On s’en sort bien pour l’instant avec peu de tâches de mildiou, témoigne Antoine Chevalier, viticulteur bio sur 2,5 ha à Vitry en Perthois dans le sud de la Marne. Les pluies régulières rendent les interventions difficiles. C’est un début de campagne stressant. Nous n’avons pas d’inquiétude majeure, mais je reste néanmoins très prudent. Nous savons que nous allons avoir des sorties car la récurrence des pluies a généré plusieurs cycles d’incubation ». Guillaume Greil, ingénieur agronome dans le cabinet de conseil Viti-Concept, constate lui aussi que la situation est globalement sous contrôle, mais qu’elle peut évoluer. 26 % des parcelles suivies par Viti-Concept ont au moins une tâche de mildiou sur feuille et 2 % des parcelles dépassent les 20 % de fréquence. C’est dans le Sézannais que le mildiou a été repéré en premier, mais toutes les régions sont impactées. « Les vignerons savent qu’il ne faut pas se laisser dépasser, précise Guillaume Greil. En conventionnel, on en est à quatre traitements et en bio à six passages ». Ce que confirme Antoine Chevalier : « J’en suis à six passages. Ce que nous a appris l’année 2021, c’est qu’il faut intervenir rapidement après une pluie. Il ne faut pas hésiter à sortir le chenillard pour intervenir 24 h après une pluie et non 48 h ».
Dans les avertissements agricoles publiés le 21 mai, le Comité Champagne prévoit le stade « pleine fleur » pour début juin, avec quatre à cinq jours d’avance par rapport à la moyenne décennale. Les premières fleurs devraient être repérées fin mai dans les secteurs précoces de chardonnay. Au 21 mai, le Comité Champagne constatait 8 à 9 feuilles étalées pour le chardonnay, 7 à 8 feuilles étalées en pinot noir et 7 feuilles étalées en meunier.
Le gel d’avril a entrainé des pertes estimées à 9,2 % sur l’ensemble de l’appellation, avec des pertes plus importantes dans le Barsuraubois, le vignoble Haut-Marnais et le Barséquanais.
La grêle du 12 mai a détruit 70 % de la récolte de 400 à 500 ha, principalement à Barzy-sur-Marne, Passy-sur-Marne et Trélou-sur-Marne.
Concernant l’oïdium, le Comité Champagne souligne que les différents indicateurs mis en place montrent que le risque oïdium serait faible à modéré en ce début de campagne.
Outre le mildiou, c’est la gestion de l’herbe qui est au centre de toutes les attentions. Les vignerons sont attentifs à ne pas revivre la situation de 2023, où l’herbe avait poussé très vite, obligeant de nombreux viticulteurs à passer dans les vignes avec leur rotofil. « J’ai pu travailler le sol en mars, ce qui a conditionné la suite, témoigne Antoine Chevalier. Pour le moment tout se passe bien ». Guillaume Greil constate que le travail du sol ou la tonte n’ont pas été simples à mener sur des sols détrempés, notamment ceux en pente. « Le travail du sol ne peut pas toujours se faire de manière idéale, précise-t-il. On voit des amas de terre qui rendent les rangs moins praticables pour ceux qui ébourgeonnent. Des vignerons ont été obligés d’utiliser le rotofil. Ils auraient aimé mieux anticiper mais cela n’a pas été possible ». La difficulté à gérer l’enherbement depuis 2021 a incité une partie des vignerons à avoir recours aux désherbants. « Ce n’est un retour en arrière, estime Guillaume Greil. C’est plutôt une gestion ponctuelle d’un problème. Ils ont choisi de se donner un peu de répit. Ils ont d’ailleurs enchaîné par le travail du sol ».
Le potentiel de production est globalement bon, excepté dans les zones gelées ou grêlées. Tous espèrent un retour durable du soleil.