e vote n’a pas fait un pli lors de l’assemblée générale du syndicat de Touraine Chenonceaux le 21 mars à Saint-Georges-sur-Cher. Les vignerons et vigneronnes présents ont dit oui à l’AOC, et ont mandaté leurs élus pour instruire leur demande auprès de l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao=. Une décision qui ouvre un nouveau chapitre pour cette dénomination géographique née en 2011 et qui était arrivée à la croisée des chemins. « Elle va poursuivre sa route et encore se développer, déclare, non sans émotion, Luc Poullain, à la tête du syndicat depuis plus de 10 ans et qui s’apprête à passer le relais. Nous avons tant progressé déjà en surface (165 hectares), en volume (près de 10 000 hectolitres récoltés en 2023), et nos ventes n’ont cessé de croître ».
Décrocher l’AOC est une volonté logique aux yeux des producteurs de Touraine Chenonceaux. « Quitter l’AOC Touraine pour devenir une appellation à part entière a été la voie à suivre dès le début, l’objectif de ceux qui se sont mobilisés pendant des années pour la reconnaissance de la dénomination, notamment Alain Godeau et Thierry Michaud », confie un vigneron.
L’AOC viendrait, pour les opérateurs de la dénomination, couronner un pari réussi sur la qualité des vins (terroirs sélectionnés, élevage plus long qu’en AOC Touraine, dégustation qualitative à l’aveugle pour l’attribution de la dénomination avant mise en marché des lots présentés), du packaging (bouteille exclusive) et sur la valorisation commerciale. Les Touraine Chenonceaux blancs, issus de sauvignon (80 % des volumes de la dénomination) se vendent 20 à 50 % plus cher que les Touraine blancs, soit autour de 8 €/col en grande distribution, 10 à 12 €/col au domaine ou chez les cavistes. Porter le nom d’un des plus célèbres châteaux de la Loire est aussi un atout incontestable, conforté par les événements organisés par le syndicat au fil d’un partenariat solide avec la direction du monument Renaissance, comme la soirée « Dégustation sous les étoiles » à Chenonceaux chaque été.
Fédérant aujourd’hui plus de 50 producteurs, le syndicat Touraine Chenonceaux veut encore améliorer son système de dégustation qualitative. « Nous avons revu régulièrement notre cahier des charges pour être encore plus qualitatifs. Nous avons aussi voté en 2023 l’arrêt total du désherbage chimique, le dossier est à l’Inao. La marche pour l’AOC n’est pas si haute », explique Aurélie Mançois, vigneronne à Saint-Georges et membre du CA du syndicat Touraine Chenonceaux.
Sans « tourner le dos à l’AOC Touraine, qui a gagné en qualité depuis 2011 », Aurélie Mançois et les autres administrateurs du syndicat vont désormais travailler à la candidature pour l’appellation Chenonceaux. « Nous avons montré que nos vins sont de qualité et qu’ils ont une notoriété. Du côté de l’Inao, le contexte est favorable », souligne la vigneronne. Alors que l’Inao est présidé par le ligérien Philippe Brisebarre, vigneron à Vouvray, le Crinao Val de Loire a actuellement à sa tête Thierry Michaud, l’un des pères fondateurs de Touraine Chenonceaux.