e vendredi 5 juillet, Cédric Carcenac, propriétaire du domaine Carcenac (certifié Haute Valeur Environnementale) à Montans (Tarnà sur l'appellation Gaillac, s'est levé à une heure du matin pour effectuer un énième traitement. « Il ne faut rien rater. La qualité est présente, il faut tout faire pour la sauver », insiste le vigneron. A Gaillac, la saison est marquée par d'importantes précipitations.
« La pression mildiou a été forte tôt, avec des contaminations conséquentes », souligne Thierry Massol, conseiller viticole à la Chambre d'Agriculture du Tarn, animateur du groupe Dephy Fermes dans le département. « Dès le mois de mai, on a utilisé des produits performants ». Et le conseiller viticole d'ajouter : « à ce stade, on a fait plus de traitements qu'en 2023. Les viticulteurs bio en ont réalisé 12 et les conventionnels 8, en moyenne. » Sur le département, les traitements ont débuté fin avril. « Au vu des témoins, on a bien fait de commencer tôt », glisse Thierry Massol. En effet, l'équipe technique a suivi sept parcelles non traitées depuis le début de la saison. « On vient de décider de reprendre les traitements sur les témoins non traités, car ils commencent à être complètement détruits par le mildiou et le black-rot ».
Grâce au travail des viticultrices et des viticulteurs, les pertes de récoltes liées au mildiou et au black-rot sont encore limitées. « Les contaminations restent cantonnées aux feuilles. Il y a eu quelques attaques sur grappes, fin mai-début juin, mais c'est resté ponctuel. Cela touche notamment le Loin de l'œil et le Merlot », détaille encore Thierry Massol. « En ce qui concerne, le black-rot la pression reste forte et depuis le 1 juillet nous observons de plus en plus de dégâts sur grappes sur des parcelles en taille rase et sur les parcelles à historique. » Le conseiller viticole a également observé du millerandage sur Gamay.
Si des vignerons peuvent déjà constater des pertes, cela est davantage lié au gel du mois d'avril. « C'est très hétérogène d'un vignoble à l'autre (de 0 à 80 % de perte de récolte), la perte moyenne est estimée à 25 % sur l'ensemble du Tarn », prévient Thierry Massol. Sur le domaine Carcenac, qui exploite 100 hectares, il faut compter 20 % de récolte en moins, suite à cet aléa climatique. Autre phénomène qui a provoqué des pertes : la coulure. « A cause du froid et de la pluie, la fleur ne s'est pas bien déroulée », confirme Cédric Carcenac. Sur merlot et mauzac « sur certaines parcelles, cela peut aller jusqu'à 30 à 40 % de coulure », a observé Thierry Massol.


« Entre la coulure et le gel, on a perdu environ 30 % de récolte. Maintenant, il reste 70 % qu'il va falloir protéger », insiste Cédric Carcenac. Le vigneron est passé aux produits de contact, début juillet, pour le traitement de ses raisins désormais au stade nouaison. Pour les semaines à venir, Thierry Massol conseille également le rognage au niveau du haut du feuillage. « Mais il faut penser à conserver des feuilles sur la largeur pour protéger du soleil. » Pour ceux qui le peuvent, ajoute le conseiller, il faudrait également « essayer de se remettre à jour au niveau de l'entretien des sols : éliminer l'herbe sous le rang et se tenir prêt à travailler un rang sur deux si la période sèche devait arriver ! »