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Le début de la fin des vins du Roussillon, "en train de crever"
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Alerte rouge
Le début de la fin des vins du Roussillon, "en train de crever"

Dans les Pyrénées-Orientales, les représentants du vignoble font front commun pour une aide financière d'urgence, conséquente et exclusive à leur département. La production viticole subit une chute continue de ses rendements en raison de l'accumulation de sécheresses. Sans argent, beaucoup pensent que ce millésime sera leur dernier.
Par Olivier Bazalge Le 21 septembre 2024
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Le début de la fin des vins du Roussillon,
Face au préfet des Pyrénées-Orientales Thierry Bonnier, les représentants de la filière ont sonné l'alerte sur l'urgence d'aides pour maintenir la viticulture dans les Pyrénées-Orientales - crédit photo : DR VI66
«

 C’est peut-être ma dernière année »… Le président du syndicat des vignerons des Pyrénées-Orientales (P-O) David Drilles résume sans détour l’abattement qui frappe la profession vigneronne du département. D’une voix commune, lui et les présidents départementaux des Vignerons Indépendants, Guy Jaubert, et des Vignerons coopérateurs, Guillaume Ribes, appellent à un financement d’urgence et spécifique au département, alors que le vignoble est en souffrance chronique face à la succession d’aléas climatiques et de sécheresse permanente.

Nous perdons 2 000 €/ha

Cette année encore, la sécheresse a fait des ravages et la récolte s’annonce à la baisse, avec « 350 à 380 000hl attendus, soit le volume d’une grosse cave coopérative d’un département voisin, contre 430 000hl l’an dernier », avise David Drilles. « Plus que les volumes, c’est la question des rendements qui est dramatique », rebondit Guy Jaubert, « nous arrivons sur une moyenne départementale de 15 à 18 hl/ha, soit un équilibre financier impossible où nous perdons 2 000 €/ha de manière structurelle à cause des ces rendements trop bas ».

Rendements catastrophiques

Alors qu’il ne reste que 17 à 18 000 hectares de vignes dans le département, les trois représentants de la profession annoncent 45 millions euros de manque de revenus pour les vignerons dans les P-O, mettant les comptes des exploitations dans le rouge. « A part le littoral audois, dans quel autre département voyez-vous un tel impact d’accumulation de la sécheresse ? », lance Guillaume Ribes.

« Il nous faut ces 45 millions € d’ici la fin d’année, et juste pour notre département, pas pour partager avec d’autres comme ça a été fait avec le précédent fonds d’urgence », tranche David Drilles, « pour apporter un peu de trésorerie à ceux qui veulent continuer leur activité, et surtout accompagner ceux qui vont arrêter, et il y en a beaucoup !». Les trois représentants syndicaux s’accordent sur les retraits massifs d’exploitants que laisse augurer la situation « catastrophique » des rendements et des trésoreries. « Nous sommes en train de crever », enchaîne un Guy Jaubert qui a plutôt l’habitude de tempérer ses propos, « il y a facilement près de la moitié des exploitants du département prêts à mettre la clé sous la porte ».

Ceux qui n’ont plus rien ne partiront pas sans se faire entendre avec fracas

Plus que de nouvelles discussions autour des projets pour l’eau qui n’avancent pas ou de compensations pour le handicap naturel (ICHN), les trois présidents de syndicats réclament une enveloppe conséquente et spécifique pour le département, « très vite car la tension est telle que ceux qui n’ont plus rien ne partiront pas sans se faire entendre avec fracas », prévient Guillaume Ribes. Outre un financement d’arrachage qui tire en longueur « et qui va faire un gros ménage dans notre vignoble », pose David Drilles, de l’argent supplémentaire est attendu car « un exploitant qui arrache 10 ha pour finalement n’en sortir que 2 000 €/ha à la fin, il fait quoi de ses 20 000€ ? Il paie tout juste ses dettes et n’a plus rien », image le président du syndicat des vignerons des P-O, « et qu’on ne nous ressorte pas une aide assujettie aux minimis, vu les 4 années catastrophiques que nous avons enchainé ! ».

« 4 000 €/ha est un minimum », enchaîne Guy Jaubert, « mais il faudrait que comme à Bordeaux la région puisse abonder un complément. Il faut accompagner dignement tous ceux qui veulent arrêter ». Tous ces messages ont été relayés en début de semaine au préfet et élus de la République. Mais les représentants de la filière sentent grossir dans les rangs une tension qui engendrera des actions fortes si les choses ne bougent pas vite. Une gageure alors que les chaises de la gouvernance nationale restent désespérément vides. « Les vignerons sont en détresse », pointe Guillaume Ribes. « On sait ce qui se passe lorsque le péage du Boulou est bloqué », conclut David Drilles.

 

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Tous les commentaires (9)
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tchoo Le 23 septembre 2024 à 09:36:02
Faut pas tout confondre, même si je comprends que certains profitent d'un aspect du sujet pour parler de leurs problèmes locaux et de faire un parallèle entre crise de la consommation qui engendre crise viticole et détresse des viticulteurs. mais là, en l'occurence la problématique des PO c'est la survie de la culture de la vigne dans un context de changement climatique avec un manque d'eau dramatique qui conduit à des baisses de production incompatible avec une rentabilité économique. Aidé les viticulteurs a stopper leur activité, ou, mais pour quoi faire et quel moyen trouver pour conserver cette culture dans cette régions si tant est que ce soit possible. Ce sont les vrais questions
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Renaud Le 22 septembre 2024 à 16:37:51
@MSC2006. Au delà de vous cacher derrière un pseudo abscons votre « grande expérience »du Bordelais vaudrait généralité. Si le sujet n'était pas si grave vos propos serait risibles.
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Msc2006 Le 21 septembre 2024 à 17:56:33
A Renaud , personnellement je ne vais pas pleurer sur le sort de certains vigneron de la région de Bordeaux , en 1996 j ai fait mon stage de bts dans la région. Entre le fait d être hautain, l allégeance au guide Parker .... , le changement de couleur des jus selon les cours des blanc ou rouge , les remontages a l azote , l utilisation des bourbes plus de l eau pour refaire une cuve . certains on largement cherché ce qu il récolte aujourd'hui. De plus la région viticole n'a jamais évolué toujours la même rengaine nous somme les plus beau , les plus forts. Mais un simple vin appellation bordeaux ne vaut pas plus que 2 euros la bouteille, car malheureusement cela n est pas gage de qualité. En 28 ans je n ai vu aucune adaptation de la région au marché de la gms , il y a longtemps que la région devrait avoir sa propre marque de bordeaux generique ou supérieur regroupant tous les viticulteurs pour faire le poids. De plus comment justifier de voir des bordeaux supérieurs à 7 euros la bouteille. Il est grand temps de prendre votre profession en main et de secouer un peu tout le monde . Suffit de regarder le beaujolais qui a su se renouveler.
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Msc2006 Le 21 septembre 2024 à 17:35:08
Sinon se remettre en question, faire de la qualité. Éviter de prendre les gens pour des pigeons avec des prix incohérent, revoir le marketing, ouvrir la propriété aux clients pour vendre et non tout balancer au négoce ou gms. Car pour pleurer pour avoir des aides il y a du monde par contre pour créer orienter une filière il y a plus personnes.
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P Hat Le 21 septembre 2024 à 12:40:35
Ces cris d'alarme et autres appels au secours des vignerons, qui ne peuvent rester dans l'indifférence, placent ce drame bien au-dessus des élus et autres politiques, qui eux aussi ont besoin d'aide, car dépassés par ces évènements, incompétents à régler une situation qui doit les effrayer. Il ne faudrait jamais oublier la réalité de la longueur de la chaine vinicole: du cep de vigne à la bouche du consommateur. En acceptant cette réalité, rassemblons toutes les compétences, des climatologues aux spécialistes de la consommation pour comprendre et trouver des solutions: les sécheresses locales seront-elles permanentes, le déclin de la consommation de masse et mondiale est-il irreversible, les vins proposés ont-ils un vrai pouvoir d'attraction? On comprend bien que la cruelle absence de synchronisation entre la production du vignoble et la bouche / l'estomac du consommateur a toujours été solutionnée par des mécanismes de prix reflétant l'abondance ou la rareté d'un vin. Mais quand cela ne marche plus comme aujourd'hui dans certaines régions, l'ironie est que l'on va devoir financer tous les supports, aides et subventions de court terme par les impôts payés par la communauté de celles et ceux qui ne veulent pas ou plus boire. Pour combien de temps?
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Dumas Le 21 septembre 2024 à 10:06:51
L'incurie, le manque de volonté du même travail réalisé lors de la création des coopératives viticoles . Un travail collectif, ensemble vers un avenir rassurant, évident. Les viticulteurs indépendants auront beau jeu de maintenir en vie une production viticole d'excellence. Qu'ils aident à la reconversion des viticulteurs qui sont sur le marché du vin rouge tranquille en partcicipant à cette reconversion. Qu'ils favorisent l'implication des pouvoirs publics dans ce travail de longue haleine. Ceux là on la responsabilité de ce drame annoncé depuis des années sans qu'ils s'y impliquent vraiment. 40% de l'eau est perdue par le manque d'entretien des réseaux notamment en Languedoc Roussillon. Que ces élus prennent en charge les retenues collinaires afin d'assurer une irrigation raisonnée partout où une autre production serait possible nécessitant une irrigation raisonnée, pilotée, contrôlée, gérée équitablement. Qu'ils secouent les lobbyistes aujourd'hui favorables à l'implantation de l'éolien et du photovoltaïque sur les friches viticolespour t qu'ils cessent de convaincre les viticulteurs que c'est leur seule solution pour s'en sortir rapidement. Qu'ils aident à convaincre les viticulteurs que l'ajout de l'olive, de l'amande, de la grenade, de la pistache... n'est qu'une solution temporaire avant le dépôt de bilan. Les viticulteurs doivent être accompagnés dans leur reconversion et non assisté dans leur descente aux enfers. L'eau n'est pas le problème dès lors que les pouvoirs publics le décident. Le marché de la production de masse du vin rouge tranquille en France, dans le Languedoc Roussillon en particulier, est à genoux. La Loi Evin et l'alcoolisme ont eu raison de lui. Un marché porteur est à créer sur cette catastrophe industrielle . Les viticulteurs doivent en saisir l'opportunité ensemble. Tous ensemble. Individuellement ils n'en sortiront pas. Ce marche ne dépend QUE de la volonté des pouvoirs publics, des élus notamment. Ce projet ne peut qu'être industriel et porter sur une grande Région comme le Languedoc Roussillon. L'individualisme d'aujourd'hui conduit à la disparition de milliers d'emplois et de drames individuels. C'est un combat à mener aujourd'hui. Tendre la main à un pouvoir en faillite n'a plus aucun sens.
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augustin Le 21 septembre 2024 à 09:14:03
L appel au secours de type "nous sommes en train de crever" est largement inaudible chez nos politiques .En revanche une declaration de cessation paiement et la production post rj des ordonnances octroyant po 1 po 2 et po 3 voire le jugements de mise en lj auront bien entendu force probante .Pour le moment les élus du monde de la vigne et du vin sont peu crédibles dans leur sos pour la filiere ...puisque mes stats de procédures collectives reflètent une situation stable voire bonne a tres bonne (sic).Et tant que ces startistiques restent paisibles, les pouvoirs publics et les média continueront à se focaliser sur d autres secteurs d ctivite apparemment je dis bien apparemment plus touchéscomme le btp ou les salons de coiffure . C est donc une fois encore un mauvais calcul que se prétendre malade en reportant sans cesse son transfert à l hôpital. Les viticulteurs concernés doivent entreprendre cette demarche sans plus tarder pour se sauver eux mêmes et pour sauver ma filière s il en est encore temps. Il faut remettre la viticulture au cœur du débat national , ce qui n est pas le cas actuellement Et un énième blocage du peage de Boulou ne fera probablement pas avancer le dossier .
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Renaud Le 21 septembre 2024 à 09:03:36
Tout est encore dit. Et malgré la typicité des PO aujourd'hui leur cri d'alarme est le même que dans chaque région viticole. La viticulture française rapporte 6,4 milliards d'euros de fiscalité hors TVA à l'état. Et quand on a besoin d'un retour redistributif on reçoit des miettes, bloquées par la règle des minimis. Quand on paie ou payait des contributions fiscales. étaient elles bloquées si on en payait beaucoup ? Personnellement le mildiou de l'an dernier m'a couté 150000? et j'ai pu bénéficier d'une aide exceptionnelle de 5000?. Du coup à Bordeaux grâce à la pression de la base nous avons mis une aide à l arrachage financée par l'interprofession et la taxe carbone et j'ai arraché 50% de mon vignoble pour passer cette année. Autour de nous n'est que ruine et désespoir. Je ne mets pas en concurrence les malheurs des régions viticoles. Mais le problème est national et ce n'est pas à coup de mesurettes décalées inappropriées qui ne sont que le résultat de mises en avant de quelques-uns pour leur propre gloriole mais au fond qui n'ont pas de réel résultat sur le fond. Triste constat qui ne peut faire monter que le ressentiment?. Triste constat ! Et solidarité pour les paysans qui n'ont pas besoin d'aumône mais d'une réelle redistribution à la hauteur du problème.
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bill et boule Le 21 septembre 2024 à 07:45:49
Le problème n à pas disparu parce que on a fait mine de l ignorer .Pis encore il s est aggravé. Le rôle du préfet est de garantir le maintien de l ordre public lorsque celui ci est menacé, pas forcément de mettre en place un arsenal de mesures préventives ou curatives. Le département,la région n ont pas forcément non plus ni les compétences ni les budgets .Ce dont donc les élus locaux tant députés que sénateurs qui peuvent utilement être interpellés sur cette rentrée 24 . Ils sont disponibles et c est maintenant qu il faut aller les rencontrer pour parler problèmes et suggérer solutions. Les comites interprofessionnels et les syndicats semblent quant à eux tétanisés dans leur majorité.Cest une étrange atmosphère de flottement à laquelle il faut mettre vite un terme .Nos élus sont donc à l écoute et il faut désormais les impliquer , c est l affaire de tous les citoyens que nous sommes , aussi important que de récolter.
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