ix jours après les gelées advectives et radiatives des 22 et 23 avril, Basile Pauthier a encore du mal à se faire une idée précise de l’étendue des dégâts de gel en Champagne. « Nous n’avons pas encore de chiffres solides car les vignerons n’ont pas l’habitude de faire des estimations sur des stades phénologiques aussi avancés » explique le chef de projet agrométéo pour le comité interprofessionnel du vin de champagne (CIVC).
Les dégâts sont essentiellement visibles sur les 8 000 hectares du vignoble de la Côte des Bars, « comme c’est souvent le cas », et, « dans une moindre mesure », celui du nord de la montagne de Reims, où la température est tombée à -4°C. « Ils sont très variables entre pinot noir et chardonnay et très hétérogènes au sein d’un même village. Sur des distances très courtes, les dégâts peuvent aller de 5 à 100 % » continue Basile Pauthier. Ils ont été favorisés par l’exposition des vignes, la présence de forêts sur les hauts de coteaux, et le passage d’une petite averse accompagnée de grêlons dans la nuit du dimanche au lundi.
Dans la Marne, l'Aube et l'Aisne, le Syndicat Général des Vignerons (SGV) estime à l’échelle de tout le vignoble que les pertes s'établissent à environ 10 %.
Depuis l’évènement Basile Pauthier reçoit de nombreux appels de vignerons cherchant à investir dans un bon système de protection contre le gel. Fin avril, ils ont déjà déployé leurs systèmes d’aspersion, mis en route leurs tours antigel, installé câbles chauffants, des câbles radiants, des chaufferettes à pellets, des bougies, allumé des feux de paille… « En dernier recours, certains ont même incisé des morceaux de troncs de bois et percé un trou au milieu pour en faire des torches scandinaves » témoigne le chargé de projet.
L’aspersion, les chaufferettes à pellets "Viti-Chauffe" ont selon lui donné les meilleurs résultats. « Les tours antigel ont limité mais pas évité tous les dégâts. Pareil pour les câbles chauffants et radiants ».