n printemps à plainte tube : deux actions en justice défraient les chroniques viticoles. À Bordeaux, le négociant Castel Frères ne digère pas la manifestation l’ayant visé fin février au siège de Blanquefort et poursuit depuis fin avril trois syndicats agricoles girondins (Jeunes Agriculteurs, FDSEA et le porte-parole du collectif Viti 33), mais a priori pas les manifestants languedociens ayant bloqué son site de Béziers (fin janvier et début février). Dans le Languedoc, deux viticulteurs poursuivis dans le cadre de la plainte pour violation de domicile du président du syndicat Pays d’Oc IGP nient toute infraction ou menace, parlant de simple visite matinale (vers 6h30 a priori) pour discuter (avec une vingtaine de participants semble-t-il) et envisagent même de répliquer par une attaque en diffamation pour leur mise en cause (dans l’enquête préliminaire, avec garde à vue et désormais audience). Si ces deux procédures vont jusqu’au bout (des échanges bordelais se poursuivraient…), la justice aura sans doute à disserter sur la distinction entre ce qui semble légitime aux uns et ce qui est illégal pour les autres. Comme l’écrit Montesquieu dans le livre XI de l’Esprit des lois : « dans un état, c’est-à-dire, dans une société où il y a des lois […] la liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent ».
Au final, il restera toujours dans la filière des divisions irréconciliables, qu’elles viennent de ceux faisant valoir leurs droits comme de ceux jouant les vierges effarouchées… Que les uns aient tort ou les autres raisons selon la sensibilité de chacun dans la filière et nos lectorats, ces tensions tombent en pleine crise viticole : qui ne semble pas encore être arrivée à son paroxysme. De quoi imaginer des lendemains qui continuent de déchanter et de se déchirer dans le vignoble : les plaies ouvertes ne seront pas guéries par des décisions de justice (pour peu qu'elles ne partent pas en deuxième instance). Les multiples dissensions s’exprimant au sein de la filière nécessiteront un traitement de choc pour espérer une union aussi nécessaire qu'espérée par tous. « La paix ne peut pas s'acheter, parce que celui qui l'a vendue n'en est que plus en état de la faire acheter encore » rappelle Montesquieu dans ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence.