acquise si ma mémoire est bonne : à cette époque il fallait avant tout gérer, limiter la fraude. En ce début de 21ème siècle, je me demande si ce serait pas l'accession à l'AOC X ou Y qui conditionnerait la notoriété ? .. donc, la valeur ? .. Merci à l'INAO de revisiter ainsi le concept.
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