alère croissante, la difficulté d’embaucher dans la filière vin est toujours plus partagée par les employeurs. « Pour plus de la moitié des chefs d’entreprises, le recrutement est de plus en plus difficile à mener d’année en année » note le sondage du site d’emploi Vitijob (propriété du groupe France Agricole, comme le site Vitisphere), réalisé auprès de 1 099 sondés en ligne d’octobre 2023 à janvier 2024 (pour moitié des salariés, un tiers de personnes en recherche d’emploi, 11 % d’employeurs et 8 % d’étudiants). Pour un tiers des entreprises sondées, « la première cause identifiée est la pénurie de candidats » souligne Vitijob dans son livre blanc, publié en juin à l’occasion de la refonte de son site.
Ces difficultés de recrutement ne témoignent pas de mauvaise expérience des salariés en poste : majoritairement satisfaits (73 % des sondés) et prêts à conseiller à un proche de travailler dans le secteur (65 %, pour 23 % indécis et 11 % de non). Et la filière n’est pas fermée aux profils n’ayant pas de formation ou d’expérience vitivinicole : 42 % des sondés n’ont pas suivi de cursus dédié à la vigne et au vin. Ces difficultés pourraient s’expliquer par les décalages entre attentes des candidats et des entreprises. Les employeurs évoquent d’abord comme avantages présentés aux nouveaux salariés la qualité de vie au travail (17 %), la rémunération (16 %), ou l’ambiance (15 %), quand les candidats parlent en premier d’une prime d’intéressement (16 %), d’une participation aux résultats de l’entreprise (11 %), d’horaires flexibles (9 %), de véhicule de fonction (7 %), de titres restaurants/restaurant d’entreprise (7 %)… S’il y a un petit décalage, « pas mal de choses se rejoignent » analyse Camille Nicolas, chef de projet communication et relation entreprises pour Vitijob, notant « d’un côté des salariés qui veulent en même temps un bon salaire, concilier vies professionnelles et personnelles, une bonne ambiance travail et pouvoir s’épanouir ».
Pour les recrutements, la rémunération est clairement l’éléphant au milieu de la pièce. « Seuls 40 % des salariés se disent satisfaits ou très satisfaits de leur rémunération » d’après Vitijob, notant « des prétentions salariales ne dépassant pas les 35 000€ bruts annuels (le SMIC étant de 21 203,04 € par an). « Faute d’une rémunération à la hauteur des attentes de certains candidats » ajoute le livre blanc, évoquant « des avantages financiers ou en nature [qui] peuvent participer à convaincre un candidat hésitant (prime d’intéressement et participation aux résultats de l’entreprise, titre restaurant, véhicule de fonction…) ».
Souvent taboues, les prétentions salariales sont pourtant cruciales prévient Camille Nicolas, en faisant un levier de transparence permettant au candidat de savoir d’emblée s’il est bien intéressé : évitant des désistements en fin de parcours et motivant l’implication dans le parcours de sélection. Pouvant jusqu’à présent ne pas être communiqué sur Vitijob, le salaire devient obligatoire, avec une fourchette a minima. De même, « beaucoup d’entreprises voulaient être anonymes : on conseille d’afficher son nom, c’est important pour les candidats » ajoute Camille Nicolas (l’anonymat devient une option désormais payante).


Un tiers des recruteurs sondés « communiquent systématiquement sur la rémunération lors de leur recrutement. Or il s’agit d’une demande forte des candidats pour qui l’absence de cette information essentielle est un frein pour postuler » pointe Vitijob, relevant que « 57 % des recruteurs expriment des difficultés de recrutement accrues par rapport aux années précédentes » et « pour 34 % d’entre eux, le manque de candidats est le principal frein au recrutement ». Un autre étant « le profil inadéquat des candidats », qui implique aussi des précisions de la part du recruteur sur le profil recherché et les missions à accomplir dans l’offre d’emploi. Car « le candidat idéal n’existe pas » rappelle Vitijob, « sur des métiers aux compétences spécifiques, il serait opportun d’envisager dans vos process de recrutement un plan de formation interne à l’entreprise » en privilégiant la motivation du candidat sur une liste à la Prévert d’aptitudes démontrées depuis 5 à 10 ans minimum.