arlementerroir. Disparu ce mercredi 8 mai à 89 ans, Gérard César était avant tout viticulteur. Comme en témoigne l’affiche du ministère de l’Agriculture qui trônait dans sa mairie de Rauzan : « buvez du vin et vivez joyeux ». Édile du village de l’Entre-deux-Mers de 1974 à 2022), Gérard César aura cumulé les fonctions et les élections : président de la Chambre d’Agriculture de Gironde (jusqu’à l’an 2000), conseiller général (1973-1971), député de Gironde (1976-1981 puis 1986-1988) et inoxydable sénateur (de 1990 jusqu’à 2017 et la loi sur le non-cumul des mandats locaux et nationaux). Il « avait démissionné de ses derniers mandats [en 2022], à la suite d’un accident de tracteur survenu en mars 2022 » rapporte le Sud-Ouest. Gérard César laisse à la filière vin le fruit de ses nombreuses mobilisations pour elle.
Président fondateur du groupe d’études vigne et vin au Sénat en 2004, le viticulteur assumait de se battre pour la défense du secteur vitivinicole. « Le lobby viticole, c’est la culture du vin » balayait-il en novembre 2015, en pleins débats sur la clarification de la loi Evin (pour permettre information sur l’activité et le tourisme dans le vignoble). Le sénateur assumait l’existence d’un lobby pro-vignoble, comme il dénonçait la fermeture à tout dialogue du lobby anti-vin. Prônant la consommation modérée de vin, « ce n'est pas le produit qui pose problème : c'est l'excès, le comportement à risque » martelait-il lors d’une question à la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 7 juillet 2016 en réaction à un rapport de la Cour des comptes concernant les politiques de lutte contre les consommations nocives d'alcool. Si « la priorité est de privilégier l'éducation, la prévention et la protection, en particulier des jeunes et des populations à risque », le sénateur pointait un sujet d’actualité brûlante aujourd’hui, la déconsommation : « la consommation de vin dans notre pays a baissé de façon constante, à hauteur de 66 % en cinquante ans, et de 20 % ces dix dernières années ».
Autres sujets toujours d’actualité : la difficulté purement administrative de vendre du vin aux particuliers en Europe empêchant « le développement de nos ventes en Europe et compenser ainsi la baisse inexorable de notre consommation hexagonale » (question du 7 novembre 2013), le défi de l’assurance climatique face au rythme plus soutenu des aléas qui « posera toujours le problème de la garantie de la réassurance » (question du 22 août 2013 après les orages de grêle du 2 août 2013 dans l’Entre-deux-Mers), la prise en otage des vins dès qu’il y a un début de conflit commercial international comme avec la menace de boycott chinois des vins il y a 10 ans « à la suite de la décision de la Commission européenne de lutter contre le dumping chinois sur les exportations de panneaux solaires en Europe, en les surtaxant, la Chine envisage des mesures de rétorsion sévères sur les exportations européennes, en particulier de vin » (question du 22 juin 2013), l’enjeu de la régulation de l’accroissement de la production pour éviter de « planter des vignes sans restriction [car] un telle libéralisation perturberait gravement le marché, l'équilibre économique, ainsi que les équilibres sociaux et environnementaux et mettrait en danger la vitiviniculture » (question du 12 juillet 2012)…
« Fervent défenseur de la viticulture, la Gironde et la France perdent l’une de leurs grandes figures ! » résume sur X la sénatrice bordelaise Nathalie Delattre (parti Radical).