Comment savoir si vos parcelles sont concernées ? « Plusieurs indices mettent la puce à l’oreille, entre autres les ornières, l’eau stagnante en surface ou des zones avec de la végétation moins dense », détaille Violette Aurelle, conseillère à la chambre d’agriculture de la Gironde. Mais seul un test en bonne et due forme permettra de confirmer l’existence d’un tassement préjudiciable.
« Le plus simple et le moins coûteux, c’est le test bêche, recommande Benoît Bazerolle, conseiller viticole indépendant chez Apex Conseil Viticole (21). Surtout cette année, avec des sols qui seront encore frais après la récolte. » À l’aide d’une pelle, effectuez une minifosse d’environ 20 par 20 cm. Et observez. « Si par endroits, la terre extraite forme des boudins denses, avec peu de racines, c’est mauvais signe », indique Béryle Meistermann. On peut ensuite enfoncer un couteau dans les horizons découverts par la fosse. « Là où il ne s’enfonce pas ou difficilement, le sol est compacté », expose Violette Aurelle.
Même si cela est plus rare, le compactage peut se produire plus en profondeur. « Le cas peut se présenter avec les sols drainants, sableux notamment », constate Béryle Meistermann, conseillère viticole à la chambre d’agriculture d’Alsace. Pour en avoir le cœur net, « mieux vaut pratiquer une fosse à la minipelle, conseille la technicienne. À 50 cm de profondeur, cela suffit. »
Veillez particulièrement « aux bas de coteaux et aux parcelles en plaine, où les sols, plus durs, sont plus difficiles à restructurer », ajoute Benoît Bazerolle.
Votre sol est bel et bien compacté ? Il faut agir. « Sinon, les risques sont nombreux : mauvaise infiltration de l’eau, érosion, racines qui restent en surface, diminution du rendement, vigne stressée… », liste Violette Aurelle.
La solution la moins risquée : implanter un couvert végétal cet hiver. « C’est la première approche, quitte à décompacter avec un engin par la suite, souligne Benoît Bazerolle. D’autant plus que les conditions pour que les graines lèvent rapidement sont là cette année. » Quelles espèces implanter ? En Gironde, Violette Aurèle recommande d’associer « des crucifères, dont les racines pivot vont en profondeur, et des graminées, dont les racines sont très denses en surface ».
En Alsace, Béryle Meistermann recommande aussi les crucifères, « en priorité des radis qui vont fissurer les mottes ou la moutarde qui va explorer en profondeur ». En Bourgogne, Benoît Bazerolle préconise de manière générale « des espèces avec des racines puissantes comme la moutarde, la féverole, le lin et le seigle ».
Mais en cas de tassement sévère, ces techniciens conseillent le passage d’outils de décompaction. Aux choix, « des outils superficiels comme un chisel, ou plus profonds, comme une sous-soleuse ou un ripper », propose Violette Aurèle. Béryle Meistermann préconise, pour sa part, d’utiliser un décompacteur avec des dents Michel. Mais au-delà du matériel, ce sont surtout la largeur et la profondeur de travail qui comptent. « Pour ne pas abîmer le système racinaire, il vaut mieux ne pas décompacter trop près des rangs et ne pas dépasser les 30 à 40 cm de profondeur », rappelle Béryle Meistermann. Et inutile de passer partout : un rang sur deux suffit. L’opération « crée en effet une grosse aération et peut, paradoxalement, favoriser le tassement les années suivantes ».
La conseillère propose d’agir « soit juste après les vendanges, soit au printemps ». Le plein hiver est à éviter « car la sève est descendue dans les racines ». Et il ne faut pas attendre le débourrement, « le système racinaire reprenant son développement à ce stade ».
Dans tous les cas, il faut intervenir sur un sol ni trop sec, ni trop humide, insiste Benoît Bazerolle : « S’il est sec, les engins ne pénétreront pas comme il faut. S’il est gorgé d’eau, on risque de tasser encore davantage. » Et le technicien de rappeler que l’opération se fait « impérativement sur une parcelle propre ».
Le traitement a-t-il fonctionné ? « Si l’on voit que les pluies s’infiltrent bien, c’est le signe d’un bon décompactage », observe Violette Aurèle. Mais pour s’en assurer, « il faut faire un profil de sol », insiste Benoît Bazerolle. Soit à la bêche, soit à la minipelle. Le conseiller préfère néanmoins la seconde option : « C’est une pratique trop peu utilisée, alors que beaucoup de domaines ont une minipelle ou y ont facilement accès. Il faut le faire, c’est instructif à plusieurs égards. »