’où vous est venu l’idée de team building autour de la dégustation de vins ?
Ingrid Coiffet : La demande m’était régulièrement formulée. Les premières fois, j’ai décliné. Je venais de lancer l’entreprise et par syndrome de l’imposteur, j’avais du mal à me projeter. Et puis j’ai compris qu’il y avait peut-être quelque chose d’intéressant à faire. Alors pour être légitime, j’ai contacté l’Ecole des vins et des Spiritueux à Paris et j’ai demandé à pouvoir faire la Formation « EVS en vins Français – Niveau 3 », j’ai obtenu mon diplôme en février 2023, avec la mention bien. Au final, il s’avère que j’adore animer ces ateliers, transmettre ma passion et partager ces moments de rire avec mes clients !
Quelles sont les modalités pratiques de votre offre ?
J’ai commencé à officiellement lancer l’offre il y a un an. En pratique, l’atelier se déroule sur 1h30. Je prends les groupes jusqu’à 30 personnes maximum et 4 cuvées françaises sont à déguster. Au-delà de 30 personnes, on perd trop sur la qualité d’échange, et donc la solution consiste à diviser en groupes. Le tarif est fonction du lieu de la prestation (car l’idée, c’est que je me déplace en leurs locaux pour leur faire gagner en temps et en simplicité), de la formule choisie et du nombre de participants. La tarification s’effectue donc sur devis.
Quels sont les résultats/spécificités que vous observez par rapport à un team building classique ?
Je dirais que l’activité est fortement fédératrice et porteuse de convivialité. A la condition d’avoir la culture d’entreprise qui s’y prête. Ma cible idéale, c’est l’entreprise dans laquelle il existe déjà une culture de la convivialité et du pot d’entreprise. Celles qui savent célébrer. Celles-ci vont adorer mes ateliers ! La spécificité de mes ateliers, c’est aussi l’accessibilité. Je m’explique : certains team building peuvent être un peu stressants pour les participants. Par exemple, des activités très sportives en groupe vont être source de stress pour certains, qui ne sont pas du tout sportifs. Là, les participants viennent, mettent les pieds sous la table et profitent ! En France, le vin fait partie de notre culture et donc on va avoir un double effet positif qui rend l’activité très agréable : la détente liée au côté ludique et l’aspect pédagogique culturel. Et pour les équipes internationales (car je les fais aussi en anglais), elles adorent le vin qui à leurs yeux symbolise l’image glamour de la France !
Quels sont vos objectifs lors d’une séance : créer de la convivialité entre salariés, faire passer de la pédagogie sur les vins… ?
Mon objectif est d’être fun et démocratique. Je prône une œnologie à la portée de tous et décomplexée. L’idée, c’est de se distancer de la dégustation que je qualifierai de « remplissage de verres », qui peut être très ennuyeuse, voire complexante. Je veux des ateliers basés sur le jeu et la surprise, qui vont faire repenser aux participants leur vision et leur consommation de vin. Je veux les amener à plus de conscience de ce qu’est le vin. Il ne s’agit pas de se la jouer blingbling ou élitiste, mais de transmettre les bases de la culture. Pour cela, j’utilise l’expérimentation et surtout, je m’adapte aux différents niveaux des participants.
Quand ils arrivent, je fais en sorte qu’ils ne sachent pas ce qui les attend. Au programme, nous commençons donc par une cuvée dégustée à l’aveugle, en verres opaques. C’est la première surprise qui fonctionne très bien car je leur fais deviner la couleur (en l’occurrence un rosé), qu’ils ne trouvent quasiment jamais. Je leur démontre ainsi toute la part de subjectivité inhérente à la dégustation... Ensuite, je peux rajouter un deuxième verre et je leur sers le même vin, carafé et non carafé. Cela me sert à leur faire prendre conscience de l’importance de bien servir un vin et que le même vin peut avoir 2 aspects très différents, selon comment on s’y prend.
On joue aussi en équipe à deviner les arômes avec les coffrets du nez du Vin. C’est toujours un vrai succès ! Je propose également des formules en accords mets et vins, où par exemple, je fais découvrir le bel accord très méconnu du liquoreux avec le fromage à pâte persillée. A la fin du team building, ce qui revient souvent c’est « je n’aurai pas cru que... » J’aime surprendre pour apporter cette approche différente, consciente et expérimentale, le tout dans la bonne humeur. Je dis souvent que mon indicateur de réussite de mon atelier, ce sont les fous rires !
Quel est le cadre légal de la consommation de vin en entreprise ?
Il y a 2 niveaux : le cadre légal à proprement parler et celui du règlement intérieur. Au niveau du cadre légal, la consommation d’alcool relève de la question des libertés individuelles, donc en soit, est autorisée. Les alcools autorisés en revanche sont bien définis : cidre et poiré, bière et vin. A savoir pour la petite histoire, que le champagne est donc en réalité... interdit ! Il s’agit en effet d’une très vieille loi. Ensuite, il relève de la responsabilité du chef d’entreprise d’organiser le retour au domicile du collaborateur, si celui-ci n’est pas en mesure de reprendre le volant. Au niveau du règlement intérieur, il est possible d’adopter des mesures plus contraignantes que la loi et de réduire, voire interdire la consommation d’alcool.
Au demeurant à mon niveau et étant moi-même chef d’entreprise, la première qui ne veut aucun risque avec l’alcool, clairement c’est moi. Donc je fais en sorte que le risque lié à l’acool soit un non-sujet ! Concrètement, j’utilise des verres INAO (plus petit) et je sers une dose de dégustation. Tant et si bien qu’à la fin de l’atelier chaque participant a consommé au maximum l’équivalent de 2 verres de vin. Je mets aussi à disposition les crachoirs. Dans les faits, très clairement personne ne crache car peu sont à l’aise avec le geste. En revanche, ils sont souvent utilisés pour verser le reste de son verre car rares sont les gens (surtout les femmes) qui apprécient les trois couleurs. En conséquence directe, rares sont les participants qui repartent en ayant bu tous leurs verres ! Mais encore une fois, l’objectif n’est pas de remplir les verres et vendre les vins en suivants !
Comment s’adapter aux équipes dont des membres ne consomment pas d’alcool ?
Les non-buveurs sont souvent tout de même très intéressés, car amenés eux-mêmes à acheter et servir du vin à leurs convives à la maison ! Au demeurant, je tiens à ce que les ateliers soient inclusifs et je veux embarquer tout le monde. Dans ce cas, ils peuvent utiliser les crachoirs. Mais je propose aussi d’inclure une cuvée sans alcool (auquel cas eux seuls sont au courant, c’est plus marrant) ou alors, nous faisons une dégustation d’eaux minérales (eaunologie), en plus des vins.