ur les 111 vins que vous avez retenus, quelle est la part en dessous de 20 € et celle au-dessus de 400 € ?
Clément l’Hôte : Dans cette sélection une cinquantaine de vins sont à 20 euros ou moins, prix départ cave. Et seulement 4 ou 5 cuvées dépassent les 400 €. En recomptant, j'étais moi-même étonné !
A-t-il été difficile de trouver des étiquettes de qualité aux prix abordables ?
Au contraire, cela a été très facile. Mais tout dépend de ce que l'on considère comme abordable. Trouver des Bourgognes de qualité à moins de 20 €, cela ne pose aucun problème. À moins de 15 € ou 10 €, c'est plus compliqué.
Est-ce que la générosité des millésimes 2022 et 2023 change la donne, le marché bourguignon commençant à retoucher terre ?
Ce qu'on peut dire pour l'instant, c'est que les quantités record de 2022 et 2023 ont provoqué une prise de conscience chez les Bourguignons. Quand des volumes aussi spectaculaires arrivent juste après une flambée des prix, cela fait réfléchir. D'autant que certains prescripteurs commençaient à se braquer face aux augmentations, en particulier en CHR (Café Hôtel et Restaurant).
Mais concrètement, je n'ai pas l'impression qu'on assiste à une baisse des prix pour l'instant. Plutôt à une stagnation. Des positions comme celles de la maison Drouhin, qui a annoncé une baisse de 15 % de ses tarifs tous vins confondus cette année, me paraissent minoritaires. Mais le millésime 2023 commence à peine sa commercialisation, et il va falloir scruter le marché de près dans les mois à venir.
La Bourgogne ayant sans conteste ravi le qualificatif de "vins chers" à Bordeaux, votre pari est de proposer des bons rapports qualité-prix. Mais peut-on trouver une appellation prestigieuse de Bourgogne à un coût raisonnable ou faut-il opter pour une appellation plus régionale ?
Sur ce point, on peut être catégorique : on ne trouve plus d'appellation prestigieuse à prix raisonnable en Bourgogne. Ce sont des vins à la fois qualitatifs et rares, donc rien d'étonnant à cela. Mais il faut rappeler que ces appellations - les premiers crus et grands crus pour faire simple - ne représentent que 10 % des volumes en Bourgogne. En se penchant sur les 90 % restant, on trouve des vins effectués avec le même niveau d'exigence, et moins onéreux. C'était d'ailleurs mon principal terrain de jeux pour cet ouvrage.
Une forme de spéculation a fait flamber les prix de tous les vins de Bourgogne, le soufflet est-il retombé pour toute la pyramide ou seulement pour certains pans de l’offre (entrée de gamme, grands crus, vignerons nouvellement cotés…) ?
Pour l'instant, j'ai le sentiment que le soufflet n'est pas vraiment retombé. Les chiffres de commercialisation 2023 à l'export et en Grande Distribution sont en légère baisse, pour la première fois depuis des années. Mais on peut le voir comme un retour à la normale après une période faste. Pour les prochaines années, la question des prix sera centrale pour les vins de Bourgogne. Mais elle n'enlèvera pas les autres atouts de ce vignoble : une forte proportion de blancs, une production d'effervescents en hausse, et, surtout, la rareté.