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Foi de vigneron gestionnaire, "si on attend l’impasse, les banques ne font rien pour vous"
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Procédure collective
Foi de vigneron gestionnaire, "si on attend l’impasse, les banques ne font rien pour vous"

Ponte des vins du Médoc, Jean Guyon préfère prévenir les difficultés de trésorerie tant qu’elles peuvent être anticipées avec le tribunal, plutôt que de les subir quand il est trop tard et que les banques ne veulent plus suivre…
Par Alexandre Abellan Le 09 mai 2024
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Foi de vigneron gestionnaire,
Jean Guyon a réduit ses dépenses en ne postulant au classement 2025 des crus bourgeois que pour une seule de ses 4 propriétés précédemment classées : le château Greysac. - crédit photo : DR
E

ntre fossé des ventes et mur des encours bancaires, la ligne de crête financière peut rapidement devenir glissante pour les domaines viticoles plombés par l’inflation des intrants. Il ne faut pas attendre qu’il soit trop tard pour agir plaide Jean Guyon, le propriétaire des domaines Rollan de By (185 hectares de vignes à Bégadan, pour 8 châteaux dans le Médoc*), qui ajoute : « c’est du vécu ». Le vigneron vient en effet d’obtenir une ordonnance du tribunal de Commerce de Bordeaux ce 12 avril qui « prononce la suspension provisoire des poursuites pour une durée de 2 mois ». Soit une conciliation agricole demandé au tribunal par sa société, La Haute Couture du Vin by Jean Guyon, pour rassurer ses banques.

« Nous étions en négociation avec les banques sur un étalement de nos encours pour remettre en place la machine commerciale et ne pas se bloquer par manque de trésorerie. Après avoir été divisé par deux depuis le covid, notre chiffre d’affaires doit  retrouver un rythme de croisière cette année, mais nous allons manquer de trésorerie (avec l’impact de la baisse d’activité, de la flambée des crédits flottants, des hausses de l’électricité…). Les banques étaient prêtes à suivre, mais ont demandé de passer par le tribunal pour couvrir leur décision. La juridiction a conforté la banque » indique Jean Guyon, rapportant que la décision de justice lui permet de « réétaler ses crédits sur deux ans, en ne remboursant que les intérêts, les capitaux étant reportés ».

Il faut arriver avec un bon dossier

En matière de trésorerie pour Jean Guyon, « il faut prend des mesures en avance, si on attend l’impasse, les banques ne peuvent plus rien. Mais il faut arriver avec un bon dossier, sinon on va dans le mur .. Si le tribunal voit que la société  tient la route et tourne malgré le covid et la guerre en Ukraine, ça aide. Mais il ne faut pas attendre, sinon le dossier ne tient plus. Et quand il est trop tard, ça fait paniquer. » Ayant été assisté par un avocat spécialisé dans les opérations de procédure collective, Jean Guyon espère que son cas particulier pourra ouvrir les yeux à d’autres vignerons voyant les difficultés économiques s’amonceler. L’objectif étant de maintenir l’activité pour rebondir commercialement. « Il faut arriver à faire de ses vins une marque et communiquer autrement pour parler aux consommateurs. En les faisant rêver sur votre l’endroit de production ils viendront vous voir .

 

* : Les châteaux Rollan de By, Haut Condissas, Tour Seran, La Clare, La Rose de By, Greysac, de By et du Monthil.

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Tous les commentaires (2)
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DARIUS Le 13 mai 2024 à 08:56:25
Les vieux disaient "les grosses propriétés font les gros bénéfices quand tout va bien et les grosses pertes quand tout va mal."
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bill et boule Le 09 mai 2024 à 08:25:22
OK, bien noté, il y a donc conciliation et pour deux petits mois donc mai juin . Et il y a déjà sur le coup un des mandataires liquidateurs bordelais les plus connus . La difficulté dorénavant va être de vendre le vin car autant les acheteurs sont laissées dans l ignorance d un règlement amiable ( par définition non publié ) , autant la sauvegarde, la conciliation ici et bien entendu la cessation de paiement et l état éventuel de rj qui s ensuit sont publiés et alors là, gare à l effet répulsif vis a vis des acheteurs .Les périodes d observation 1 , 2 et 3 s enchaînent alors irrémédiablement et il faut tres vite obtenir la cntinuation ou la reprise sinon c est la liquidation .Le second enseignement de cette interview est que le classement des crus bourgeois du medoc , loin d être considéré comme une bouée de sauvetage , est considéré ici bien au contraire comme un poids mort dont il faut se débarrasser. Jean Guyon est un homme d affaires avise , qui fait de très beaux vins , et son témoignage résonne comme un avertissement utile à l intention des pouvoirs publics ( notamment la sous prefecture de Lespparre , depuis longtemps en alerte ) et de l interprofession. Avec Rémi Lacombe ( loi egalim) il s agit de l exploitant medocain dont la s.a.u est parmi les plus considérables la presque île. Si Jean éternue a Begadan c est que le Médoc ( hors gcc et ugc) est vraiment très très malade. Et la vision presidentielle de début 2025 paraît lointaine. Le député de la circonscription, basé à Lesparre , assiste à la rapide dégradation de la situation mais il est dans l opposition , ce qui limite son champ d intervention. Quant au civb dont on célèbre ce week-end un mois d inertie depuis la réunion avec l intersyndicale , il semble toujours considérer que cette crise concerne le vrac rive droite . Or Jean fait de la bouteille et il est bien sur la rive gauche , ce qui prouve que les difficultés métastasent à grande vitesse. A quand l appel à la solidarité entre châteaux petits et grands et entre producteurs et négociants, sans oublier la grande muette qu est devenue la fbf ( fédération française des banques ) ? Le civb et le préfet doivent reprendre le lead , et vite mais en ont ils l envie ?
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