Le changement climatique représente le plus gros défi auquel est confrontée notre filière à long terme », posait d’emblée Fabian Yukich, président de la commission Environnement au sein des New Zealand Winegrowers. « Il influera sur notre encépagement, nos profils de vins, nos pratiques culturales et régions viticoles et, surtout, sur les décisions d’achat de nos clients. De notre manière de répondre au changement climatique dépend la réputation de la Nouvelle-Zélande en tant que pays producteur de vins durables, de qualité supérieure et à haute valeur ajoutée ».
Croissance du secteur oblige
Le décor est planté. Pour les mesures, la feuille de route scinde en trois étapes les objectifs que doit atteindre la filière, les grands jalons étant 2030, 2040 et 2050. Partant du principe que la filière connaîtra une croissance de 28% entre 2022 et 2040, les responsables professionnels néo-zélandais estiment qu’il est urgent de réagir. A défaut de quoi, les émissions de gaz à effet de serre continueront à croître de façon inexorable. Dans un premier temps, il s’agit d’intervenir sur les émissions du scope 1, celles des scopes 2 et 3 « nécessitant des innovations tout au long de la chaîne de valeur, notamment dans la production d’électricité, le transport et le packaging ».
60% de vins conditionnés à destination
Etant donné la distance à parcourir pour atteindre les principaux marchés – sachant que plus de 90% des vins néo-zélandais sont exportés – le packaging et le transport revêtent une importance particulière. Ainsi, d’ici 2030, l’objectif visé consiste à assurer que 75% des vins conditionnés le sont en verre allégé, pour 50% de mise en bouteille sur les places de consommation. Dix ans plus tard, la part du verre allégé devra passer à 50%, pour faire place à 25% de vins conditionnés en briques/récipients en papier/carton. La part des vins mis en bouteille à destination doit passer à 55% puis à 60% d’ici 2050, tandis que celle des vins expédiés en briques/récipients en papier/carton doit atteindre 50% pour 25% de verre allégé.
96% des surfaces déjà certifiées durables
Dans le même temps, la filière doit opérer sa mue au niveau énergétique, améliorant son efficacité, remplaçant les énergies fossiles par des carburants renouvelables, favorisant l’électricité décarbonée et s’associant à d’autres parties prenantes pour innover dans la décarbonation du transport et du packaging. L’objectif de neutralité carbone passera également par l’élimination de CO2 en augmentant le potentiel des terres pour séquestrer et stocker le carbone (10% des émissions). Depuis trente ans, les producteurs néo-zélandais adhèrent au programme de développement durable SWNZ, avec 96% des superficies actuellement certifiées, mais seules 10% des caves sont certifiées bio. Cette nouvelle feuille de route vise à placer la barre bien plus haut, proposant « des stratégies d’innovation qui aideront la filière à réduire ses émissions le plus possible, et le plus rapidement possible ».