e plan Ecophyto est relancé. Après trois mois de pause pour calmer la colère agricole, le gouvernement a présenté ce lundi 6 mai sa nouvelle stratégie visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.
Il confirme son objectif d’une baisse de 50 % d’ici 2030 mais change de méthode pour la calculer. Le gouvernement troque le NODU, le nombre de doses unités, contre le HRI-1, l’indicateur européen de risque harmonisé, calculé en multipliant les quantités de substances actives mises sur le marché par un facteur de pondération lié à la dangerosité de ces substances, sans tenir compte des doses d’application. La période de référence est désormais la moyenne des années 2011-2013, contre 2015-2017 auparavant.


« En faisant le choix d’un indicateur "trompeur" puisqu’il affiche une baisse de 32 % de l’usage des pesticides entre 2011 et 2021, alors que le NODU a augmenté de 3 % pendant la même période, le gouvernement vient de donner satisfaction aux syndicats agricoles FNSEA et Coordination rurale qui ne voulaient plus entendre parler d’objectif de réduction de l’usage des pesticides » s'agace dans un communiqué l’ONG Générations Futures.
Le ministère de l'Agriculture justifie ce choix par la nécessité d’une harmonisation européenne. Il promet un bilan à la fin de l’année et a déjà demandé à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de travailler avec ses homologues européens à des propositions afin d’amélioration du HRI1. Il continuera en parallèle à calculer le Nodu pour les produits CMR1, CMR2, et le glyphosate, « pour ne pas casser sa série statistiques ».
Pour appliquer sa promesse « pas d’interdiction sans solution », le gouvernement a fléché 146 des 250 millions d’euros de budget 2024 de la stratégie Ecophyto vers le plan « Parsada » d’anticipation du potentiel retrait au niveau européen des substances actives et du développement des alternatives.
En viticulture, ce plan doit encourager l’étude du cycle sexué du mildiou, de l’oïdium, et du black-rot, de faciliter le monitoring des résistances, et d’aider à la constitution de demande d’autorisations de mise sur le marché (AMM) pour les produits de biocontrôle. Il doit aussi favoriser les travaux sur la réduction du cuivre et la création de nouveaux cépages résistants.
Le gouvernement prévoit par ailleurs de maintenir le réseau de fermes Dephy et de faire des 192 exploitations agricoles des établissements publics d’enseignement agricole des lieux de démonstration exemplaires. Il dédie 50 millions d’euros à l’aide à l’acquisition de nouveaux agroéquipements et 10 millions pour financer la surveillance biologique du territoire et la rénovation du bulletin de santé du végétal.