e quoi produire une cuvée transpartisane pour trinquer aux succès du vignoble dans le Projet de Loi de Finances pour 2025 (PLF) ? À l’occasion d’une journée de vendanges en Alsace ce 10 octobre, la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC) accueillait une vingtaine de députés, sénateurs et eurodéputés pour les sensibiliser aux demandes de soutien de la filière. L’occasion pour Jérôme Bauer, le président de la CNAOC, accueillant les parlementaires à domicile, de rappeler dans un communiqué « une priorité parmi les priorités », le soutien fiscal à la transmission des vignobles dans un cadre familial. Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Jean-Marie Garde plaide pour l’intégration au PLF d’« un Dutreil agricole. Nous proposons d’aligner le niveau d’exonération des biens ruraux loués à long terme sur celui du dispositif Dutreil, soit une exonération de 75 % sans plafond, en contrepartie d’engagement de conservation de l’outil de production sur le long terme, jusqu’à 15 ans. »
Si la dissolution de l’Assemblée nationale a éclipsé le renouvellement du Parlement européen, la CNAOC alerte les élus sur les enjeux communautaires en cours. Avec les travaux en cours du Groupe à Haut Niveau sur les politiques vitivinicoles à Bruxelles (qui doivent se conclure sur des préconisations en décembre), « nous souhaitons éviter d'encourager un modèle économique qui produit des raisins et des vins pour ensuite les détruire » pose Jérôme Bauer.


Concernant la réglementation communautaire, « les règles spécifiques à la viticulture et son budget doivent être sacralisés dans la prochaine Politique Agricole Commune (PAC) afin de maintenir une politique viticole forte et ambitieuse pour nos vins à AOC et IGP » pointe le vigneron alsacien, qui s’étonne que « la lettre de mission que la présidente [allemande Ursula] Von der Leyen a adressée à [Christophe] Hansen, le commissaire [luxembourgeois] désigné pour l'agriculture et l'alimentation, ne fait pas mention des indications géographiques viticoles. C’est la première fois dans l’histoire. Cette omission est regrettable, d'autant plus que l'Union européenne reconnait, accompagne et protège juridiquement aujourd'hui plus de 3 500 IG ! »
Autre sujet de préoccupation, la pression hygiéniste pour imposer l’idée qu’il y a un danger sanitaire dès le premier verre de vin. « Nous nous opposerons à la doctrine du "no safe level" qui est aussi dogmatique qu’inefficace » tance Gilles Ehrhart, le président de l’Association des Viticulteurs d’Alsace (AVA), pour qui « nous ne pouvons pas souscrire aux volontés d’apposer des messages sanitaires européens de type "Boire tue" ou "Le premier verre de vin est cancérigène", alors même que nous venons de faire évoluer notre règlementation sur l’étiquetage. »