C'est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble » écrivait Michel Montaigne. « Deux réseaux bancaires ont répondu à l’appel à candidatures pour le déploiement d’un dispositif de prêts bonifiés afin de permettre aux viticulteurs et coopératives viticoles d’étaler leur Prêt Garanti par l’État (PGE) à un taux bonifié de 2,5% » annonce ce 20 mars le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, sur Twitter, Mais si les groupes Banque Populaire Caisse d’Épargne (BPCE) et Crédit Agricole ont confirmé à Vitisphere avoir répondu positivement à l’appel à manifestation d’intérêt ministériel,
il semble que la bonne volonté des caisses nationales ne se retrouve pas en région où des vignerons rapportent des fins de non-recevoir de la part de leurs conseillers en agence. Si le Crédit Agricole n’a pas donné suite à date de publication, Banque Populaire précise à Vitisphere être dans l’attente des « modalités de mise en Å“uvre de l’Etat » du transfert de PGE en prêts bonifiés, notamment sur « les conventions officielles et CERFA pour les Autorisations de Financement et pour les confirmations de versement. Donc à ce jour aucun dossier n’a malheureusement pu être mis en place. » Contacté, le ministère de l’Agriculture n’a pas donné suite à date de publication.


Mais pour Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France demandant cet outil depuis des mois, le problème vient aussi des banques. S’appuyant sur les remontées de plusieurs fédérations de caves particulières, Jean-Marie Fabre rapporte que des vignerons ont reçu de « mauvais messages de conseillers qui n’ont pas les infos ou font semblant de ne pas les avoir ». Deux messages sont ainsi remontés aux Vignerons Indépendant : d’une part l’avertissement que si un PGE était transformé en prêt bonifié le domaine serait interdit bancaire par surendettement, d’autre part la menace qu’avec un PGE étalé en prêt bonifié il n’y aurait plus de possibilité d’emprunt avant la fin de son remboursement. Deux messages anxiogènes qui montrent « la volonté de certains conseillers en agence locale d’aller contre la transformation du PGE en prêt bonifié » regrette Jean-Marie Fabre, pour qui cette transformation n’a pas d’impact sur la dette des vignobles : « elle reste même, mais la solvabilité de l’entreprise est améliorée en libérant de la trésorerie pour faire face aux enjeux quotidiens. La capacité d’emprunts dépend des capacités de chaque entreprise, sans être affectée par cet étalement. Il est urgent de rétablir la vérité et de ne pas semer le trouble en faisant peur. »
Appelant les banques à être partenaire dans le déploiement du dispositif, Jean-Marie Fabre conseille de « ne pas jouer à qui perd gagne, ce sera à qui perd perd. Cela fait un an que l’on évoque le sujet et que le besoin devient urgent avec des signaux de plus en plus rouges. La prudence bancaire face aux demandes de tous les vignobles ne peut être de mettre ceinture, bretelle et parachute… » Ou de faire peur « en agitant un chiffon rouge d’informations erronées et fallacieuses pour ne pas aller plus loin dans l’accompagnement de ceux en difficulté » poursuit le président des Vignerons Indépendants.