uand je serai grand, je serai… Médecin ? Pompier ? Astronaute ? Mais combien d’enfants se rêvent tractoristes, vignerons ou maîtres de chai ? Pas assez pour le mouvement l’Appel de la Vigne, tout juste lancé par six grands crus classés de Bordeaux (châteaux Les Carmes Haut-Brion en Pessac-Léognan, La Conseillante à Pomerol, Gruaud Larose à Saint-Julien, Latour à Pauillac, Palmer à Margaux et Yquem à Sauternes).
Ayant organisé à la Cité du Vin de Bordeaux ce 12 mars une soirée de présentation de neuf métiers de la vigne (tractoriste, vigneron polyvalent…) au milieu éducatif girondin (conseillers d’orientation, responsables d’établissements scolaires) et ce 12 avril une matinée d’échange avec des jeunes (collégiens, lycéens…), ce collectif bordelais veut que « ceux travaillent dans la vigne fassent connaître à l’extérieur leurs parcours personnels et leur épanouissement dans la participation à la création de grands vins » résume Sabrina Pernet, la directrice technique du château Palmer et porte-parole de l’Appel de la Vigne.
La passion et l’accès aux métiers du vin, ce sont ceux qui les pratiquent qui en parlent le mieux. « C’est facile de rentrer à la vigne comme saisonnier, si tu as la volonté et pas trop la flemme, alors tu seras pris » témoigne ce 12 mars Quentin Robinet, devenu tractoriste (les Carmes haut-Brion) de fil en aiguille (après un BTS et des expériences en Nouvelle-Zélande). Si le travail à l’extérieur est épanouissant, « à la vigne, il y a beaucoup de changements, beaucoup de frustrations. Surtout quand on prend un orage de grêle, qu’il gèle… Dans ces cas-là, on a tout fait bien et la vigne ne donnera rien. Alors on a envie de tout abandonner, de changer de métier. On y a tous pensé et c’est normal » reconnaît Anne Biscaye, vigneronne château Lapelletrie (Saint-Émilion Grand cru).


Mais « la joie de vivre à la vigne, c’est possible. Le travail à la vigne, ce n’est pas un métier triste » lance Romain Meynad, vigneron polyvalent (au château Gruaud Larose), ayant toujours rêvé d’être gendarme et jamais envisagé d’être vigneron (le métier de ses parents). Au final, « l’appel de la vigne, c’est l’appel de la vie pour moi. Chaque jour je développe mes connaissances. Chaque jour je suis sur mon terrain d’entraînement, de contemplation du vivant » témoigne Stéphanie Decoulgent, vigneronne polyvalente (au château Latour) revendiquant ne rien négliger dans son métier et sa féminité (grand chapeau pour les vendanges l’été et ongles faits pour la taille l’hiver).
Donnant la parole aux mains du vin, l’Appel de la Vigne veut créer des points d’attrait et d’entrée pour susciter des vocations : par un stage de seconde, un emploi saisonnier, une formation ou une candidature… Reposant sur 6 membres fondateurs, l’Appel de la Vigne souhaite accueillir d’autres propriétés « pour valoriser au mieux ces métiers de la vigne » conclut Sabrina Pernet, appelant les domaines intéressés à contacter l’adresse mail : appeldelavigne@gmail.com.