e saviez-vous ? Quelle que soit la formulation du produit cuprique, c’est l’ion cuivrique (Cu2+) libéré en milieu aqueux qui agit contre les champignons ou les bactéries pathogènes au vignoble. Une fois solubilisé dans la bouillie, le cuivre peut se fixer à la surface des spores de Plasmopara viticola, agent pathogène responsable du mildiou de la vigne. Les ions Cu2+ altèrent la semi-perméabilité de la membrane ce qui leur permet de pénétrer à l’intérieur des spores, et de perturber ainsi les activités respiratoires, enzymatiques et membranaires du mildiou. En agissant ainsi à plusieurs niveaux du métabolisme, l’ion cuivrique est dit "multisite", une particularité très intéressante, puisqu’elle minimise les risques d’apparition de résistance.
Les produits cupriques sont strictement préventifs puisqu’ils agissent sur les spores dont ils empêchent la germination. Pour être efficaces, il faut donc les appliquer avant les pluies contaminatrices qui provoquent la dispersion des spores et l’infection du végétal. En effet, ces dernières ne peuvent germer et pénétrer dans les feuilles ou grappes que sous certaines conditions, dont la présence d’eau. Une fois que le champignon a pénétré dans les organes de la vigne, le cuivre ne peut plus bloquer le développement de la maladie. Il a en revanche une action secondaire sur la maturation des sporanges et le relargage des spores : en application sur les sporulations, en situation de rattrapage, il permet de réduire le potentiel de réinfection des sporulations en cours ou matures. A côté de ses propriétés fongicides sur le mildiou, le cuivre développe une action secondaire et indirecte sur l’oïdium, …
Elément naturel, le cuivre est un oligo-élément essentiel au bon fonctionnement cellulaire des organismes vivants, à condition qu’il ne soit pas présent en excès. En faible quantité, il joue un rôle primordial dans plusieurs métabolismes comme la photosynthèse, la respiration, la formation des parois cellulaires et les fonctions reproductives des cellules. Les plantes sont capables de finement réguler le taux de cuivre, grâce à l’homéostasie, processus de régulation qui permet à un organisme de maintenir l'équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes. C’est ce même processus qui permet à l’être humain de réguler des paramètres aussi essentiels que la température corporelle, la glycémie, la pression sanguine ou le rythme cardiaque. Avec le cuivre, il faut donc arriver à un subtil équilibre entre un apport suffisant, parce qu’il est essentiel aux métabolismes de la plante, et une surcharge susceptible d’avoir des effets nocifs à certains stades et sous conditions de stress. Les cellules végétales ont, en effet, des mécanismes de protection efficaces (exclusion, séquestration), alors que les cellules de champignons sont très sensibles au cuivre.
En altérant la perméabilité des membranes du mildiou, l’ion cuivre permet de lutter sur vigne contre le mildiou et présente un effet indirect sur oïdium.
Naturellement présent dans l’environnement, le cuivre est un minerai stratégique, exploité et utilisé dans bien d’autres secteurs que l’agriculture, comme l’industrie médicale, l’électronique et l’électrique. Il est également très demandé dans certaines technologies essentielles pour la production et le stockage des énergies renouvelables. Nos besoins croissants en énergie ‘propre’ dans le cadre de la réduction des émissions de carbone pourraient alimenter la hausse des cours de ce métal très convoité. Point positif, le cuivre est un élément recyclable à l’infini. Le cuivre contenu dans les anti-mildiou pour la vigne provient souvent de cuivre recyclé, qui conserve toutes ses propriétés chimiques.
Le sujet du cuivre vous intéresse ? Vous voulez en savoir plus sur les doses, la question de l’efficacité des produits en fonction de leur formulation, la résistance au lessivage, les effets sur les autres pathogènes, la réglementation, la gestion des traitements en fonction de la pression mildiou ? Accédez à la suite de l’article et plus encore, d’un simple clic : Protection de la vigne contre le mildiou : Le cuivre n’a pas dit son dernier mot.