ne chute de 60 % des émissions de gaz à effet de serre de la filière d'ici 2035 : le plan "Objectif Climat" du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) se veut particulièrement ambitieux. Et nécessite donc un passage à l'action immédiat. Premier levier repéré par l'interprofession : les bouteilles. "Si la filière passe à un poids moyen de 400g, avec un taux de verre recyclé de 80 %, elle peut déjà réduire de plus de 20 % son bilan carbone", a assuré Christian Vannier, ex-directeur du BIVB, en introduction d'une table ronde, organisée ce mercredi 3 juillet à Beaune.
À ses côtés, trois témoins venus expliquer les implications concrètes d'une telle démarche. Hélène Sarkis, régisseuse du domaine Joblot, 14 ha à Givry (Saône-et-Loire), a baissé d'une centaine de gramme le poids de la bouteille d'une de ses cuvées. Résultat : "nous économisons 10 tonnes de verre en un seul millésime". Un chiffre choc "qui fait tout de suite comprendre l'intérêt de la démarche aux clients".
La pédagogie change tout
Même constat chez Albert Bichot (Côte d'Or). La maison beaunoise réduit régulièrement le poids de ses contenants, et commercialise désormais 75 % de ses volumes en bouteilles de 410g. "Il a fallu une grosse mobilisation de nos équipes commerciales pour faire comprendre la démarche aux clients", reconnaît Mathieu Mangenot, directeur technique. Mais la pédagogie paye. "C'est du cas par cas. Par exemple, une compagnie aérienne est très sensible au fait que les bouteilles allégées prennent moins de place".
Charles Lamboley, directeur marketing de la coopérative des Terres Secrètes, à Prissé (Saône-et-Loire), confirme que prendre le temps d'expliquer change tout. "On observe que plus il y a de pédagogie lors des échanges commerciaux, plus l'engagement de nos clients est fort." Au domaine Joblot, "on ne remarque pas d'impact sur la lisibilité qualité", estime Hélène Sarkis. "Et on sent que toute une génération de clients est de plus en plus sensible au bilan carbone."
Pas de casse à 395 grammes
Aurélie Roche, chef de marché vin chez le producteur de bouteilles Verallia, confirme. "Nous avons effectué une enquête sur ce point. Pour 90 % des consommateurs de vin sondés, la réduction du poids des bouteilles est positive". Pour autant, ces consommaterus "ne sont pas demandeurs", prévient Mathieu Mangenot. "Peu de clients parlent du poids des bouteilles. Il faut prendre la main sur le sujet, sinon cela prendra trop de temps."
Ces opérateurs ont pu rassurer l'auditoire sur d'autres points, comme le risque de casse. "À 410g, nous n'avons aucun problème sur la chaîne d'embouteillage, en tiré-bouché avec stockage en Filbox. Pour du tiré-bouché-habillé, nous serions même prêt à baisser encore le poids". À la coopérative des Terres Secrètes, "nous commercialisons 80 % de la production en bouteilles de 395g, et il n'y a aucun problème", indique Charles Lamboley. Toutefois, "nous n'irons pas plus bas, car nous avons eu des retours de confrères concernant des risques de casse."
Et du côté des salariés? "L'allègement des bouteilles ne demande pas un déploiement technique incroyable", confie Charles Lamboley, pour qui "la volonté et la pédagogie suffisent". Selon Hélène Sarkis, "c'est même un atout pour recruter. Quand je mentionne sur une annonce l'emploi de bouteilles allégées, cela a un impact considérable."
550 grammes Le poids moyen d'une bouteille de Bourgogne en 2024
52 grammes Le poids moyen perdu par les bouteilles de bourgogne en AOC régionale ces huit dernières années. Pour les AOC de niveau "Village", la baisse n'est que de 36 grammes sur la même période.
31 % La part des émissions de gaz à effet de serre attribuée au poste "emballage" dans la filière bourguignonne. Dont la majeure partie provient du verre.