ix jours avant l'évènement, le déjeuner organisé au château Gaillard dans le cadre du festival Bienvenue en Beaujonomie affiche complet. Le vigneron Sébastien Gutty a bon espoir de remplir les places vacantes au dîner. Depuis que l'interprofession a lancé le concept, il est de toutes les éditions. Cette année encore, une cinquantaine de maisons et caves du beaujolais y participe proposant différents types de repas et animations le temps d'un week-end, du 14 au 16 juin.
« La communication et la billetterie sont gérées par InterBeaujolais, donc c'est plutôt facile pour les vignerons », apprécie Sébastien Gutty, qui se contente d'un post sur facebook. Pour la cinquième fois, il se prépare à recevoir dans sa cave cinquante convives autour d'un repas à 37 € concocté par un restaurateur local. Comme d'habitude, la moitié des inscrits est issue de la région lyonnaise, l'autre vient de plus loin : Paris, Belgique, Pays-Bas... Le vigneron a choisi un positionnement prix abordable : « L'idée est simplement de proposer aux gens de passer un bon moment, partage le vigneron. C'est peut-être pour cela que j'ai du monde et que je vends du vin ! Les années précédentes, j'ai vendu 250 à 300 bouteilles sur la journée. Et beaucoup de gens reviennent. »


Au château des Moriers, Anne-Victoire a aussi l'habitude de vendre lors de cet événement, auquel elle participe pour la troisième fois. « J'ai un positionnement prix intéressant pour les convives, donc il leur reste de l'argent pour m'acheter du vin après le repas », analyse-t-elle. Celle qui aime marier les goûts et les cultures recevra 40 personnes autour d'un déjeuner libanais à 55 €. L'an passé, elle proposait de la cuisine fusion franco-japonaise. « La moitié des convives vient de la région lyonnaise, donc connaît déjà la cuisine locale, explique-t-elle. Et nos vins assez frais se marient avec d'autres types de cuisine. »
Le choix des accords mets et vins, en amont de l'évènement, passionne Nelly Carron, des Coteaux de Saint Abram. « Les échanges que nous avons avec le chef nous aident à connaître encore mieux nos vins », assure-t-elle. Elle propose un déjeuner à 30 € le samedi et 55 € le dimanche. « Cet événement nous permet d'étoffer notre clientèle car l'interprofession a les moyens de communiquer vers un public très large, constate-t-elle. Sur l'année, nous organisons aussi une portes ouvertes et un marché artisanal au domaine. Et sur ces trois évènements, nous avons des visiteurs aux profils très différents ! » Sur Bienvenue en beaujonomie, tous n'achètent pas de vin. « Certains estiment avoir payé juste une prestation et partent après le repas. D'autres prolongent les échanges et achètent du vin. »
Au château des Jacques, qui participe pour la troisième fois, « la soirée se finit tard donc les gens ne passent pas à la boutique, indique la directrice d'exploitation Julie Pitoiset. L'objectif est plutôt de faire parler du château que de vendre du vin le jour J. » Il faut dire qu'avec un « dîner hors du temps » à 190 €, le château a mis le paquet cette année pour célébrer son centenaire : dîner gastronomique des années 1920, acteurs en costume d'époque, vieux millésimes à déguster. La vingtaine de places mise en vente est déjà achetée, souvent par des gens connaissant le château, curieux de le voir sous un angle différent.
« Bien sûr que je vends un peu de vin, bien sûr que c'est de la communication, mais je gagne peu d'argent sur cet événement», confie pour sa part Julien Frappa, du domaine L'oiseau de Passage, qui participe « d'abord pour le plaisir ». Pour lui qui a travaillé dans le milieu culturel avant d'embrasser le métier de vigneron, la beaujonomie est un moyen d'allier ses passions. Après avoir testé le concept l'an dernier, il propose une soirée « trois accords » à 95 €, épaulé par le chef d'un restaurant gastronomique et un jazzman. Le premier se charge des accords mets/vins, le second improvise à chaque plat un morceau de musique en fonction de ce qu'il ressent à la dégustation. Chacun des trois professionnels explique sa façon de travailler. Et chacun communique auprès de son réseau, ce qui favorise le brassage de la clientèle.