ays consommateur historique de vin, la Grande-Bretagne semble avoir perdu pied en matière de connaissances sur le vin. « D’un pays de connaisseurs, nous sommes passés à un pays de bluffeurs dans le domaine du vin, seule une personne sur cinq sachant ce que signifient des termes comme « tanins », « terroir » ou boisé », note Marks & Spencer dans son rapport « Mythbusting ».
Le rosé concentre les idées reçues
Et des mythes, il y en a beaucoup à briser chez les consommateurs britanniques. Alors que l’enseigne a vu ses ventes de vins rosés franchir la barre du million de bouteilles depuis le début du printemps – avec une bouteille de rosé vendue toutes les deux secondes l’été dernier – elle note que moins de la moitié des Britanniques estiment qu’il est acceptable de boire du rosé en hiver, et que 85% d’entre eux disent ne pas boire de rosé à la robe sombre parce qu’ils considèrent qu’il est de moins bonne qualité que les versions pâles. C’est une bonne nouvelle pour la Provence – perçue assez largement comme le meilleur vignoble de vin rosé au monde – mais c’est un frein à la découverte et pour la pérennité de la catégorie. Si une personne sur dix pense toujours que le rosé s’obtient en mélangeant du vin blanc et du rouge, globalement les Britanniques sont des puristes dès lors qu’il s’agit de consommer du rosé : seule une personne sur cinq trouve acceptable d’y ajouter des glaçons, même lorsqu’il fait chaud. A l’inverse, selon l’œnologue maison Belinda Kleinig, « les gens pensent souvent à tort qu’il faut boire le rosé glacé, ce qui peut avoir pour effet d’atténuer ses saveurs fruitées et de masquer des arômes ».
Nouveaux packagings et profils de vins…
Pas question pour autant d’envisager de mettre des vins rouges légers au réfrigérateur : seule une personne sur six l'accepterait. Les idées reçues ont la vie dure aussi dès lors qu’il s’agit du packaging : seul un tiers des personnes interrogées* estiment qu’un vin conditionné dans des formats alternatifs comme des poches, des bag-in-box ou des cannettes peut égaler un vin conditionné en bouteille en verre sur le plan qualitatif. D’ailleurs peu de consommateurs savent quelle est la durée de vie d’un vin une fois la bouteille ouverte, ou que certains packagings alternatifs prolongent considérablement cette durée. Enfin, concernant des profils de vins dont la commercialisation à grande échelle est relativement récente – comme les Pet’Nat ou les vins orange – là aussi les mythes sont légion. Dans le dernier cas, les trois-quarts des consommateurs n’en ont jamais entendu parler (certains pensent même qu’il s’agit d’un vin fortifié avec une liqueur d’orange), alors que pour les Pet’Nat, seuls 11% d’entre eux le connaissent, bon nombre de consommateurs estimant qu’il s’agit d’un outil pour trier les raisins ! Pour ce qui est des vins à l’aspect trouble, seules 29% des personnes interrogées en boiraient ou en serviraient à leurs invités.


« Dans le monde du vin, beaucoup de consommateurs ont du mal à départager le vrai du faux », observe Marks & Spencer, qui estime que ce manque de connaissances freine considérablement l’appréciation du vin. « L’étude #WineWorries que nous avons publiée l’été dernier a démontré qu’il est plus que jamais urgent de démystifier le rayon vin ». Et d’affirmer qu’un quart des répondants reconnaissent passer, perplexes, plus de 10 minutes devant le linéaire, temps qui passe à plus de 15 minutes chez les moins de 25 ans. « En réalité, les craintes chez les moins de 35 ans sont tellement importantes qu’ils ont davantage peur de se tromper dans le choix du vin pour le repas du soir, que de prendre l’avion ! »
*Le sondage a été réalisé du 24 mai au 4 juin 2024 par OnePoll auprès de 2 000 consommateurs de vin majeurs