Autrefois, j’étais au volant d’une 2 CV, maintenant je conduis une Porsche ! », annonce tout sourire Alexandre Lourenco, tractoriste au château Saint Laurent, situé à Morières-lès-Avignon. En février 2024, ce domaine vauclusien de 28 hectares de vignes, en appellation Côtes du Rhône et IGP Méditerranée, a investi 120 000 euros dans l’achat d’un Fendt équipé d’une cabine de catégorie 4 et d’un pont suspendu à l’avant. « C’est énormément de confort en plus, enchaîne Alexandre Lourenco. Il n’y a quasiment pas de secousse, je suis beaucoup moins fatigué et j’ai bien moins mal au dos. Au moment des traitements, je suis en sécurité dans la cabine sans avoir à porter de vêtements de protection. Ce tracteur est aussi pourvu d’un relevage avant pour le travail du sol, l’épamprage et l’écimage. Le fait de réaliser ces opérations à l’avant évite les torsions. »
La MSA Alpes-Vaucluse a subventionné l’acquisition de ce tracteur à hauteur de 6 000 euros. « Un petit apport, mais c’est toujours ça de pris », commente Maxime Brun, directeur général du château. Afin d’en bénéficier, le domaine a signé un contrat de prévention avec cet organisme, le 15 avril dernier, dans le cadre de la convention nationale d’objectifs de prévention décidée entre la MSA, la FNSEA et d’autres syndicats agricoles. Dans le Vaucluse, deux exploitations viticoles se sont inscrites au sein de ce dispositif. « C’est un système intelligent, car l’aide peut être versée rétroactivement pour un investissement réalisé jusqu’à six mois avant la signature du contrat de prévention », précise Maxime Brun.
C’est ainsi que le domaine a obtenu l’aide pour l’achat de son tracteur mais aussi pour la benne vibrante qu’il a achetée en début d’année. « Jusque-là, nous déversions les raisins dans un conquêt de réception équipé d’une vis sans fin, explique Maxime Brun, puis les raisins étaient acheminés au pressoir à l’aide d’une pompe à vendange également pourvue d’une vis sans fin et sans grille de protection. Il y avait des risques d’accident, d’autant que nous vendangeons de nuit. » Lors des prochaines vendanges, les raisins seront déversés directement dans le pressoir depuis la benne vibrante équipée d’un bec versoir.
Ce printemps, le château s’est également doté de deux défibrillateurs financés à 50 % par la MSA. L’occasion pour ses salariés de suivre une formation aux gestes de premiers secours. « Cela m’a apporté beaucoup, commente Eva Salustri, alternante chargée de l’événementiel. J’ai appris que les gestes diffèrent selon la morphologie et l’âge des personnes. Et aujourd’hui, je sais me servir d’un extincteur ! »
D’autres investissements sont prévus dans le cadre du contrat de prévention, qui court sur deux ans. Le pressoir va ainsi être rehaussé d’un mètre pour que le marc puisse être évacué à l’aide d’un transpalette électrique, dont l’achat est prévu pour les vendanges 2024. Le chai de vinification, lui, va être équipé de passerelles de circulation au-dessus des cuves à partir de l’an prochain. Les échelles qui servent aujourd’hui à réaliser les opérations de cave vont être retirées.
Le vestiaire, la cuisine et l’atelier mécanique vont aussi être rénovés en 2025. Sur les 154 000 euros qui auront été engagés à la fin de ce plan, la MSA en aura pris 20 000 en charge. Si cette partie financière n’est certes pas énorme, l’aide liée au contrat ne s’y limite pas. « Nous avons rencontré les conseillers de la MSA il y a deux ans, relate Maxime Brun. Ils sont venus au domaine au moment des vendanges, et nous ont donné des conseils très pratiques. Ils nous ont ainsi suggéré de rehausser les potences afin de faciliter le nettoyage des machines à vendanger. À partir de là, nous avons commencé à travailler ensemble. Ils ont une approche très pragmatique, ils n’arrivent pas avec de solutions toutes faites, ils s’adaptent à nos besoins. »
Racheté en 2021 par le basketteur Tony Parker associé à Said El Yousfi, négociant dans le Bordelais, le château Saint Laurent appartenait depuis trois générations à la même famille, et fonctionnait selon des habitudes de travail bien établies. À son arrivée, Maxime Brun, issu de l’industrie agroalimentaire, a immédiatement pris à bras-le-corps le sujet de la prévention des risques. Et cela va plus loin : à partir de la rentrée, les salariés de l’entreprise vont intégrer une expérimentation sur la qualité de vie au travail animé par la MSA du Vaucluse. Un autre chapitre de la convention qu’elle a signée avec la MSA.