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Vignes carbonisées : la cicadelle africaine est déjà en France
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Jacobiasca lybica
Vignes carbonisées : la cicadelle africaine est déjà en France

Alerte dans le vignoble français. En moins de cinq ans, la cicadelle africaine a colonisé tout le vignoble corse. Depuis ce mois de septembre, elle grille aussi des parcelles dans les Pyrénées-Orientales. L’inquiétude grandit alors que les moyens de lutte manquent.
Par Marion Bazireau Le 27 septembre 2024
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Vignes carbonisées : la cicadelle africaine est déjà en France
Dégâts de la cicadelle africaine sur une parcelle de bianco gentile fin août cette année. - crédit photo : Gilles Salva
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illes Salva se souvient très bien. « Nous n’avons pas compris ce qui nous tombait sur la tête », rapporte le directeur du pôle végétal du Centre de recherche viticole corse (CRVI). Au début du mois d’août 2020, les feuilles de plusieurs parcelles de la plaine orientale et de la zone de Sartène sont comme carbonisées au lance-flammes. « On connaissait bien les grillures d’Empoasca vitis mais là les dégâts étaient vraiment très impressionnants », insiste Gilles Salva.

Rebelote en 2021, 2022, et 2023. Ajaccio, la Balagne, Patrimonio.., presque plus aucune région n’est épargnée. Gilles Salva rencontre Lionel Delbac, qui coordonne le programme Ovni (observatoire des insectes nuisibles endémiques ou invasifs du vignoble) à l’Inrae de Bordeaux, et lui envoie des individus capturés. Le ravageur est identifié. Il s’agit de l’espèce Jacobiasca lybica, surnommée la cicadelle africaine de la vigne du fait de ses origines dans le Maghreb. Jacobiasca lybica a été signalée pour la première fois en Italie en 1962, avant de tracer son chemin vers l’Espagne, le Portugal, la Grèce, et désormais la France. Empoasca vitis et Jacobiasca lybica sont impossibles à différencier à l’œil nu. Elles font la même taille, ont la même couleur verte, et se déplacent en crabe sur la face inférieure des feuilles.

Jacobiasca lybica détruit tout

« Aujourd’hui il y a encore un peu de cicadelles Empoasca vitis au printemps, mais Jacobiasca lybica devient vite majoritaire », reprend Gilles Salva. Un vrai problème, car quand Empoasca vitis grille 10, 15, voire 20 % maximum des feuilles, en se concentrant sur la partie la plus vieille du feuillage, Jacobiasca lybica détruit tout. La larve et l'adulte s'alimentent sans interruption en ponctionnant toutes les nervures. « Même l’extrémité des rameaux et les entrecoeurs. Dans certaines parcelles, on ne voit plus de vert du tout. La photosynthèse s’arrête, et les parcelles les plus tardives n’arrivent pas à maturité ». Nielluccio, sciaccarello, vermentino, bianco gentile, syrah, grenache… tous les cépages semblent concernés.

Parcelle de bianco gentile le 20 août 2024 (Photo: Gilles Salva)

La même parcelle une semaine plus tard

 

Les viticulteurs sont désarmés. « Ils tentent de repousser la cicadelle africaine avec du limocide, de la kaolinite calcinée, ou à coup d’insecticides, mais même en multipliant les passages les produits classiques ne donnent pas de bons résultats. Seul le Sivanto est efficace, mais il est interdit en France », regrette Gilles Salva. Ils ont obtenu une dérogation de 120 jours pour tester l’Exirel. « Mais à 150 ou 200 euros par hectares, il ne va pas faire de miracles », anticipe Gilles Sava, indiquant que des travaux de recherche ont démarré cette année avec la Draaf et des spécialistes du continent pour mieux connaître le cycle biologique du ravageur et affiner les seuils de déclenchement des traitements.

Arrivée sur le continent

Le temps presse. Jacobiasca lybica commence à coloniser d’autres vignobles du sud de la France. Début septembre, les agents de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales ont découvert une très importante population de cicadelles africaines sur des vignes de la Côte Vermeille, essentiellement sur syrah et mourvèdre. « Dans le secteur concerné, à Paulilles, il y avait une à cinq cicadelles sous chaque feuille », détaille le conseiller Eric Noémie. L’intégralité du feuillage était marquée, de la décoloration au dessèchement complet de la feuille. Les observations au laboratoire ont confirmé que presque 100% des cicadelles capturées étaient bien des Jacobiasca lybica.

La Chambre d’agriculture va cartographier les secteurs où l’insecte est potentiellement déjà présent, de manière à mettre en place un réseau de suivi dès la prochaine campagne. Les viticulteurs ne doivent pas hésiter à lui signaler des symptômes. Il en va de la pérennité du vignoble.

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Tous les commentaires (8)
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La rédaction Le 07 octobre 2024 à 09:23:35
Bonjour Fazer26, merci pour votre commentaire. Nous attendons un retour de l'Anses pour le confirmer mais il semble que le produit reste interdit par un deuxième décret du 1er décembre 2020 concernant le sulfoxaflor, la flupyradifurone et l'acétamipride.
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Fazer26 Le 05 octobre 2024 à 00:21:38
Le sivanto n'est pas interdit en France. Le conseil d'état a annulé le décret d'interdiction en 2022.
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Ali Le 29 septembre 2024 à 22:53:33
Ces ravageurs font froid dans le dos au vu des dégâts et le nouveau phylloxera devient soudain possible ;il faut mettre tout à disposition pour protéger le vignoble, il en va de sa disparition avec d'autres cultures
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Philou Le 29 septembre 2024 à 20:16:27
Il est question qu en Afrique du Sud on fasse des lâchers de guêpe, laquelle je ne sais pas, par drone, guêpe auxiliaire bien sur avec une bonne efficacité, il me semble avoir vu cette info ds votre journal.....
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Attila Le 29 septembre 2024 à 13:44:00
Vous passez votre temps à vous lamenter chez Vitisphere, mais quand on vous propose de VRAIES solutions validées scientifiquement c'est le grand silence ? !!!
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Kostas bakasietas Le 29 septembre 2024 à 07:30:03
Les problèmes de ce insecte était très intensive aussi en Grèce et en Turquie
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BIOCON Le 27 septembre 2024 à 08:57:08
Il est grand temps d'arrêter l'arnaque du bio d'autant que la pluie n'étant pas bio rien ne peut l'être !
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DARIUS Le 27 septembre 2024 à 08:48:13
Comme d'habitude nos concurrents les viticulteurs espagnols et italiens ont le droit d'utiliser le produit qui résout le problème en l'occurence le sivanto et chez nous c'est interdit.
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