ieux vaut tard que jamais. Publié ce 8 juillet, le décret n°2024-770 met en place le « dispositif de prêts bonifiés aux entreprises viticoles », soit « l'octroi d'un prêt à taux préférentiel » de 2,5 % « par rapport au taux constaté sur le marché » pour permettre aux « entreprises du secteur viticole à rembourser certains prêts garantis par l'Etat qu'elles ont souscrits ». Véritable serpent de mer du soutien aux trésoreries viticoles, ce dispositif de rachat de PGE était annoncé en octobre 2023 par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, avant de déboucher sur un appel à projet en mars 2024 et la réponse favorable de deux groupes bancaires (BPCE et Crédit Agricole).
Saluant la vision politique affirmée il y a neuf mois par le ministre de l'Agriculture, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, ne peut que regretter « l'accouchement du dispositif qui paraît trop long entre les arbitrages politiques* et les atermoiements des banques? » Après des mois d'attente, « nous sommes très soulagés de la publication de ce décret dont nous commencions à craindre qu'il soit remis en cause par le calendrier électoral » valide Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs, pour qui l'outil « va permettre à un certain nombre de caves coopératives de rééchelonner leurs soldes de PGE. Nous allons à la fois diffuser l'information et accompagner nos adhérents qui en auront le besoin. »
Mais après de longs mois d'attente, « ce dispositif aura-t-il toute l'efficacité qu'il aurait eu s'il avait été déployé dès janvier ? Malheureusement, j'ai l'impression que ceux qui auraient dû être dans le dispositif auront déjà trouvé d'autres outils pour tenir, à coût supérieur » regrette Jean-Marie Fabre, qui appelle les pouvoirs publics à retrouver de la réactivité et de la simplicité, « sinon on va laisser des vignerons et vigneronnes sur le bord de la route ». Pour le producteur de Fitou (Aude), demeure l'impression d'une incapacité à répondre dans le bon pas de temps aux besoins de la filière vin : une gageure alors qu'avec les élections législatives 2024 le gouvernement gère les affaires courantes et que la filière accumule les demandes urgentes.


Dans ce contexte politique incertain pour la nouvelle Assemblée Nationale et le futur gouvernement en sortant, « je reste convaincu que l'on a aujourd'hui une obligation de résultat. Le temps du travail est arrivé : c'est au pied du mur que l'on voit le maçon. C'est au pied des urnes que l'on va voir le législateur. Il va falloir agir vite en matière de résilience du changement climatique, de réduction du potentiel de production, d'export, de transmission? » plaide Jean-Marie Fabre, pour qui « quel que soit le nuancier politique de l'Assemblée Nationale, les outils et les moyens pour la filière viticole sont connus. Il y a l'obligation d'aller vite. Finis les plateaux télé : au boulot. »
Salué, le décret PGE n'est qu'une étape en appelant d'autres confirme Joël Boueilh : « c'est un outil d'accompagnement nécessaire mais il est loin d'être suffisant. Nous portons en parallèle une série de demandes d'accompagnement complémentaires : stockage privé, année blanche pour les caves coopératives et dispositif de restructuration des caves coopératives?Le travail continue donc pour trouver le plus de solutions possibles pour accompagner les situations difficiles de certaines de nos caves. » Un travail d'urgence économique, loin des flottements politiques.
* : Le décret est signé par le premier ministre, Gabriel Attal, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, et le ministre de l'Agriculture.