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"Apporter de l’eau, mais surtout une raison d’espérer !" à un vignoble désemparé
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Aude
"Apporter de l’eau, mais surtout une raison d’espérer !" à un vignoble désemparé

D'une voix commune face aux représentants de l'Etat, les vignerons audois n'en peuvent plus d'attendre que l'eau arrive dans un vignoble frappé par la sécheresse. Des solutions concrètes sont attendues très vite sans quoi la profession ne s'en remettra pas.
Par Olivier Bazalge Le 01 octobre 2024
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Face aux représentants de la filière viticole audoise, le préfet départemental Christian Pouget (3ème au centre) promet de travailler sur les solutions rapides pour apporter de l'eau au vignoble. - crédit photo : O. Bazalge
A

près le cri d’alarme de leurs voisins catalans une semaine avant, c’est au tour des vignerons audois d’interpeller leur préfet départemental sur l’état d’urgence d’une situation qui désespère même les plus optimistes. Face à une situation où le manque d’eau de vient la normalité, le qualificatif « catastrophique » revient en boucle. « Donnez nous de l’espoir pour continuer » ont pu répéter à l’envi plusieurs responsables viticoles au gré des rencontres de la journée entre préfet et exploitants.

De l’espoir, car tous ont appuyé combien, sans eau rapidement mise à disposition, la viticulture, second pilier de l’économie départementale avec le tourisme, pourrait ne pas survivre au millésime 2024. Du président de la Chambre d’agriculture de l’Aude (CA11) Philippe Vergnes à celui des Vignerons coopérateurs d’Occitanie (VCO) Ludovic Roux, en passant par le président des Vignerons indépendants de France (VI) Jean-Marie Fabre ou celui du Syndicat des vignerons de l’Aude (SVA) Frédéric Rouanet, tous ont appelé le préfet de l’Aude Christian Pouget (en poste depuis septembre 2023) à apporter tout son soutien à la mise en œuvre concrète de solutions d’apport d’eau. « Sans eau, nos vignes sont en train de crever. On ne demande qu’à pouvoir les sauver », tranche Frédéric Rouanet.

Besoin de coups de pelle, pas de bureaux d’études !

La plus rapide à mettre en route est connue de tous : les forages. Comme le rappelle le président de la CA 11 Philippe Vergnes, « nous avons besoin de coups de pelle, pas de bureaux d’études ! », rappelant que «  les lieux où la ressource est présente sont connus ». S’ils ne sont pas la solution à tous les maux de la profession, ces forages redonneraient du baume au cœur de vignerons qui, entre sécheresse chronique et marché apathique, permettraient « d’irriguer au minimum pour que nos vignes survivent », relance Ludovic Roux.

Au fait de ses dossiers, le préfet Christian Pouget promet de « travailler sur tout ce qui peut être fait rapidement pour l’eau ». Car à l’heure où l’on parle d’arrachage, de diversification, Christian Pouget est toujours ramené au même constat. Amandes, élevage, olives ou même aloé vera ou encore dattiers, « aucune diversification n’est envisageable sans le prérequis de l’eau !», peut-on entendre de la part de coopérateurs ou du président des VIF Jean-Marie Fabre, concerné au premier plan par la sécheresse dans sa commune de Fitou.

Porter les projets

Si les forages sont sollicités car rapides à mettre en œuvre une fois les autorisations délivrées, les autres voies d’accès à l’eau ne sont pas oubliées. « Car de l’eau, nous en avons en quantité, à condition de pouvoir y accéder ou la retenir ! », s’emporte encore le président de la CA 11 Philippe Vergnes. Réutilisation des eaux usées, retenues collinaires des fortes pluies et même le vieux serpent de mer de l’extension des canalisations en provenance du Rhône, qui aurait pu être enclenché il y a plusieurs dizaines d’années, sont mises en avant au rang des possibilités d’alimentation en eau pour la viticulture et pour les usages domestiques. « Mais nous n’avons plus aucune ressource pour porter les projets », tranche Ludovic Roux, « qui aujourd’hui dans notre profession est en mesure de sortir 20 000 € pour financer simplement des études, sans compter tout ce qu’il faudra encore investir ensuite pour apporter l’eau dans les parcelles ? ».

Communautés de communes, agglos, ou même partenariats public-privé, toutes les collectivités et forces du territoire sont appelées à accompagner la filière viticole dans cette marche vers l’eau. D’autant qu’entre les fortes pluies des épisodes méditerranéens, les ruissellements des Pyrénées et de la Montagne Noire, l’eau du Rhône et « l’océan souterrain » de 70 millions de m3 du karst des Corbières, la filière viticole est convaincue de ne pas entamer les réserves hydriques des écosystèmes locaux.

Il fera chaud dans les campagnes

Outre ce besoin hydrique incontournable, les vignerons n’oublient pas de rappeler au préfet la tension qui règne dans le vignoble local. Avec une deuxième faible récolte consécutive, les marchés du vin en vrac affichent des prix désespérément bas et « un moral aux abois de nos viticulteurs », rajoute le président des Vignerons du Triangle d’Or, à Trèbes, Marc Dezarnaud. Alors que la fédération des Vignerons coopérateurs a lancé la semaine dernière un appel à « un raffermissement indispensable des prix et une collaboration avec le négoce pour construire une filière pérenne », comme le resitue Ludovic Roux, celui-ci se dit inquiet et « peiné de la réponse apportée par le négoce ».

Le préfet est donc encouragé à accompagner très rapidement le monde viticole audois vers des solutions hydriques, économiques et sociales, et ce, très rapidement. Un coopérateur présent lors de cette tournée ne manque d’ailleurs pas de lui glisser un augure si les réponses tardent : « même avec un hiver froid, il fera chaud dans les campagnes, et il y aura de la fumée ». En espérant que l’eau tant attendue pour les vignes ne doive pas en plus servir à éteindre l’incendie.

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Tous les commentaires (3)
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pg Le 19 octobre 2024 à 12:32:20
J' ai l' impression que les Pyrénées sont plus proche du pays Catalan que le Rhône... Alors , même s'il y a un déficit de pluies sur les Pyrénées orientales ( trop long mais peut-erte temporaire ), je ne crois pas savoir que ce soit la cas en Hautes Pyrénées ? Des retenues dans cette zone , ne pourrait-elle pas satisfaire les besoins ? Les couts seraient sans doute faramineux . Mais , ces investissements ne peuvent-t-il se raisonner sur le siècle , voir au delà ? Lorsque la France de l' après guerre c' est lancée dans les grands barrages , ça a couté très cher . Aujourd'hui , nul ne le regrette. Sauf peut-être certain écolos qui rêvent de revenir à une nature fantasmée . Mais pas trop loin de l' ordinateur et du data center gourmand en énergie qui va avec . Et la centrale nucléaire qui fournit de l' électricité en permanence...
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Renaud Le 07 octobre 2024 à 13:26:06
Ils doivent en effet ne pas limiter leur réflexion. Mais celle du Rhône est devenue anachronique. Si on trouvait l'argent pour ce projet les tuyaux resteront vides les jours de besoins. Le temps des grands projets a la Mao c'est fini. Cependant les retenues colinaires et les eaux usées sont des pistes plus pertinentes. Associées aussi à des réflexions de diversification et méthode culturale. Je comprend l'urgence d'autant plus que la comme ailleurs ce n'est pas l'anticipation qui caractérise nos politiques agricoles.
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Laurent Le 01 octobre 2024 à 10:46:14
Arrêtez de prendre le Rhône pour le tonneau des Danaïdes, il est à peine suffisant pour les besoins actuels et les riverains du Rhône n'accepteront de restriction d'eau si elle est amenée ailleurs.
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