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Pourquoi la justice n’indemnise pas le vol de 55 000 bouteilles de vin
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Chiffrage
Pourquoi la justice n’indemnise pas le vol de 55 000 bouteilles de vin

Contre-intuitivement, le tribunal rejette la demande d’indemnisation du vigneron Alain Brumont qui estime à 1,2 million d’euros la perte de chiffre d’affaires lié aux vols de ses vins par des employés pendant des années. La juridiction estime qu’il n’y a pas eu de chiffrage précis des larcins. Un appel est déposé.
Par Alexandre Abellan Le 27 septembre 2024
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Pourquoi la justice n’indemnise pas le vol de 55 000 bouteilles de vin
Alors que les domaines Brumont ne parvenaient pas à trouver l’origine des écarts de stock, une lettre anonyme avait mis les propriétaires sur la piste de vols commis par des employés. - crédit photo : Adobe Stock (Igor Normann)
«

 Étonnant », c’est ainsi que maître Alain Nonnon, l’avocat du vigneron Alain Brumont (propriétaire des châteaux Montus et Bouscassé à Madiran, dans le Gers), qualifie le jugement du tribunal correctionnel d’Auch qui rejette ce 4 septembre les demandes d’indemnisation au civil de son client pour le vol dans les années 2010 de 55 000 bouteilles de vin du Sud-Ouest (château Bouscassé, château Montus et sa cuvée la tyre…) par cinq voleurs condamnés au pénal (en première et deuxième instance pour trois employés, la compagne et le neveu de l’un d’eux) pour un préjudice estimé à 1,2 million d’euros par le domaine (10 % du chiffre d’affaires) et 1,08 million € selon le chiffrage des Douanes (retenu par le tribunal d’Auch).

Portant sur les intérêts civils, cette procédure aboutit à un non-lieu car « le tribunal a estimé que la victime ne rapporte pas la preuve du nombre de bouteilles volées, ni la valeur de chacune de ces bouteilles » analyse maître François Roujou de Boubée, l’avocat du principal voleur, l’ancien responsable d’expédition des domaines Brumont. « En outre le préjudice matériel subi par la victime se distingue de la perte du chiffre d’affaires » poursuit le docteur en droit, rapportant que « dans ces conditions elle a été déboutée de sa demande. Il en va de même pour le préjudice moral, la preuve n’est pas rapportée. »

S’il n’y a pas de préjudice démontrable, il n’y a ni vol ni recel

Une lecture du dossier qui n’est pas du goût des domaines Brumont, qui ne souhaitent pas commenter, mais vont faire appel. « En rejetant l’intégralité de sa demande d’indemnisation au motif que son préjudice n’était pas suffisamment caractérisé, le tribunal judiciaire a désactivé le jugement correctionnel qu’il avait lui-même rendu le 8 décembre 2022 sur l’action publique » critique maître Alain Nonnon, pointant qu’« il avait retenu 11 prévenus dans les liens de la prévention en les jugeant coupables des faits qui leur étaient reprochés. En statuant à l’absence de préjudice indemnisable, le tribunal a vidé de sa substance le jugement de culpabilité car s’il n’y a pas de préjudice démontrable il n’y a ni vol ni recel. »

Alors que l’enquête a démontré la mise en place d’un vaste réseau de receleurs (dans le temps et l’espace) et que les voleurs ont reconnu les faits (évoquant des vols de 60 caisses par jour ouvré pendant l’instruction) et des bénéfices (achats de home cinema, fauteuil électrique massant, cheminée électrique, billard, Porsche 986…), « le jugement civil a fait purement et simplement litière de ces faits pourtant irréfutables. C’est à n’y rien comprendre ! » tonne maître Alain Nonnon, pour qui « la cour d’appel saisie en réformation saura revenir à une logique juridique plus compréhensible pour le commun des mortels. » Pour maître François Roujou de Boubée, « le chiffrage de la victime n’est pas assez précis. Le préjudice existe (en sa notion), mais il appartient à la victime de le chiffrer, ce qu’il n’est pas arrivé à faire. »

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Tous les commentaires (2)
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Arthur Le 30 septembre 2024 à 09:03:02
A quoi joue ce tribunal ? On se demande bien pourquoi il ne s'est pas basé sur l'évaluation des douanes qui est cohérente avec celle du plaignant.
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augustin Le 27 septembre 2024 à 19:05:54
On marche sur la tête une fois encore .Et il est probable que les assureurs sauront tirer parti de ce jugement pour limiter le remboursement du sinistre en question . La viticulture est certes un sujet d intérêt national mais de la à ce que qui que ce soit levé le petit doigt pour contribuer concrètement, il y a un pas que peu de bons apôtres semblent prêts à franchir...Espérons que cela change , vite !
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