our 55 000 bouteilles de vin disparues entre janvier 2014 et avril 2015 des domaines d’Alain Brumont à Madiran (châteaux Bouscassé et Montus notamment), les cinq voleurs (trois employés, avec la compagne et le neveu de l’un d’eux) et huit receleurs (dont des propriétaires de bars et restaurants) poursuivis devant le tribunal judiciaire d’Auch ont pris acte du jugement rendu ce jeudi 8 décembre. « Sur les treize prévenus : deux ont été relaxés [NDLA : un restaurateur et un brasseur clamant ne pas avoir connaissance de l’origine des vins], huit ont été condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis [de 3 mois pour un employé ayant suivi le mauvais exemple de ses collègues à 24 mois pour l’épouse de l’un des principaux voleurs], un a été condamné à 6 mois de détention à domicile sous surveillance électronique [pour complicité dans le vol], un a été condamné à 6 mois d’emprisonnement et à l’interdiction d’exercer une activité commerciale pendant 3 ans [pour l’organisation du recel], un a été condamné à 3 ans d’emprisonnement dont 2 ans avec sursis [l’employé ayant mis sur pied le vol à grande échelle, en tant que responsable d’expédition] » explique le procureur de la république du tribunal judiciaire d’Auch (Gers).
Si un appel est déjà connu, « la justice est passée pour les principaux organisateurs et receleurs » note maître Alain Nonnon, la défense de l’emblématique vigneron Alain Brumont. Notant que tous les receleurs et sous-receleurs n’ont pas été identifiés et poursuivis, l’avocat pointe l’ampleur des vols : « c’était une véritable petite entreprise, qui ne connaissait pas la crise… Heureusement qu’il a été mis fin à tout ça. » Au-delà du pourvoi en appel, le dossier va se poursuivre avec l’évaluation des pertes financières causées par ces vols, les intérêts civils ayant été disjoints pour être étudiés lors d’une audience dédiée début 2023. Si le tribunal a retenu un préjudice de 1,08 million d’euros, en se basant sur le chiffrage des Douanes, maître Alain Nonnon estime que la perte s’éleve à 1,2 million €. Les vols ayant détourné des bouteilles recherchées, comme la cuvée de la Tyre. Les avocats des condamnés évoquaient pour l’un la récupération de rebuts pour un usage personnel, pour l’autre une revente à bas prix pour générer des liquidités (10 à 20 € la caisse de 6 bouteilles panachées).


Six ans après les faits, l’entreprise a toujours des trous dans ses stocks (avec des manques sur le millésime 2009 par exemple) et un coup au moral (les domaines Alain Brumont sortaient alors d’un redressement judiciaire, étalant de 2005 à 2012 le remboursement de 12 millions € d’emprunts). « Hors-norme par sa durée, par le nombre de prévenus, par le montant du préjudice, par la nature des biens volés, par la notoriété de la victime et aussi par la trahison dont a fait l’objet Alain Brumont de la part de ses salariés » pointait le parquet lors de l’audience du 13 octobre dernier. Ne souhaitant pas s'épancher sur ce sujet qui lui est douloureux, Alain Brumont ironise : « en 40 ans j'ai eu pas mal de pépins. Des amis me disent que je les collectionne... On avait des doutes, mais on a mis des années à comprendre ce qui se passait. On pensait qu'il y avait des erreurs informatiques et on s'arrachait les cheveux pendant les inventaires. Des lettres anonymes nous ont permis de les prendre sur le fait. »